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Philippines - Le religieux avait été enlevé par le groupe Abu Sayyaf Marches forcées, riz et sel : le père Bossi raconte sa vie d’otage

Les marches forcées à travers la jungle, un régime alimentaire fait de riz, de sel et de poisson : le prêtre italien Giancarlo Bossi, libéré jeudi, se souvient des quelques six semaines passées aux mains de ses ravisseurs dans une île du sud des Philippines. « Je mémorisais leur visage en me disant : “Si j’en vois un dans les parages, je vais à la police et leur dis : c’est l’un de mes ravisseurs” », raconte le prêtre. Le 10 juin, onze hommes armés s’emparaient du prêtre missionnaire dans sa paroisse de Payao, située sur l’île méridionale de Mindanao où sévit depuis des décennies une rébellion musulmane séparatiste. Le prêtre de 57 ans était alors ballotté de caches en refuges, fuyant les militaires qui traquaient ses ravisseurs. « On changeait parfois de caches, marchant à travers les montagnes et les champs, mais on ne s’écartait jamais » (de la région), se souvient le religieux. On lui donnait du sel, du riz et du poisson salé, un régime qu’il supportait mal. « J’avais un problème avec la nourriture », avoue-t-il lors d’une conférence de presse organisée hier matin quelques heures après sa libération. Le prêtre a été remis jeudi à un politicien local de la région de Lanao, également sur Mindanao. Les marches et le régime rudimentaire ont eu largement raison de la santé du prêtre. « J’ai perdu beaucoup de poids », laisse-t-il tomber. Il n’est pas besoin qu’il le dise : son visage émacié, couvert d’une barbe fournie, domine un corps dont on a du mal à croire qu’il fut charpenté. « Mais c’est pas grave, je vais reprendre du poids », assure-t-il. Ses ravisseurs prenaient leurs ordres auprès d’une personne qui les contactait par téléphone portable, se souvient-il. « J’étais un moyen pour eux d’obtenir une rançon », déclare-t-il, évoquant la somme de 50 millions de pesos (1,11 million de dollars) destinée à préparer une opération dont il ne saura rien. La police philippine a assuré qu’aucun argent n’avait été versé. Le père Bossi dit quant à lui n’avoir été témoin d’aucune remise de rançon. L’Institut pontifical des missions étrangères (PIME), pour lequel exerce le prêtre, a accusé le groupe islamiste Abu Sayyaf d’avoir organisé l’enlèvement. Cette organisation, basée à Mindanao, s’est faite une spécialité des kidnappings avec rançon. Le groupe est accusé d’entretenir des liens avec le réseau el-Qaëda. La police philippine estime plutôt que les ravisseurs sont des membres dissidents du Front Moro islamique de libération (MILF), un mouvement séparatiste qui négocie actuellement la paix avec Manille et a démenti toute participation à la prise d’otage. Dorénavant libre, le père Bossi ne pense plus qu’à une chose : « Mon projet depuis le début (de l’enlèvement) était de retourner à Payao et de dire aux gens que je suis encore en vie », dit-il en essuyant ses larmes. « Mon cœur est resté à Payao. »

Les marches forcées à travers la jungle, un régime alimentaire fait de riz, de sel et de poisson : le prêtre italien Giancarlo Bossi, libéré jeudi, se souvient des quelques six semaines passées aux mains de ses ravisseurs dans une île du sud des Philippines.
« Je mémorisais leur visage en me disant : “Si j’en vois un dans les parages, je vais à la police et leur dis :...