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Armes de construction massive Khalil CHÉHADÉ

La guerre de l’été 2006 s’est terminée il y a un an. Elle s’était soldée, de l’avis du monde entier, par une victoire des Libanais, aussi bien les combattants du Hezbollah que le gouvernement de Fouad Siniora. Le Liban, détruit, retrouvait une paix relative. Les Libanais se préparaient ainsi à leur énième reconstruction. Oui, mais les dirigeants déçurent, encore, toujours. Et depuis, c’est le monde à l’envers. Le gouvernement israélien, dont la popularité était au plus bas et qui, semblait-il à l’époque, vivait ses derniers instants, est resté en place. Par contre, le gouvernement libanais – dont la réussite au niveau diplomatique ne s’était jamais autant manifestée depuis la résolution 425 du Conseil de sécurité, grâce au gouvernement de l’époque et principalement son représentant Ghassan Tuéni – a vu six de ses ministres démissionner. Comme si les dirigeants libanais n’aimaient pas la victoire ou ne savaient pas la célébrer. Comme s’ils n’aimaient pas gagner ensemble et comme s’ils ne s’étaient pas rendu compte que quand ils étaient unis, tout devenait possible. Pendant la guerre, le Hezbollah n’aurait pas tenu sans le gouvernement, et le gouvernement n’aurait pas tenu sans le Hezbollah. Imaginez donc le gouvernement libanais réclamant la résolution 1701 et imposant son point de vue légitime au monde entier alors que les chars israéliens se promènent dans Beyrouth et dictent leurs lois… Imaginez l’inverse aussi. Que le Hezbollah résiste pendant un an face à Israël sans faiblir. Et surtout que l’économie libanaise tienne le coup pendant toute une année. Sans le vouloir, sans le savoir, les deux frères ennemis d’aujourd’hui – majorité et opposition –, en restant unis juste pendant un mois, ont fait des miracles. Imaginez ce qu’il en serait s’ils travaillaient toujours unis… Un an est donc passé depuis cette déplorable guerre. Un an pendant lequel les deux parties se sont disputé le pouvoir exécutif, avec un ministre de plus ou de moins, au lieu de préparer un dossier pour porter plainte contre Israël devant le tribunal pénal international pour ses crimes de guerre au Liban-Sud (Cana, le 30 juillet 2006, pour ne citer que ce crime). Un an où les deux parties se sont disputées et accusées au lieu de reconstruire. Et comme ces deux parties se sont disputées de façon acharnée pour un gouvernement d’union qui serait resté au pouvoir au plus dix mois (novembre 2006-septembre 2007), il est fort probable qu’il en soit de même pour un président de la République qui gouvernera six ans. Alors, juste avant ce match chaud entre la majorité et l’opposition, je rappelle à l’adresse de nos politiciens les règles du jeu. Une règle d’or: un président de la République doit être impérativement élu ! Un vide constitutionnel serait une catastrophe pour le pays, pour la République et pour les Libanais. Il porterait un sérieux coup à la confiance, certes faible, que les Libanais ont encore en leur pays et pousserait un nombre plus grand d’entre eux à l’exode. Ces jeunes étudiants qui quittent le Liban le cœur déchiré pour tenter de trouver du travail sont les véritables « armes de construction massive ». Sans eux, rien ne sera possible. Ils réussissent si bien à l’étranger qu’il y a de quoi regretter qu’ils ne soient pas capables, à cause de l’interminable instabilité au Liban, de mobiliser tout leur potentiel et toutes leurs énergies dans leur propre pays pour l’aider à se reconstruire. Cette élection présidentielle ressemble beaucoup à la dernière chance pour un pays qui a connu des bouleversements considérables ces trois années. Encore faut-il que nos hommes politiques en comprennent l’importance. Article paru le mardi 21 août 2007
La guerre de l’été 2006 s’est terminée il y a un an. Elle s’était soldée, de l’avis du monde entier, par une victoire des Libanais, aussi bien les combattants du Hezbollah que le gouvernement de Fouad Siniora. Le Liban, détruit, retrouvait une paix relative. Les Libanais se préparaient ainsi à leur énième reconstruction.
Oui, mais les dirigeants déçurent, encore,...