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Japon - La presse réclame le départ du Premier ministre ou des élections générales anticipées Abe s’accroche au pouvoir, mais promet un remaniement ministériel avant septembre

Responsable de la débâcle historique de son camp, le Premier ministre conservateur japonais Shinzo Abe, sous pression, a de nouveau exclu hier de démissionner, mais s’est engagé à remanier prochainement son impopulaire gouvernement. La coalition gouvernementale a perdu près de la moitié des sièges en jeu ainsi que le contrôle du Sénat, soit l’un des pires résultats de l’histoire de la droite japonaise, selon les résultats officiels publiés hier. C’est la première fois depuis sa création en 1955 que l’omnipotent Parti libéral-démocrate (PLD, droite) de M. Abe n’est pas la plus grosse formation dans l’une des deux Chambres du Parlement. « C’est un mauvais résultat. Nous acceptons le jugement populaire avec sérieux et sincérité », a déclaré M. Abe lors de sa première conférence de presse depuis le résultat des élections sénatoriales de dimanche. « Toutefois, il est de ma responsabilité de continuer ma mission de bâtir une nouvelle nation et d’œuvrer aux réformes », a insisté M. Abe. Rien ne l’oblige en effet à partir puisque le PLD jouit jusqu’en 2009 d’une majorité écrasante à la Chambre des députés, qui élit le Premier ministre et a le dernier mot en matière législative. M. Abe a cependant promis de procéder « en temps voulu » – d’ici à début septembre – à un remaniement du cabinet, éclaboussé par une série interminable de bévues et de scandales depuis son entrée en fonction il y a dix mois. « Il est de mon devoir de nommer les membres du gouvernement. Les électeurs ont réclamé un remaniement », a-t-il reconnu, en promettant de « faire en sorte que les postes appropriés aillent à des titulaires qualifiés ». En dix mois, deux de ses ministres ont dû se démettre à la suite de gaffes ou de malversations et un troisième, mouillé dans des affaires de corruption, s’est suicidé. En outre, le ministre de l’Agriculture, Norihiko Akagi, est accusé d’avoir falsifié des factures dans le cadre de ses activités politiques. Le Premier ministre, qui avait pris la défense mordicus des ministres incriminés, a affirmé qu’il durcirait la réglementation sur l’argent et la politique. Mais les mea-culpa répétés de M. Abe n’ont pas convaincu les éditorialistes de la puissante presse locale qui réclamait hier, soit le départ du Premier ministre, soit des élections générales anticipées. « Considérant cette défaite historique, la réponse des électeurs est claire. Le gouvernement n’a pas réussi son test de crédibilité. Le verdict est des plus sévères et mérite la démission du Premier ministre Abe », a jugé l’influent quotidien de gauche Asahi. « La responsabilité du Premier ministre est évidente. Son maintien au pouvoir ne reflète pas la volonté du peuple », a renchéri le Mainichi Shimbun. « Maintenant que le Premier ministre a décidé de rester en place, il doit dissoudre la Chambre des députés rapidement et en appeler au verdict populaire », a plaidé le Mainichi. Mais M. Abe a déjà écarté toute dissolution de la Chambre basse et des législatives anticipées au risque de provoquer une crise politique. Arrivé au pouvoir en proposant de tourner la page de l’après-guerre et de bâtir une « nouvelle nation », le premier chef de gouvernement nippon né après 1945 ambitionne de poursuivre la révision de la Constitution pacifiste de 1947 et la refonte du système éducatif, ses deux chevaux de bataille. En ce qui concerne la réforme constitutionnelle, controversée, M. Abe a mis hier un peu d’eau dans son vin en se disant ouvert à un « grand débat national » dans les prochaines années. Mais nombre d’analystes attribuent le désaveu infligé à M. Abe à son ignorance des soucis quotidiens des Japonais, comme l’emploi, le bien-être économique ou le vieillissement rapide de l’Archipel. « Le peuple a dit “non” au programme d’Abe qui est centré sur l’idéologie plutôt que sur la vie de tous les jours », a souligné le Mainichi.
Responsable de la débâcle historique de son camp, le Premier ministre conservateur japonais Shinzo Abe, sous pression, a de nouveau exclu hier de démissionner, mais s’est engagé à remanier prochainement son impopulaire gouvernement.


La coalition gouvernementale a perdu près de la moitié des sièges en jeu ainsi que le contrôle du Sénat, soit l’un des pires résultats...