Rechercher
Rechercher

Actualités

7e ART - « Sikar Banet » dans toutes les salles du circuit Empire à partir du 9 août Le Beyrouth caramélisé de Nadine Labaki Colette KHALAF

Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, le film « Caramel » (Sikar Banet) de la réalisatrice Nadine Labaki retourne au pays natal pour une sortie le 9 août (bien que retardée à cause des circonstances actuelles) dans toutes les salles du circuit Empire. Une œuvre chaude et sensuelle (en langue arabe) qui a, pour reprendre les mots de la grande Arletty, une « gueule d’Atmosphère ». C’est une ovation debout d’une quinzaine de minutes au Festival de Cannes et une distribution dans plus d’une quarantaine de pays, ainsi qu’une sortie dans 250 salles françaises (à partir du 15 août) qui ont récompensé le film libanais Caramel. Une consécration inattendue pour Nadine Labaki, actrice et réalisatrice qui signait là son premier long-métrage. Bouillonnant et aigre-doux comme cette pâte lisse et dorée employée par les femmes orientales pour se faire belle, Sikar Banet évoque également, par l’inversion des lettres, ces petits cristaux de sucre (qu’on retrouve uniquement en Orient) translucides et suaves qui fondent dans la bouche. Par leurs formes inégales, ils sont à l’image de l’éventail coloré des femmes libanaises luttant depuis la nuit des temps « orientaux » pour accéder à un certain équilibre et être bien dans leur peau. « L’image de la femme libanaise m’a toujours fascinée, avoue Nadine Labaki. C’est parce qu’elle ne parvient pas à trouver son équilibre ou qu’elle craint le regard des autres qu’elle tombe souvent dans les excès. Les contradictions qui l’animent et les mille questionnements qu’elle affronte et qui sont un véritable obstacle à son épanouissement m’intriguaient. Moi-même, qui me considère comme une femme libérée, me trouve souvent confrontée au lourd poids de notre double culture. C’est à partir de cette idée maîtresse que j’ai voulu construire ma première œuvre. Une sorte d’hommage à la femme libanaise. » Quoi de mieux alors que le cadre d’un institut de beauté, où la femme se love dans son siège et se livre aux mains travailleuses qui vont prendre soin d’elle, pour dépeindre cette recherche d’identité ? « Un lieu de confiance mais également d’espoir, poursuit Labaki, d’où l’on sort transformé mais aussi allégé pour avoir confié aux autres ses petites faiblesses de corps et de cœur.» « Est-ce que j’ai une gueule d’Atmosphère ? » Caramel peut sembler un film de femmes pour les femmes, mais c’est surtout et avant tout un film d’atmosphère. Par l’entrebâillement des portes, par les fenêtres ouvertes ou closes que filme la jeune réalisatrice, sur fond de lumière caramélisée et de musique signée Khaled Mouzannar, l’ambiance d’un Beyrouth cosmopolite et oriental, coloré et kitsch, chaleureux et troublant y est reproduite. Le spectateur devient soudain voyeur et acteur. « J’ai voulu un film réaliste, dit Nadine Labaki, non une fiction, où l’on sent à la fois qu’on épie la vie des autres et qu’on la vit. » C’est pour cette raison que le casting, qui a nécessité un an à lui seul, a été très précis. Ces cinq interprètes sont assez représentatives des femmes libanaises (toutes cultures et religions confondues) et, à travers elles, on peut percevoir, même en filigrane, les caractères des hommes qui interviennent dans leurs vies. « Ce n’est pas un travail de sociologue que j’ai voulu réaliser, souligne Labaki, mais bien une peinture réaliste. » Et de poursuivre : « J’avais une idée bien précise en écrivant mon scénario, tant dans la gestuelle des acteurs que dans le dialogue, et mes coscénaristes, Jihad Hojeily et Rodney al-Haddad, m’ont suivie dans mes élucubrations, confrontant avec moi les différentes idées tout en leur ajoutant leurs propres sensibilités. » Un scénario qui avait vu le jour il y a quelques années, à la suite de la rencontre de la réalisatrice avec la productrice Dominique-Anne Toussaint lors du Festival du film libanais en 2003. « C’est elle qui a été le principal moteur du film, affirme Labaki. Depuis ce jour où je lui ai fait part de mon projet et de ma vision d’une œuvre, elle n’a cessé de m’inciter à écrire un scénario. Elle m’a d’abord proposé d’envoyer un premier traitement à la résidence de Cannes, qui a été retenu un mois plus tard. Puis de retour au Liban, Toussaint s’est empressée de débrouiller les fonds et c’est avec le soutien du ministère de la Culture au Liban et le support de la Cinéfondation et des distributeurs Sabbah Media Corporation que la formidable aventure de Caramel pouvait commencer. » Une aventure encore inachevée, qui ne manquera pas d’envoûter le public par ses arômes au goût de tendresse et de suranné.
Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, le film « Caramel » (Sikar Banet) de la réalisatrice Nadine Labaki retourne au pays natal pour une sortie le 9 août (bien que retardée à cause des circonstances actuelles) dans toutes les salles du circuit Empire. Une œuvre chaude et sensuelle (en langue arabe) qui a, pour reprendre les mots de la grande Arletty, une...