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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Artisanat esthétique et existentiel à la Renwick Gallery Des objets inanimés qui ont une âme WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

«Objets inanimés avez-vous donc une âme… ? » Oui, répondent quatre femmes qui, à l’aide de matériaux relevant de trois disciplines artisanales (le verre soufflé, la céramique et le papier), ont créé des œuvres portant le statut de l’art traditionnel du « fait main » à une esthétique renouvelée et porteuse de messages existentiels. Leurs créations sont exposées à la Renwick Gallery, à Washington, sous le titre « Puisé dans la nature : une invite artisanale ». Inutile de chercher la fonctionnalité car, ici, on pétrit l’argile, la pâte de verre et la pâte à papier avec de la réflexion et de la fantaisie. L’œuvre la plus spectaculaire est une installation intitulée Banquet et signée Beth Lipman. Il s’agit d’une table de six mètres de long sur laquelle l’artiste a entassé les reliques d’un festin. C’est-à-dire des assiettes, des couverts, des gobelets, des vases, des chandeliers, des bols de fruit, des plats de poisson, une coupe de caviar et des serviettes de table. Le tout réalisé dans du verre soufflé blanc. Une composition, visuellement à couper le souffle, qui, parallèlement, sous-entend une condamnation de l’excessif esprit de consommation. Ailleurs, elle a également desservi une Table de thé en poussant le détail jusqu’à dépasser le cadre de l’œuvre en jonchant le parterre environnant de verres brisés. Le kaléidoscope de la nature Après avoir maîtrisé la technique de l’orfèvrerie, Jocelyn Chateauvert a troqué l’or et l’argent contre le papier naturel (notamment des fibres provenant de feuilles de bananiers ou de lin) pour concevoir de très beaux accessoires et des installations en référence aux fleurs et roseaux. Son tissage intègre toujours un fil d’humour. Elle donne ainsi à voir deux feuilles de vigne taillées qui s’attachent autour de la taille en guise de ceinture et qu’elle intitule Adam et Ève. Elle mélange aussi art industriel et art décoratif pour faire une broche baptisée Electrolux. Et il y a beaucoup de sérénité dans ses Nuages de Lys, une installation de fleurs épanouies en lin. La céramiste Bethe Cavener Stichter est intéressée par l’instinct des animaux. Ses sujets anthropomorphiques sont inspirés par les mythes et les fables : par punition, des humains transformés en animaux. La plupart de ces sculptures sont d’une pâleur mortelle et portent les stigmates des victimes. La facture minimaliste est le label de la souffleuse de verre Paula Bartron, qui se plaît à rendre hommage à l’art dit pratique. Elle reproduit le travail des briques et des adobes, des cheminées et des roues de machines industrielles. Son concept veut soulever la question suivante : l’art, abordé globalement, peut-il nous rendre insensible à la qualité des textures, des colorants et même des intentions ? Elle y répond par une installation de 28 disques de verre cobalt encastrée dans du sable et suspendue avec sa face bleue tournée vers le mur. Pour que les visiteurs aient à trouver et admirer la couleur eux-mêmes. Et pour leur rappeler, à l’instar des autres exposantes, qu’il y a encore beaucoup à voir dans le kaléidoscope de la nature.
«Objets inanimés avez-vous donc une âme… ? » Oui, répondent quatre femmes qui, à l’aide de matériaux relevant de trois disciplines artisanales (le verre soufflé, la céramique et le papier), ont créé des œuvres portant le statut de l’art traditionnel du « fait main » à une esthétique renouvelée et porteuse de messages existentiels. Leurs créations sont...