Rechercher
Rechercher

Actualités

de plus en plus brutale, la rébellion adopte des méthodes sophistiquées Craintes croissantes d’influence étrangère dans le sud musulman de la Thaïlande

Les attaques dans le Sud musulman et malais de la Thaïlande sont de plus en plus brutales et sophistiquées, renforçant une thèse selon laquelle les rebelles locaux ont établi des liens avec des extrémistes étrangers, estiment des analystes. La guérilla séparatiste, dont les dirigeants restent dans l’ombre, a nettement intensifié ses opérations après le coup d’État du 19 septembre 2006 à Bangkok. Au cours du seul premier trimestre de 2007, 723 attaques et neuf décapitations ont été dénombrées. Près de 2 300 personnes, selon la police, ont trouvé la mort depuis le début de l’insurrection dans l’extrême sud en janvier 2004, mais, cette année, les attaques sont devenues plus fréquentes, visant pêle-mêle, avec une efficacité croissante, les forces de sécurité, des civils bouddhistes et des musulmans soupçonnés de collaborer avec Bangkok. Rien qu’hier, des rebelles islamistes présumés ont incendié 13 écoles, 48 heures après la mort par balles de trois enseignants bouddhistes. Les violences d’hier ont également fait trois autres victimes, des musulmans tués par des inconnus à moto dans des attaques séparées, tandis que 13 soldats ont été blessés par l’explosion d’une bombe. « On peut redouter que la brutalité grandissante ne soit due à des influences étrangères », affirme Zachary Abuza, professeur de sciences politiques au Simmons College de Boston. Officiellement, les autorités continuent d’affirmer que l’insurrection dans le Sud est un « problème purement intérieur », bien que certains généraux thaïlandais évoquent de plus en plus ouvertement des liens possibles avec d’autres groupes en Asie du Sud-Est. « Des rebelles en nombre limité ont pu améliorer leurs capacités d’organisation et rechercher un meilleur entraînement, soit sur leur territoire, soit aux Philippines ou en Indonésie », affirme Arabinda Acharya, chercheur à l’Université Nanyang de Singapour. Le mois dernier, un porte-parole de l’armée, le colonel Acra Tiproch, a déclaré qu’au cours d’interrogatoires des suspects avaient avoué avoir été formés par des étrangers, en particulier pour les techniques de décapitation. « Les Thaïlandais ne savent pas le faire », a-t-il dit. Des experts sont convaincus que les habitants du Sud sont également influencés par les conflits qui agitent le monde musulman. Début juin, des milliers de jeunes, le visage masqué et pour certains la tête recouverte d’un keffieh, ont manifesté pendant plusieurs jours autour de la principale mosquée de Pattani en vue d’exiger la levée des lois d’urgence et le retrait des troupes thaïlandaises de la région. Depuis le putsch à Bangkok, les généraux ont multiplié les gestes d’apaisement en direction des habitants du Sud. Le Premier ministre intérimaire, Surayud Chulanont, a même officiellement présenté ses excuses pour « les abus » commis sous le précédent gouvernement de Thaksin Shinawatra et s’est déclaré prêt à des négociations avec les rebelles. Mais la violence s’est intensifiée. Selon Srisompob Jitpiromsri, professeur à l’Université Prince of Songkhla de Pattani, le pouvoir à Bangkok se concentre trop sur la chasse aux insurgés et pas assez sur les frustrations de la population locale, très majoritairement musulmane et d’ethnie malaise, contrairement au reste de la Thaïlande largement bouddhiste. L’amélioration du système judiciaire fait partie des principales demandes dans l’extrême sud où les rebelles font rarement l’objet de poursuites et les forces de sécurité bénéficient d’une immunité. La région, frontalière de la Malaisie, était un sultanat relativement indépendant jusqu’à son annexion par le Siam (ancien nom de la Thaïlande) il y a un siècle.
Les attaques dans le Sud musulman et malais de la Thaïlande sont de plus en plus brutales et sophistiquées, renforçant une thèse selon laquelle les rebelles locaux ont établi des liens avec des extrémistes étrangers, estiment des analystes.
La guérilla séparatiste, dont les dirigeants restent dans l’ombre, a nettement intensifié ses opérations après le coup d’État du 19...