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Actualités - RENCONTRE

Rencontre - Le fondateur de l’association Amel évoque son amitié avec le ministre Kouchner Kamel Méhanna : Les responsables doivent donner le meilleur d’eux-mêmes pour sauver le Liban du pire

Son amitié avec le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner l’a propulsé sous les feux de l’actualité, mais le Dr Kamel Méhanna est un vieux militant pour les droits de l’homme, tous sans exception, et son combat, il le mène depuis les années 70 sans jamais rechercher les honneurs. Fondateur depuis 1979 de l’association Amel (en référence à la région du Sud et à sa pauvreté, mais aussi au travailleur qui gagne sa vie à la sueur de son front), il est aussi à l’origine de la création du collectif des ONG, dont il est le coordinateur, tout comme il a donné l’impulsion à la création d’un collectif des ONG arabes, dont il est aussi le coordinateur. Pédiatre de formation (il a fait ses études en France), le Dr Méhanna a rencontré Bernard Kouchner en 1976 à Nabaa, où l’association de l’imam Moussa Sadr avait fondé un hôpital dans lequel lui-même exerçait en tant que volontaire. Bernard Kouchner était alors responsable de Médecins sans frontières et il était venu au Liban avec une équipe pour aider les Libanais et les Palestiniens victimes des combats. Kouchner était alors en relations avec le Dr Gotbzadeh, un médecin de l’opposition iranienne, qui l’avait mis en contact avec l’association de l’imam Sadr. Kouchner et son équipe avaient ainsi séjourné un mois à Nabaa et c’est là que des liens indestructibles ont été noués entre le « french doctor » et le « lebanese doctor ». Ils ont ainsi découvert qu’ils étaient tous les deux d’anciens « soixante huitards » (Méhanna était alors le président de l’association des étudiants libanais en France) et qu’ils avaient de nombreuses affinités, notamment la passion de l’humanitaire et la foi dans la société civile. Le contact n’a jamais été rompu entre les deux hommes. En 1982, au plus fort de l’invasion israélienne, le Dr Kouchner, qui était devenu responsable de l’association Médecins du monde était revenu au Liban. Tout naturellement, il a coordonné son action avec son ami, qui avait entre-temps fondé l’association Amel à la suite de la première invasion israélienne du Sud en 1978. Avec l’aide de Bernard Kouchner, Amel a réussi en 1982 à faire évacuer 1 200 blessés vers les hôpitaux français. Dès lors, l’association n’a cessé de se développer, en ouvrant 27 centres sur l’ensemble du territoire et bien que son fondateur soit connu pour ses sympathies de gauches, elle a été acceptée par tout le monde, car elle œuvrait pour tous les Libanais, sans distinction de confession ou d’appartenance politique. Pendant la guerre de l’été 2006, elle était au cœur du collectif d’ONG – avec notamment Caritas, le Conseil des Églises, les associations de Joumblatt et celles du Courant du futur, sans oublier le CPL –, qui a permis d’accueillir 900 000 déplacés et d’amortir ainsi le choc de leur déplacement forcé... En 1989, au plus fort de la guerre dite de libération, Bernard Kouchner était revenu au Liban. Il était alors ministre chargé de l’action humanitaire et il voulait faire évacuer des blessés libanais vers la France. L’ambassadeur Jean-Claude Cousseran l’accompagnait en tant que délégué du ministère des Affaires étrangères. Kouchner avait entrepris des contacts avec le général Michel Aoun pour les blessés des régions est et il avait contacté Kamel Méhanna pour les blessés des régions ouest. C’est dire que depuis le début, il avait le souci d’être juste et à égale distance de toutes les parties. En 2003, Bernard Kouchner revient au Liban avec sa femme et son fils pour participer à une conférence organisée par l’USJ. C’est l’occasion, pour lui, de revoir ses amis. Le Dr Méhanna l’emmène dans son village natal à Khiam et les liens entre les deux hommes se resserrent encore plus. En août 2006, Bernard Kouchner