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Actualités - CHRONOLOGIE

Avignon Un « Richard III » contemporain porté par l’acteur roi

En 1947, le Festival d’Avignon naissait avec Richard II. Soixante ans plus tard, Shakespeare est à l’affiche avec un Richard III réécrit par le Belge Peter Verhelst, mis en scène par Ludovic Lagarde, mais surtout porté par l’interprète du rôle-titre, Laurent Poitrenaux. C’est la première fois que Verhelst, 45 ans, qui gravite dans l’inventive galaxie flamande des arts du spectacle – il collabore régulièrement avec le chorégraphe Wim Vandekeybus et le régisseur Luk Perceval notamment –, est traduit et mis en scène en France. L’auteur a ramassé en 1h30 et très librement adapté le drame shakespearien de la fin du XVIe siècle, dont certains développements sont pris en charge par une voix off, au risque de quelques raccourcis abrupts. Ici la laideur de Richard, qui à l’origine assouvit sa soif de revanche contre une nature ingrate par la conquête du trône dans le sang, est davantage morale que physique. Sa violence est très verbale, et sa quête de pureté, son appel à l’avènement d’un « homme nouveau » prennent un tour contemporain et décalé quand on l’entend citer le fameux « Je fais un rêve » de Martin Luther King. Le spectacle de Ludovic Lagarde, 45 ans lui aussi, joue sur ce va-et-vient entre le temps de Shakespeare et celui de Verhelst, c’est-à-dire le nôtre et le sien. Très bien éclairée par Sébastien Michaud, la scénographie d’Antoine Vasseur repose sur une toile rouge qui donne avec le recul l’impression d’une tête de hibou menaçante et s’organise autour de deux arcs gothiques répondant parfaitement à l’architecture du lieu qui l’accueille, le cloître des Carmes. Dans ce cadre propice, Lagarde dirige avec vivacité une famille Windsor fin de (XXe) siècle qu’on pourrait croire sortie d’un docu-fiction de la BBC, et joue sur la distorsion appuyée des voix, un choix qui parfois frise l’artifice mais qu’une sono moins défaillante aurait pu valider. Le spectateur pourra aussi juger un peu platement branché cet habillage sonore à la tonalité pop rock, caractérisé par des virgules grattées à la guitare électrique et un Stabat Mater de Pergolèse revu à la Fender et à l’orgue des Doors. Le Richard III de Verhelst fait une grande place aux femmes et notamment à la duchesse d’York, prise en étau entre l’amour qu’elle éprouve pour son fils et l’horreur que la monstruosité de celui-ci suscite chez elle. Mais c’est un acteur qui, dans la lecture de Lagarde, attire l’attention : Laurent Poitrenaux, complice de longue date du metteur en scène, fait un Richard total, à la fois homme-enfant touchant, fou fulgurant et pitre pathétique, dont l’art culmine en un discours de tribun qui pourra renvoyer le spectateur à une récente actualité française ou d’ailleurs. Créé à Turin (Italie) le 4 juillet, le spectacle sera représenté huit autres fois jusqu’au 26 juillet à Avignon puis diffusé sur France 2 le 27, jour de clôture de ce 61e festival. Une tournée dans une quinzaine de villes françaises suivra entre octobre 2007 et février 2008.

En 1947, le Festival d’Avignon naissait avec Richard II. Soixante ans plus tard, Shakespeare est à l’affiche avec un Richard III réécrit par le Belge Peter Verhelst, mis en scène par Ludovic Lagarde, mais surtout porté par l’interprète du rôle-titre, Laurent Poitrenaux.
C’est la première fois que Verhelst, 45 ans, qui gravite dans l’inventive galaxie flamande des...