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Une monumentale imposture Michèle E. HALABI

En tant que citoyenne libanaise j’ai suivi, pas à pas, l’épopée du général Aoun. Le héros qu’il était pour moi en 1988 est irrémédiablement tombé de son piédestal en 2007. Son manque de vision politique a fait subir au Liban deux guerres : – La guerre de libération Qui peut oublier les bombardements aveugles sur Beyrouth-Ouest, certes sur les forces syriennes, mais surtout sur les citoyens innocents… – La guerre contre les FL Habitante d’Achrafieh, je ne comprenais pas pourquoi « mon héros » me pilonnait sans répit, tout en me promettant des jours meilleurs. Qui allait compenser toutes ces destructions, sans parler de tous ces morts ? Que de contradictions mon général. Vous formez un gouvernement dont, bien entendu, vous prenez la tête. Ce gouvernement ne comprend ni sunnites, ni chiites, ni druzes, car ils s’en retirent. Malgré cette entorse à la légalité, vous monopolisez le pouvoir et gouvernez avec deux ministres chrétiens : un grec-orthodoxe et un autre grec-catholique. Ce gouvernement était-il légal, d’après vous ? Quel aplomb, général, que de dire que le gouvernement de M. Siniora est illégal quand il a été formé par décret présidentiel, après les consultations de rigueur et qu’il a acquis le vote de confiance du Parlement. Les accords de Taëf : Le général Michel Aoun était contre les accords de Taëf, bien que le but de ces accords était de mettre terme à une guerre fratricide qui coûta au Liban 200 000 morts. Il refuse au président Moawad, ensuite au président Hraoui la passation des pouvoirs. Il cumule les pouvoirs de l’Exécutif et les charges de général en chef de l’armée. Tant et si bien qu’il scinde l’armée en deux : l’une sous son commandement et l’autre sous le commandement du général Lahoud. Son monopole du pouvoir est lourd de conséquences : ayant refusé d’adhérer à Taëf, le Liban se voit privé de plus de 2 milliards de dollars en aide pour la reconstruction. À noter qu’à cette époque, le pays n’avait encore aucune dette. Le choix entre les milices et la légalité : La majorité des citoyens optent pour la légalité, quand le général leur donne le choix entre celle-ci et les milices. Toutes sortes de dons en espèces sont envoyés au mouvement de libération du général. Ces dons sont acceptés, sans pour autant être officialisés par un quelconque organisme de ce gouvernement « transitoire ». Aujourd’hui, le général parle d’organismes d’État, de cour des comptes, de corruption, d’audit… N’aurait-il pas fallu qu’il fasse appel à eux aussi à ce moment-là, afin que nous sachions et de juste droit à quoi nos dons servaient ? Le 13 octobre 1990 : Le matin de ce 13 octobre, le général quitte en catastrophe Baabda et se réfugie durant 10 mois à l’ambassade de France, à Mar Takla, pour repartir ensuite, une fois les arrangements faits, en exil en France. Le résultat est catastrophique : des dizaines de militaires tués au combat ou assassinés, des dizaines faits prisonniers, le ministère de la Défense ainsi que le palais de Baabda sont occupés. Sans oublier l’affront impardonnable fait par ses partisans à Bkerké et au patriarche Sfeir… Tout ceci n’est-il pas « la marginalisation des chrétiens », marginalisation dont il accuse allègrement les autres ? Pourquoi « imposture » ? Après s’être vanté d’être l’artisan du Syria Accountabilty Act et le parrain de la 1559, après avoir été contre la prorogation du mandat du président Lahoud, il retourne subitement sa veste : en se rebellant contre le gouvernement et le pouvoir exécutif, allant jusqu’à prédire à M. Siniora « qu’il n’aurait même pas le temps de ranger ses clics et ses clacs »… Quelques jours plus tard, le Sérail est encerclé, le centre-ville occupé, les routes menant au Sérail fermées, sans oublier la « grève forcée » avec moult pneus brûlés et routes coupées. Je ferai là une parenthèse : n’était-ce la sagesse du général Michel Sleimane, la paix civile aurait sauté. Pour clore, je vous rappellerai que vous aviez dit que vous ne participeriez pas aux partielles du Metn, ne reconnaissant pas les décrets signés par M. Siniora. Subitement, vous vous lancez dans la bataille la qualifiant presque de bataille présidentielle ou en tout cas de déterminante pour les présidentielles… L’attrait du pouvoir aveugle quelquefois. La rage de gouverner peut nous faire perdre la tête. Un homme d’État est un homme qui sait tirer les leçons de ses expériences passées… C’est en tout cas un homme calme, qui pèse chacun de ses mots et respecte « l’autre » dans sa différence, même s’il n’est pas d’accord avec lui. C’est aussi et surtout un homme qui tient un discours politique et non pas un langage de charretier. Que Dieu vienne en aide au Liban et aux Libanais. Article paru le Vendredi 03 Août 2007
En tant que citoyenne libanaise j’ai suivi, pas à pas, l’épopée du général Aoun.
Le héros qu’il était pour moi en 1988 est irrémédiablement tombé de son piédestal en 2007.
Son manque de vision politique a fait subir au Liban deux guerres :
– La guerre de libération
Qui peut oublier les bombardements aveugles sur Beyrouth-Ouest, certes sur les forces syriennes,...