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Actualités - CHRONOLOGIE

Événement - En attendant le Music Hall, ce soir, à 20 heures, le violoniste a joué hier ses plus belles partitions au Children’s Cancer Center of Lebanon Nigel Kennedy, un esprit libre

Il a décoiffé la musique classique, de même qu’il a décoiffé le jazz. Chacun des passages artistiques de Nigel Kennedy laisse ses traces dans le paysage souvent trop tranquille des genres musicaux. En dépit des nombreuses annulations de concerts qui ont eu lieu cet été, le musicien britannique, qui devait se produire dans le cadre du Festival de Beiteddine le 19 juillet, a quand même tenu à venir, aux mêmes dates, partager son violon et son talent avec des Libanais enfin consolés. Mieux, tous les bénéfices du concert de ce soir, « un concert en solidarité avec le Liban », iront au Children’s Cancer Center. Mieux encore, il a offert à ces enfants malades un petit moment de bonheur hier. Un miniconcert entre amis. Nigel Kennedy ne fait rien comme les autres…. Il suffit, pour cela, de le regarder. D’apprécier en souriant sa coiffure totalement déjantée, son allure décalée qui n’a rien à voir avec les clichés habituels d’un musicien de formation classique. Il suffit de le voir débarquer au Children’s Care Center, le cœur au bout de son archet, l’âme dans son violon magique, le sourire généreux semé dans le regard épaté des enfants. Il suffit enfin de revoir son parcours atypique pour comprendre que c’est un homme et un musicien exceptionnel. Un gentleman en bermuda. Un enfant prodigue « J’ai eu la chance d’avoir une enfance heureuse », dit-il en débarquant avec musiciens et instruments au Children’s Cancer Center. Quand on voit des drames pareils, il est difficile de rester indifférent. » Tintin de 50 ans au pays des enfants malades, petit prince dans un monde de brutes, Nigel Kennedy est venu jouer quelques morceaux à des malades, redevenus pour l’occasion des enfants. « Vous avez envie d’écouter une musique douce ou rapide ? » demande-t-il. L’instrument est brandi. L’homme, très généreux, égrenant les premières notes, devient en quelques instants un musicien hors pair. « Je suis né, avoue-t-il lorsqu’on lui demande si la joie et le talent sont chez lui innés ou acquis, avec un certain ADN qui me fait apprécier la vie. » Il a surtout grandi avec des parents musiciens, commencé à jouer dans la rue à l’âge de 14 ans et obtenu une bourse par Yehudi Menuhin himself, qui lui fait intégrer son école. Il a poursuivi ensuite sa formation classique, le jazz, désir latent, à la Julliard School de New York, où il devient l’élève de Dorothy Delay, « la » spécialiste du violon. En 1977, il fait ses débuts avec l’Orchestre philharmonique de Londres, dirigé par Riccardo Muti, puis rejoint l’Orchestre philharmonique de Berlin. En 1984, il réalise son premier enregistrement, des concertos pour violon d’Edward Elgar, qui devient Disque d’or. Cinq ans plus tard, il entre au Guinness Book of Records dans la catégorie des meilleures ventes d’une œuvre classique pour son interprétation des Quatre saisons de Vivaldi et ses plusieurs millions d’exemplaires vendus. En 2000, il reçoit une récompense pour sa « contribution extraordinaire à la musique britannique » et, en 2001, celle de l’artiste masculin de l’année. Un style décoiffant La suite va vaciller, comme la palette de son talent, entre classique et jazz, Bach et Jimmy Hendrix. Comme son violon qui devient par moments guitare ou contrebasse. Son dernier album Blue Note Sessions, enregistré avec de grosses pointures du jazz, arrive avec une certaine maturité personnelle et musicale. « La musique classique est plus contraignante. Elle permet moins de liberté que le jazz, qui est plus instinctif. J’ai pris beaucoup de temps pour enregistrer ce CD parce qu’il me fallait trouver les bons musiciens. Le jazz est une improvisation permanente. Un pur moment de plaisir. » Le regard illuminé des enfants de St Jude confirme, s’il le fallait, que la musique de Nigel Kennedy adoucit les mœurs et réveille les passions. Rendez-vous donc au Music-Hall, ce soir, avec ce grand musicien insaisissable car libre, qui nous promet deux heures, ou plus, de vraie communication. « J’ai voulu, en venant au Liban, témoigner de mon amitié aux Libanais qui vivent ici. Alors que certains ont pris la fuite, dire à ceux qui sont restés que nous ne les avons pas oubliés. » Cool man ! comme il le dit si bien... Carla HENOUD

Il a décoiffé la musique classique, de même qu’il a décoiffé le jazz. Chacun des passages artistiques de Nigel Kennedy laisse ses traces dans le paysage souvent trop tranquille des genres musicaux. En dépit des nombreuses annulations de concerts qui ont eu lieu cet été, le musicien britannique, qui devait se produire dans le cadre du Festival de Beiteddine le 19 juillet, a...