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AU PLAISIR DES MOTS Babas, nos papas furent des gourous

Voilà une expression à l’origine nébuleuse, qui a disparu corps et biens. Qui a récemment entendu une connaissance s’exclamer : « J’en reste baba ? » On peut choisir de ne pas pleurer cet abandon. Être ou en rester, « baba » ne manque pas d’un certain ridicule dû à la répétition d’un son un peu niais. Cette extrême simplicité du mot n’est pourtant pas sans goût. N’oublions pas qu’en arabe, tout comme dans de nombreux dialectes, baba c’est papa. Selon le Robert historique, « baba » tiendrait du redoublement d’un radical onomatopéique, «ba-» ou «bab-», qui évoquait un « mouvement de lèvres provoqué par la stupeur ». Comprenne qui peut. Par l’intermédiaire de l’anglais, qui l’empruntait à l’hindi, « baba » fut aussi le qualificatif – vite péjoratif – des représentants du mouvement hippie. D’une manière amusante, l’expression anglo-saxonne désignait d’abord un gourou, un guide spirituel. Pour les trentenaires d’aujourd’hui, conçus pendant ou peu après les effusions du flower power, cette signification fait sourire. On imagine mal en quoi un être approximativement éveillé, chevelu jusqu’aux chevilles, à la lucidité toute relative et occupé à danser comme une dinde sous tranquillisants, puisse mener quiconque sur le moindre chemin spirituel. Nos parents nous laisseront toujours babas. Maya GHANDOUR HERT
Voilà une expression à l’origine nébuleuse, qui a disparu corps et biens. Qui a récemment entendu une connaissance s’exclamer : « J’en reste baba ? » On peut choisir de ne pas pleurer cet abandon. Être ou en rester, « baba » ne manque pas d’un certain ridicule dû à la répétition d’un son un peu niais. Cette extrême simplicité du mot n’est pourtant pas sans...