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SPECTACLE Les lumineux et bouleversants « Angels » de Warlikowski veillent sur Avignon

Une version lumineuse et bouleversante d’Angels in America est créée en France jusqu’à dimanche par le Polonais Krzysztof Warlikowski, metteur en scène d’une fresque de cinq heures trente sur les années sida aux États-Unis qui devrait figurer dans les annales du Festival d’Avignon. Cette pièce de l’Américain Tony Kushner, le scénariste du Munich de Steven Spielberg, a connu un grand retentissement depuis sa création en 1991 (première partie) et 1992 (seconde partie) à Los Angeles, devenant même avec succès en 2004 un opéra composé par le Hongrois Peter Eötvös. Le drame d’Angels in America I et II, sous-titré « Fantaisie gay sur des thèmes nationaux », se noue autour de l’effondrement de deux couples, l’un homosexuel, l’autre hétéro, dans l’Amérique reaganienne des années 1980, celle de l’apparition du sida. D’une part, Prior Walter apprend à son compagnon Louis Ironson, un juif démocrate, qu’il est atteint de la maladie, ce que ce dernier encaisse mal. De l’autre, Joe Pitt, un avocat mormon et républicain, veut rejoindre à Washington son amant Roy Cohn et délaisse sa femme Harper, qui compense sa détresse par un usage immodéré du Valium. Cohn, ancien maccarthyste qui fit condamner à mort les époux Rosenberg, est lui-même porteur du VIH, mais il dit souffrir d’un cancer du foie et se présente non comme gay mais comme un « hétérosexuel qui s’amuse avec des garçons ». Tout est affaire de peurs et de mensonges aux autres et à soi-même dans cette pièce, ce que Krzysztof Warlikowski (45 ans), le plus brillant metteur en scène polonais de sa génération, souligne avec force en s’emparant de sujets – le sida, l’homosexualité, la religion – sensibles dans son pays natal. Cet excellent directeur d’acteurs parvient à entremêler les histoires des deux couples en les faisant jouer presque simultanément, mettant du rythme dans le récit tout en demeurant à l’abri de toute confusion. Très variées et soignées, les lumières permettent d’éclairer telle ou telle zone de la scène et de dessiner, dans un décor vieux de quelques décennies (murs recouverts de bois très cheap et mobilier daté, moquette à grosses roses), un appartement, une discothèque, une chambre d’hôpital, une morgue... La deuxième partie est plongée dans une atmosphère crépusculaire, presque religieuse, comme l’illustre une image à la beauté plastique saisissante : Prior sur son lit de mourant semble nimbé d’une lumière de vitrail grâce aux reflets des parois miroitantes du dispositif scénographique. Les onze comédiens incarnent avec une présence magnétique les humains comme leurs interlocuteurs anges ou fantômes – dont celui d’Ethel Rosenberg – et rendent bien les différents registres d’une tragédie mâtinée d’un humour noir très juif new-yorkais. Avec une émotion palpable qui est celle de l’acteur autant que de son personnage, Tomasz Tyndyk (Prior) souhaite « que la vie continue ». Il est près de 3h00 dans la cour du Lycée Saint-Joseph, et le public dit sa joie et son émotion d’avoir partagé un grand moment de théâtre. Créé en février à Varsovie, le spectacle tournera en mars 2008 dans différents théâtres de France.

Une version lumineuse et bouleversante d’Angels in America est créée en France jusqu’à dimanche par le Polonais Krzysztof Warlikowski, metteur en scène d’une fresque de cinq heures trente sur les années sida aux États-Unis qui devrait figurer dans les annales du Festival d’Avignon.
Cette pièce de l’Américain Tony Kushner, le scénariste du Munich de Steven...