est encore une fois de retour au Liban. Il se rend le 15 août à Khiam et dans la banlieue sud, exprimant sa solidarité avec les Libanais, qu’il a appris à aimer et qu’il veut à tout prix aider, affirme Kamel Méhanna. Selon lui, Bernard Kouchner a le sens de l’amitié comme toutes les personnes qui ont travaillé dans l’humanitaire, dans des circonstances périlleuses. « Car, dit-il, face au danger, des liens profonds et inoubliables se tissent. » Devenu ministre des Affaires étrangères, Kouchner prend contact avec ses amis libanais et comprenant que la situation est très grave, il décide de faire quelque chose. Sa première visite en tant que ministre des Affaires étrangères est à Beyrouth et il consacre beaucoup de temps au dossier libanais. Selon le Dr Méhanna, c’est aussi le cas du Premier ministre, ainsi que du président français. Il raconte ainsi qu’à la fin des réunions de La Celle-Saint-Cloud, François Fillon a contacté le ministre Kouchner pour prendre des nouvelles. Le président Sarkozy a fait de même. Kamel Méhanna précise que Bernard Kouchner est convaincu de l’importance du rôle de la société civile et c’est pourquoi il a tenu à ce que des représentants de cette société participent à la réunion. Ceux-ci, au nombre de cinq (Ghassan Salamé, Ghaleb Mahmassani, Joseph Maïla, Ziyad Baroud et lui-même), étaient d’ailleurs installés en face de MM. Kouchner, Cousseran et Émié, alors que les participants au dialogue étaient installés de part et d’autre. Pour Kamel Méhanna, s’il est certain que ce sont les partis politiques, non les personnes ou même la société civile, qui font les changements, le dialogue de La Celle-Saint-Cloud a permis de jeter des passerelles entre les parties libanaises. Il insiste sur le fait que le climat à Saint-Cloud était réellement détendu. Et, selon lui, les représentants de la société civile y étaient pour quelque chose. Car, à l’évocation de chaque dossier, les représentants de la société civile reflétaient l’opinion des citoyens. « Nous étions la voix du peuple », affirme le Dr Méhanna. Une sorte de conscience, qui a souvent permis de rationaliser les positions. Mais, selon lui, le véritable catalyseur de la réunion, c’était la personnalité même de Kouchner, qui essayait de mettre tout le monde à l’aise, et surtout de rappeler, en gardant en tête les images de l’Irak, qu’il est important d’initier un véritable dialogue pour éviter que le Liban ne sombre dans le chaos. Selon Kamel Méhanna, la réunion de La Celle-Saint-Cloud a créé une dynamique qui doit se poursuivre à travers les contacts entrepris avec les forces régionales et internationales. Cette dynamique estime-t-il, ouvre la voie à un consensus sur le dossier présidentiel, mais tout n’est pas encore joué. « Des dangers réels pèsent sur la région, dit-il, et le Liban est malheureusement un laboratoire. C’est pourquoi il est important de saisir la chance qui nous est ainsi offerte. » Selon lui, l’ambassadeur Cousseran devrait arriver à Beyrouth dimanche et entreprendre des contacts avec les parties libanaises pour poursuivre le processus entamé à Saint-Cloud. Ensuite, le 28, le ministre Kouchner reviendra au Liban et devrait rencontrer les pôles de premier rang pour évoquer avec eux la possibilité de tenir une réunion à haut niveau à Beyrouth, peut-être à la Résidence des Pins, si le processus aboutit. Méhanna qui, tout au long de son combat en faveur du droit et de la société civile, a toujours voulu voir le côté positif des choses, appelle aujourd’hui les responsables à donner le meilleur d’eux-mêmes, au nom de ce Liban que tous affirment aimer... Scarlett HADDAD



Son amitié avec le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner l’a propulsé sous les feux de l’actualité, mais le Dr Kamel Méhanna est un vieux militant pour les droits de l’homme, tous sans exception, et son combat, il le mène depuis les années 70 sans jamais rechercher les honneurs. Fondateur depuis 1979 de l’association Amel (en référence à...