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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE Pour son DESS en publicité et illustration/BD à l’ALBA Les faits et méfaits de « L’Orient-Le Jour » inspirent Joëlle Achkar Carla HENOUD

C’est en s’inspirant de la rubrique faits divers de « L’Orient-Le Jour » que Joëlle Achkar a proposé 41 interprétations pour défendre son projet final en publicité, spécialisation illustration. En puisant dans des informations apparemment banales, mais rédigées sur un ton cynique, distant, drôle et au « second degré », elle a réussi, à son tour, à montrer la palette de son talent… Et un humour à la mesure des événements choisis et la manière fort subtile dont ils ont été – et sont encore – rédigés… « Un homme vend son bébé de 17 jours à 10 000 dollars », « Il tue sa fille qui fumait une cigarette en cachette », « Tuée par balle alors qu’elle cueillait des coquelicots », « Un conflit sur un héritage se termine par la mort violente des héritiers », « Proxénète de 99 ans et jeune prostituée de 14 ans », « Empoisonnée par son mari à trois reprises », « Quarante ans sans sortir de leur taudis »… Les titres sont nombreux qui ont noirci les lignes du quotidien francophone depuis sa création. La cruauté des faits rivalise avec des mots choisis qui ont toujours voulu privilégier l’information et sa dédramatisation. Les textes brefs qui font partie du quotidien et de notre quotidien dénoncent souvent des situations absurdes, des crimes odieux, des faits insolites. C’est sans doute ce qui a attiré la jeune Joëlle Achkar lorsque son choix s’est porté sur ce sujet. Des semaines de recherche « J’aime les faits divers, avoue-t-elle. Toutes ces histoires insolites que je lis dans le journal. Ces petites histoires qui sont, quelque part, loin du sordide, le “truc délicieux” dans un support brut et froid. C’est surtout la manière dont ils sont écrits, autant que le sujet, qui m’a attirée. Résumer une vie entière en quelques lignes est un exercice impressionnant et effrayant… » Et faire son choix, un exercice périlleux. Durant plusieurs semaines, l’étudiante s’enferme dans les archives de L’Orient-Le Jour et, assistée par les responsables du département, entame des recherches qui couvriront la période de 1995 à 2001. « La date n’était pas importante, mais plus l’histoire, que je voulais très locale. J’avais envie de tout illustrer... » Elle en sélectionnera 41, dont le ton vacille entre poésie et cruauté, humour et drame... Illustrations diversifiées « Chacune de ces histoires m’a dérangée, touchée, amusée. Certains mots comme “flagrant délit”, “en tenue d’Ève” étaient très drôles. J’ai eu le sentiment d’un vrai travail de collaboration avec l’auteur que je ne connais pas ! Les mots m’ont à chaque fois suggéré des sentiments, des images et puis le traité s’est imposé. » Joëlle choisit d’user de tout son savoir-faire, collage, gouache, dessin à l’encre, aquarelle, trouvant à chaque fois le dessin et le média juste pour coller le mieux au texte. Les faits divers et leurs illustrations sont divisés en trois catégories. D’abord le tragi-comique. Faut-il pleurer ou rire lorsqu’on lit qu’un jeune homme de 16 ans vient d’être traduit devant le juge d’instruction pour le viol de sa belle-mère ? « J’ai travaillé sur le fil du rasoir. » Puis, dans un deuxième genre, ce sont les faits divers touchants qui sont illustrés d’une manière poétique, souvent à l’aquarelle. Dans la troisième catégorie, l’étudiante a réuni les faits divers pas si divers, parce que plus violents, plus crus. Son traité est glauque, volontairement morbide, volontairement agressif. « Ils étaient tellement dérangeants que j’ai voulu à mon tour déranger le lecteur. » Enfin, ce sont les histoires insolites, amusantes et légères qui sont abordées sur un ton et dans un style également légers. Réunis dans un ouvrage qu’elle souhaiterait bientôt publier sous le titre Sekkar nabet & faits divers, avec, en couverture, une femme très libanaise dévorant à la fois les pages de L’Orient-Le Jour et notre « Sekkar nabet » local. « J’ai utilisé le format 24 x 30,5 pour mettre en valeur l’illustration. La typographie est simple, pour rappeler celle du journal. Les titres sont grands, les textes courts, sur une, deux, ou trois colonnes, comme d’usage dans ce quotidien. » Le résultat d’une année de travail et des années de faits divers relatés tous les matins dans L’Orient-Le Jour ont donné naissance à un ouvrage où les illustrations, passant du beau à l’agréable, au lugubre, révèlent une maîtrise parfaite des différentes techniques mises intelligemment au service d’une grande imagination et d’une aussi grande sensibilité. « Un fait divers, c’est l’histoire d’une vie en quelques lignes. C’est quelqu’un qui a vécu... Ma phobie, c’est d’être un jour renversée par un bus et de finir dans un fait divers ! » conclut Joëlle avec beaucoup d’humour.
C’est en s’inspirant de la rubrique faits divers de « L’Orient-Le Jour » que Joëlle Achkar a proposé 41 interprétations pour défendre son projet final en publicité, spécialisation illustration. En puisant dans des informations apparemment banales, mais rédigées sur un ton cynique, distant, drôle et au « second degré », elle a réussi, à son tour, à montrer la...