Gemayel : Aoun, un « amateur de guerres d’élimination »

L’ancien président de la République et candidat à la législative partielle du Metn, Amine Gemayel, s’est déchaîné hier contre le chef du CPL, le général Michel Aoun, l’accusant d’être un « amateur de guerres d’élimination » et de ne vouloir laisser « aucune pierre debout dans les régions chrétiennes ». Tout en se disant prêt à un accord en vue de l’élection partielle du Metn, il a assuré qu’il mènera la bataille « avec foi » et s’est dit « certain de la victoire ». Interrogé par la presse sur des propos tenus la veille par le général Aoun, qui avait affirmé que la fraction chrétienne du 14 Mars n’était qu’un « voile dissimulant ceux qui agissent pour marginaliser les chrétiens » et appelé à ne « plus exploiter commercialement le sang des martyrs », M. Gemayel a répondu : « Cela est malheureux. Je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie. Je regrette que le général Aoun le fasse lui-même. Que Dieu lui pardonne. » « Je regrette de devoir dire que le général Aoun est un amateur de guerres d’élimination et d’aventures de ce genre sur la scène chrétienne. Nous savons très bien combien sa guerre d’élimination nous avait coûté cher. On dirait qu’il y a aujourd’hui une nouvelle guerre dont nous ne connaissons pas les motivations », a-t-il ajouté. « Le général Aoun ne veut pas qu’il reste une seule famille politique. Il ne veut pas qu’une seule pierre reste debout dans les régions chrétiennes », a-t-il accusé. « Comme le souhaite le patriarche (Sfeir), notre main reste tendue et notre cœur ouvert. Nous sommes prêts au dialogue et à toute solution renforçant l’entente interchrétienne. J’espère que cette partielle sera le prélude à une entente », a poursuivi M. Gemayel, avant d’ajouter : « Mais cette bataille nous a été imposée. J’aurais mille fois préféré que mon Pierre (Gemayel) soit avec nous. La bataille est là et nous la mènerons avec foi. Je suis certain de la victoire. Nos jeunes sont mobilisés. La “machine” électorale a commencé son travail avec énergie et efficacité, et je suis ému par le rassemblement populaire des fils du Metn autour de ma candidature. » Avec Mgr Matar Les efforts de médiation entrepris par Bkerké afin d’éviter une rude bataille électorale aux élections du Metn ont été au centre des discussions hier entre Amine Gemayel et les évêques Boulos Matar et Samir Mazloum. À l’issue de la réunion, interrogé sur son impression, Mgr Matar a souligné que « le président Gemayel est ouvert à toutes les possibilités et a lui-même déclaré que sa main reste tendue à tout le monde, ce qui nous a réjouis ». Et d’ajouter : « Il a également déclaré qu’il est prêt à toute solution proposée par le patriarche, et nous l’en remercions. Nous allons transmettre ce message au patriarche et nous espérons que les efforts aboutiront, afin que les élections n’aient pas lieu dans cette atmosphère. Au Liban, nous nous targuons d’avoir un système démocratique, or la démocratie obéit à certaines règles, notamment l’acceptation de l’autre. » Interrogé sur ses impressions après sa réunion, la veille, avec le député Michel Aoun, qui a présenté son candidat au Metn, Mgr Matar a indiqué avoir discuté avec lui « de l’intérêt national qui prime sur les affaires personnelles, ce à quoi le général Aoun a répondu qu’il a dépassé les intérêts personnels, mais que ce sont les principes qui lui importent ». « Quels que soient les principes, nous demeurons tous pour la patrie et pour l’unité des rangs, et il ne nous servira à rien de gagner le monde si nous nous égarons en chemin », a-t-il poursuivi. Il a par ailleurs assuré que la présence de Michel Aoun en Allemagne ne sera pas un obstacle à la médiation. M. Gemayel a également reçu l’évêque d’Antélias, Mgr Youssef Béchara.