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Actualités - CHRONOLOGIE

PORTRAIT D’ARTISTE - Les cocktails explosifs de Rebecca Carrington « Jamais sans mon violoncelle ! »

Un nom qui n’a rien à voir avec les personnages de la série culte Dynasty qui a fait florès sur petit écran aux alentours des années 1980. Rebecca Carrington n’est ni la sculpturale et candide Cristelle ni la juteuse et intrigante Joan Collins. Et puis il y eut le Jamais le dimanche de Melina Mercouri, le Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody et aujourd’hui, pour un peu plus de piquant et d’originalité, il y a le Jamais sans mon violoncelle de Rebecca Carrington ! Oui, on peut expliquer ce que parler veut dire devant les prestations et les prouesses d’une violoncelliste hors pair qui s’est éloignée, certes bien courageusement, sans états d’âme et un peu en tâtonnant, des trémolos qui ouvrent les portes du paradis de Bach, des chromatismes comme des chutes de Niagara de Beethoven et des stridences habitées de toutes les furies de Bartók. Rebecca Carrington, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est une interprète surdouée que tout prédestinait aux ardues et édifiantes performances de musique classique. Mais c’était sans compter l’imprévu des petites graines de folies qui peuvent vous jeter loin des rivages sagement tracés. Pleins feux donc sur un parcours qui sort, avec beaucoup d’aplomb, du rang et une personnalité polymorphe attachante, aux talents multiples et surprenants. De la rigueur des orchestres philharmoniques aux délurés et fantaisistes spots des cabarets internationaux et des « one-woman-show » qui font de déroutants « sold out », voilà un chemin aussi bien intéressant qu’inédit. Tout commence pour Rebecca dès l’âge de six ans lorsque la musique, à travers gamme et solfège, est bien plus qu’une vocation en famille. Si le père de Rebecca Carrington est une référence pour le chant choral, la grand-mère, violoncelliste de race, se produit au Wigmore Hall. C’est cette dernière d’ailleurs qui va léguer « Joe », le violoncelle âgé de 226 ans, à sa petite fille... Et commence alors une belle histoire d’amour faite surtout de complicité, d’humour, d’inattendu, d’invention. Et de séduction aussi ! Devant l’infinie possibilité et ressource des sons. Formation classique et dons comiques de scène Tout d’abord étude (avec bourse, s’il vous plaît, car cette enfant, à l’âge même où Mozart transcrivait tout ce qu’il écoutait, est littéralement remarquable !) au Royal Northern College. Puis, après des années de formation supérieure, maîtrise en musicologie de l’Université de Houston. Elle joue, comme il se doit, avec de grands orchestres, tel le Philharmonique de Londres, mais a quand même déjà de petites virées du côté des variétés, du show-biz et du jazz… C’est ainsi qu’on la voit auprès d’Arletta Franklin, Paul MacCartney, Randy Newman. En termes de métier, c’est ce qui s’appelle faire ses armes. Et sans crier gare, un jour ses amis à New York lui affirment qu’elle est drôle et le classique c’est bon, mais elle peut faire mieux : c’est-à-dire amuser tout en divertissant et en usant de son savoir-faire technique. Elle doute un moment puis, tête baissée, elle et son inséparable « Joe » se jettent dans l’eau et la mêlée, c’est-à-dire dans les spectacles où rire et faire de la musique vont de pair. Cette piquante brunette trentenaire, cheveux noirs, regard pétillant, mimiques ahurissantes, défiant toute catégorisation avec son allure et silhouette très « classy », se forge un style. Mais aussi une « voix » entre imitation, pastiche à l’emporte-pièce, mimes gestuels et sonores, et un humour mordant très british, à la fois tendre et corrosif. Et voilà que la chanson de Paul Simon (50 façons de quitter votre amant) devient un spectacle intitulé (très pince-sans-rire) My Way to Play with your Lover. Et c’est le tabac tout comme à Édimbourg, où les deux joyeux compères et lurons (comprendre elle et Joe) font un vrai malheur sur scène ! Multilingue (allemand, français, italien, anglais), comédienne, mime, violoncelliste, Rebecca Carrington passe au tamis de son talent ravageur des figures de proue à pointures de superstar. Ainsi de Britney Spears à Madonna, en passant par Pavarotti, Mozart ou Beethoven, le monde de Hollywood ou de Bollywood, tout est objet à passer, en toute délicieuse et hilarante impertinence, sous son archet fureteur et « caricaturisant » (qu’on nous passe le barbarisme). Avec les sons les plus bizarres pour un violoncelle qui, sous ses doigts, se transforme en cithare, basse, ukulélé, cornemuse, guitare… Stand up Comedy, show d’une musicienne qui n’a pas voulu céder la part de comédienne qui la hante, musique pour un moment de détente tout en gardant à l’art toute sa valeur envoûtante ? Voilà les multiples facettes de Rebecca Carrington, qui vient de remporter pour 2007 le prix Panthéon récompensant les meilleurs artistes de cabaret au monde. Rien de péjoratif ou de réducteur dans ces shows pleins de vitalité et bourrés de cocktails musicaux savoureusement explosifs pour celle qu’on surnomme déjà le « Victor Borge » du XXIe siècle. Pour ses futurs projets, et ils sont nombreux, des shows à la BBC, le Festival de Canterbury et des villes comme Berlin, Paris, Vienne et Londres font la queue pour sa longue liste d’attente... Et pourquoi pas Beyrouth ? Une soirée pas comme les autres, entre violoncelle volubile et une interprète polyglotte qui a le secret de toutes les cordes qu’elle pince en toute certitude et efficacité. Une soirée sans nul doute délurée et amusante, certainement marrante par les temps qui courent. Un talent fou au service de la bonne humeur. Le violoncelle de Rebecca Carrington saura-t-il à nouveau faire rire aux éclats les enfants du pays du Cèdre et dispenser une bonne rasade d’oxygène ? Edgar DAVIDIAN

Un nom qui n’a rien à voir avec les personnages de la série culte Dynasty qui a fait florès sur petit écran aux alentours des années 1980. Rebecca Carrington n’est ni la sculpturale et candide Cristelle ni la juteuse et intrigante Joan Collins. Et puis il y eut le Jamais le dimanche de Melina Mercouri, le Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody et aujourd’hui, pour un peu...