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Actualités - OPINION

Les Libanais doivent se libérer de la tutelle libanaise

Depuis plusieurs mois, on assiste à une escalade dangereuse de la situation politique libanaise. En effet, l’opposition menée par le Hezbollah épaulé par des partenaires chrétiens, notamment le mouvement du général Aoun, est en train d’organiser manifestation sur manifestation, réclamant la formation d’un gouvernement d’union nationale. Dans une région aussi instable que le Proche-Orient, on peut douter de la sincérité des acteurs en place, surtout lorsqu’ils sont libanais, et encore plus lorsqu’ils représentent une majorité contestée ou affirmée selon les tendances politiques. La guerre d’Irak de 2003 a changé le dessein stratégique de la région, un bouleversement qui paradoxalement s’est fait au profit des adversaires des États-Unis dans la région. Le Liban, un parfait État tampon, se trouve au centre d’une équation complexe qui peut se résumer en trois points : • le conflit israélo-palestinien ; • la situation en Irak ; • le problème du nucléaire iranien. Malgré une expérience douloureuse de quinze ans de guerre civile, les Libanais sont plus que jamais polarisés entre deux camps qui représentent deux visions de construction étatique. La première, celle du camp du 14 Mars, prône un Liban indépendant des problèmes régionaux en s’appuyant sur une aide internationale tout en restant dans un environnement arabe. La seconde, celle du camp dit du 8 Mars, envisage un Liban intégré dans un système régional dont il ne peut pas se dissocier. C’est bien cette divergence, et non pas les manœuvres politiciennes sur le tribunal international ou le gouvernement d’union nationale, qui est à la base de la crise actuelle et du fait que les Libanais sont plus que jamais divisés en clans qui rappellent une autre époque. Pour sortir de cette spirale, il faut réfléchir à une nouvelle façon de vivre ensemble. Le seul moyen, à mon sens, consisterait en une remise en cause de la Constitution et une analyse approfondie de notre propre histoire. La meilleure solution à la crise est la mise en place d’un système politique basé sur la notion de la laïcité qui garantit un État de droit traitant sur un pied d’égalité tous les citoyens quelles que soit leurs affiliations politiques, religieuses ou culturelles. Pour ce faire, il faut le développement de deux facteurs primordiaux : une nation et une société civile. Malgré une existence étatique incontestée, du moins au niveau juridique, la nation libanaise n’existe pas. Nous pouvons être moins durs avec nous-mêmes et admettre l’existence d’un embryon de nation qui nécessite une évolution des mentalités, toujours cantonnés dans des clans et des confessions divers. C’est pourquoi, libérés de la lourde tutelle syrienne, les Libanais doivent plus que jamais se libérer de la tutelle libanaise, une tutelle religieuse et politique qui pèse lourdement sur leur avenir et sur l’avenir de la construction étatique. C’est tout d’abord la mission de la jeunesse libanaise, qui doit comprendre que la religion, et encore plus la démocratie consensuelle et confessionnelle n’ont pas apporté des réponses à leurs exigences de vivre en paix et de s’épanouir au sein d’une nation stable. C’est un message que j’adresse aux Libanais qui, depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre, n’ont cessé de manifester au sein de deux clans qui n’apporteront rien à leur avenir car ils représentent une classe dirigeante bloquée et dépendante des tutelles régionales et internationales pesant de plus en plus sur l’avenir du pays et sa stabilité. C’est un message que j’adresse aussi à l’opinion publique internationale, et plus particulièrement européenne, afin qu’elle s’engage en faveur de la formation d’une société civile libanaise, seule garante de l’émergence d’une nation libanaise. Jamil ABOU ASSI Doctorant à l’Institut d’études européennes, Université Paris VIII
Depuis plusieurs mois, on assiste à une escalade dangereuse de la situation politique libanaise. En effet, l’opposition menée par le Hezbollah épaulé par des partenaires chrétiens, notamment le mouvement du général Aoun, est en train d’organiser manifestation sur manifestation, réclamant la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Dans une région aussi instable...