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La logique politique de l’escalade Dr Riad JREIGE

Au Liban, nous assistons depuis près de vingt jours maintenant à une escalade à la fois politique et militaire, dans une atmosphère malsaine mêlant le passé et le présent, et préparant un avenir lourd de jours noirs pour notre cher pays. Comment se présente la situation et quels sont les points de vue en présence ? Il existe au Liban : – Une opposition populaire, mais non représentée (CPL et Hezbollah). – Un président légal, mais illégitime et sur le départ, avec un semblant de pouvoir, remplissant le vide constitutionnel. – Un gouvernement conduit par la coalition du 14 Mars (PSP, FL et Kataëb) sponsorisé par Saad Hariri, animateur d’un projet de rééquilibrage des forces sur le terrain. – Douze camps de réfugiés palestiniens éparpillés sur l’ensemble du territoire, incluant (dollars à l’appui) des milices wahabites, salafistes, jihadistes, dont un représentant est le Fateh el-Islam. – La présence de quantités impressionnantes d’armes entre les mains des différentes milices. – La présence massive de la Finul au Liban-Sud, protégeant Israël de toute incursion en provenance du Liban, mais probablement pas l’inverse. – L’armée libanaise symbolise l’unité qu’il faut soutenir et armer avec l’aide matérielle notamment des USA. Du point de vue du gouvernement libanais, issu des élections législatives de 2005, le conflit de l’été 2006 a revêtu un caractère désastreux en raison des cibles visées, de la soudaineté et de l’ampleur des destructions. Il a notamment boosté l’aura, l’influence et donc le danger que représente pour lui le Hezbollah. Il se doit de contrer cette menace par les moyens qui lui semblent opportuns. En Israël, l’instabilité politique est en rapport avec une impopularité gouvernementale depuis la guerre ratée de l’été 2006. Le Premier ministre Ehoud Olmert cherchera à regagner la confiance de ses électeurs sur le thème de la sécurité d’Israël après le fiasco de cette guerre et ses répercussions politiques internes. Du point de vue israélien, le Hezbollah représente, plus qu’un danger, une menace permanente, telle l’épée de Damoclès, il suffit pour cela d’écouter les propos du président iranien Ahmadinejad. L’opération militaire d’envergure, que l’armée israélienne a menée contre le Hezbollah durant l’été 2006, n’a pas ébranlé la capacité du parti de Dieu, bien que le gouvernement israélien affirme avoir détruit son infrastructure et amoindri considérablement sa capacité de nuisance. En fait, la réalité est toute autre. C’est pourquoi Tel-Aviv cherchera à détruire cette milice par les moyens qui lui semblent les plus appropriés. - En Iran, la pression est de plus en plus importante et palpable de la part de la communauté internationale concernant le programme nucléaire iranien. Il suffit pour cela d’observer la concentration imposante et inhabituelle de la flotte américaine dans le Golfe et la menace directe qu’une telle présence représente pour le régime. - En Syrie, le président Bachar el-Assad vient d’être réélu à la tête du régime et doit faire face à la mise en place du tribunal international qui pourrait mettre en cause le régime dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais. Du point de vue syrien, l’heure est à la mobilisation des alliés, au silence médiatique et aux efforts diplomatiques. Damas sait qu’il est la cible de choix des Américains avant même les conclusions de l’enquête internationale. Aux USA, meneur incontestable du jeu, notamment au Moyen-Orient, l’heure est à la fois à la reconnaissance du fiasco en Irak et en Afghanistan, et à la recherche d’une sécurisation de son meilleur allié dans la région. Pour Washington, allié infaillible et inconditionnel de l’État juif, Israël a le droit de se défendre avec les moyens qui lui paraissent les plus appropriés, pour faire face à des organisations terroristes extrêmement dangereuses, à la tête desquelles se trouve le Hezbollah. Comment envisager l’avenir dans ces conditions ? Le Liban se voit encore une fois embarqué malgré lui dans un scénario conduisant tout droit au chaos. Une fois de plus, nous voici face à nos responsabilités et face à nos contradictions, sans rien pouvoir maîtriser. Le Liban reprend, de plein droit, son rôle tampon et d’exutoire à toute politique arabo-américaine, traditionnellement mal conduite et désastreuse pour notre pays. Aujourd’hui, le temps est à l’unité et non à la division. Les Libanais, dans leur ensemble, se retrouvent, pour une fois, unis derrière leur armée. Nous jugeant incapables de nous gérer politiquement, nos voisins s’en chargent sans se faire prier, et de la plus visible des manières. Et cela continuera et recommencera tant que les Libanais n’auront pas compris que prendre le pouvoir, c’est être représentatif de son peuple ; rechercher l’unité, c’est être responsable, protéger la population, redresser économiquement le pays et avoir une politique étrangère viable avec ses voisins. Économiquement, nous continuerons à nous ruiner en essayant de rembourser les dettes contractées par des gens sans scrupules qui continueront à nous appauvrir. Les véritables protagonistes au Moyen-Orient n’ont pas changé, et ce depuis très longtemps. Faut-il en arriver à souhaiter la confrontation directe et sans intermédiaires entre les véritables protagonistes de la crise libanaise pour bien espérer que la crise reste cantonnée encore et toujours au territoire libanais ? Faut-il espérer une guerre en bonne et due forme, qui pourrait induire la véritable paix ou faire l’économie d’une confrontation en imposant une paix juste et durable ? Ce sont là des questions primordiales qu’il est souvent politiquement et diplomatiquement incorrect d’évoquer, mais qui, humainement, ne pourront pas rester longtemps sans réponse. Dr Riad JREIGE France Article paru le Vendredi 15 Juin 2007
Au Liban, nous assistons depuis près de vingt jours maintenant à une escalade à la fois politique et militaire, dans une atmosphère malsaine mêlant le passé et le présent, et préparant un avenir lourd de jours noirs pour notre cher pays.
Comment se présente la situation et quels sont les points de vue en présence ?
Il existe au Liban :
– Une opposition populaire, mais non...