Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Vivre pour ne pas mourir !

Beyrouth ne cesse de pleurer ses martyrs. Ici, l’homme médite au milieu du gazouillement des oiseaux et sous le ciel brillant de la Méditerranée, mais côtoie aussi à tout instant le danger qui ravage les esprits, tue la société et punit toute une nation déchirée. Punition d’un crime que l’histoire même ne comprend pas, malédiction d’un peuple qui ne cesse de ressusciter. Le Liban est en mal de liberté ; il souffre, il agonise comme un homme assoiffé dans un désert brûlant. Ici, les assassinats s’intègrent dangereusement dans la vie quotidienne d’une population qui a peur, qui résiste en osant vivre, vivre pour vaincre la peur, vivre pour revenir chez soi sain et sauf, vivre pour espérer, vivre enfin pour oublier qu’il est possible à tout instant de mourir sous les décombres. Ici, il n’y a plus de ligne de démarcation entre la réalité et le cauchemar, entre l’appréhension du pire et le pire lui-même, car, à présent, ils ne font plus qu’un. Aujourd’hui, un martyr s’ajoute à la liste, chose devenue banale, alors que tous les pays arabes et occidentaux ne cessent de nous prévenir du danger d’une guerre civile, ne cessent d’appeler au calme et au dialogue – des concepts apparemment étrangers à ces terroristes qui ne se lassent jamais. Beyrouth est noyée de sang et paye un prix bien lourd pour son intifada de l’indépendance. Et ce sang nous rend aveugles, aveugles à notre cause perdue, aveugles à notre présent décadent et à notre lendemain incertain, aveugles de reconsidérer nos frères dans la nation au lieu de les traiter de traîtres. Il y a aussi ce refus de comprendre que le consensus a toujours été la clef de toutes les crises politiques qui bloquent la vie institutionnelle libanaise. Les Libanais sont divisés, prisonniers d’une crise d’identité qui les porte à poser des questions : où allons-nous ? Quelle est la problématique majeure ? Est-ce réellement une question de souveraineté, est-ce réellement le tribunal qui risque lui aussi d’être enterré par les arrangements régionaux ? Est-ce vraiment une opposition rigide entre deux visions différentes du Liban ? Et si tel est le cas, pourquoi vouloir imposer une vision ? Pourquoi ne pas recréer une gouvernance, reflet d’une opposition et d’une majorité qui gouvernent ensemble ? Nous nous endormons et nous nous réveillons tous les jours sur de faux espoirs d’initiative de dialogue, qui finissent par n’être que de l’encre sur le papier des communiqués, qu’une goutte d’eau sur les lèvres d’un peuple assoiffé de stabilité, de paix, de développement et de prospérité. Aujourd’hui, tout le monde angoisse, tout le monde doute de l’avenir, et les salaires augmentent paradoxalement afin de contenir la fuite des compétences vers l’étranger ! Les Libanais sont anxieux. Ils savent, bien au-delà de la politique interne, qu’ils sont partie prenante d’une guerre régionale non déclarée. Et ce qui est encore plus certain, c’est qu’ils savent, ces pauvres Libanais, qu’ils porteront leur croix pour toujours, en attendant de voir l’espoir jaillir des initiatives de dialogue. Hikmat ABOU ZEID

Beyrouth ne cesse de pleurer ses martyrs. Ici, l’homme médite au milieu du gazouillement des oiseaux et sous le ciel brillant de la Méditerranée, mais côtoie aussi à tout instant le danger qui ravage les esprits, tue la société et punit toute une nation déchirée. Punition d’un crime que l’histoire même ne comprend pas, malédiction d’un peuple qui ne cesse de ressusciter. Le...