BNP Paribas souffre à son tour
du problème de liquidités
le 10 août 2007 à 00h00
Après d’autres acteurs financiers, notamment l’assureur AXA, BNP Paribas a annoncé hier le gel de trois de ses fonds ayant investi dans le crédit immobilier américain à risque, confirmant l’inquiétude face à la crise de ce secteur et provoquant un nouveau repli boursier.
Le groupe bancaire français a gelé mardi trois fonds d’investissement ABS (Asset Backed Securities) jusqu’à nouvel ordre. Les ABS sont des titres adossés à des portefeuilles de créances, notamment des crédits immobiliers hypothécaires.
La valeur estimée de l’encours de ces fonds, dont les clients sont des investisseurs institutionnels, est passée, entre le 27 juillet et le 7 août, de deux milliards d’euros environ à 1,6 milliard. Une différence due en partie à des sorties d’investisseurs, que le gel bloque désormais.
Le gel des fonds intervient principalement du fait d’un problème de liquidité qui rend quasiment impossible la cession des actifs figurant dans le portefeuille des fonds. BNP Paribas évoque ainsi « la disparition de toute transaction sur certains segments du marché de la titrisation ».
L’annonce de la banque française intervient après celles de l’assureur AXA, de la banque privée française Oddo, du fonds des banques mutualistes allemandes, Union Investment, de la société d’investissement allemande Frankfurt Trust, ou encore de la banque publique allemande WestLB.
Oddo mis à part, tous les fonds concernés ne sont que gelés et non fermés, ce qui signifie que leur existence n’est pas en péril dans l’immédiat.
« Ils ne seront pas les seuls à avoir ce problème », estime Pierre Flabbée, analyste chez Kepler Equities, au sujet de BNP Paribas. « Tant qu’on est dans cette situation-là, je ne vois pas par quel miracle les concurrents en seraient totalement exempts », ajoute-t-il.
Le gel des fonds n’est pas de nature à affecter directement les résultats des acteurs de la gestion d’actifs, les pertes éventuelles concernant davantage les investisseurs qui sont entrés dans ces fonds. Dans le cas d’AXA, la baisse de valeur estimée pour les deux fonds concernés se monte à 200 millions d’euros.
« Mais cela peut créer un problème de réputation de nature à affecter la croissance de la banque dans ces métiers », explique Millan Gudka, analyste chez Dresdner Kleinwort.
Des investisseurs peuvent ainsi se détourner d’une banque, jugeant que la gestion d’actifs n’y est pas suffisamment performante. « La question est de savoir comment BNP Paribas gère son risque de réputation par rapport à ces difficultés-là », indique M. Flabbée.
Le fait que le directeur général du groupe français, Baudouin Prot, ait assuré, lors de la présentation des résultats trimestriels le 1er août, que la liquidité des trois fonds était « totalement assurée » témoigne de l’évolution très rapide des conditions de marché.
« Il est possible que ce qui était vrai la semaine dernière ne le soit plus aujourd’hui », avance M. Flabbée. « C’est un rappel à l’ordre des marchés », ajoute-t-il.
Dans un contexte d’extrême nervosité des marchés, le revirement de BNP Paribas a suffi à plomber la plupart des valeurs financières, les bancaires en tête, qui ont chuté hier en Bourse.
Dans le vert durant la majeure partie de la séance, la Bourse de Hong Kong a terminé en baisse de 0,43 % hier, entraînée, selon des courtiers, par l’annonce de BNP Paribas, intervenue quelques minutes avant la clôture.
« Vu l’état actuel du marché, vous n’avez qu’à dire le mot “Subprime” pour que tout le monde commence à paniquer », explique M. Gudka.
Après d’autres acteurs financiers, notamment l’assureur AXA, BNP Paribas a annoncé hier le gel de trois de ses fonds ayant investi dans le crédit immobilier américain à risque, confirmant l’inquiétude face à la crise de ce secteur et provoquant un nouveau repli boursier.
Le groupe bancaire français a gelé mardi trois fonds d’investissement ABS (Asset Backed Securities)...
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