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rapport - L’organisation constate des restrictions des droits et des tortures en Russie Amnesty dénonce « la stratégie de la peur » dans le monde

Amnesty International estime dans son dernier rapport annuel, publié hier, que le monde est aussi polarisé qu’au temps fort de la guerre froide et qu’il est à maints égards bien plus dangereux. Les pouvoirs qui jouent sur la peur favorisent les atteintes aux droits de l’homme et créent un monde dangereusement divisé, affirme Amnesty. Pointant un doigt accusateur dans plusieurs directions, de Washington à Moscou, Amnesty reproche aux gouvernements de s’attaquer aux droits de l’homme et d’alimenter le racisme avec des politiques à courte vue qui suscitent peur et division. « La stratégie de la peur favorise une régression des droits de l’homme, en vertu de laquelle aucun droit n’est sacro-saint », déclare Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty, dans le rapport 2007 de l’organisation qui revendique 2,2 millions de membres répartis dans plus de 150 pays. « Notre monde est aussi polarisé qu’il l’était à l’apogée de la guerre froide et, à bien des égards, il est nettement plus dangereux », estime-t-elle. Accroître la polarisation a renforcé la position des extrémistes, l’islamophobie et l’antisémitisme se retrouvant en progression l’un et l’autre à travers le monde, conclut Amnesty. « La peur nourrit le mécontentement et la discrimination », écrit l’organisation à cet égard. L’impératif de la sécurité nationale est souvent aussi prétexte pour réprimer la dissidence, note Amnesty qui cite des exemples au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Russie où « la dérive autoritaire s’est révélée désastreuse pour les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme ». Les pressions se sont « accrues » sur les défenseurs des droits de l’homme et opposants et les tortures et intimidations se sont poursuivies en Russie en 2006, année marquée par le meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa, a constaté Amnesty International. « Les exécutions extrajudiciaires, les disparitions et enlèvements, les tortures, y compris dans des centres de détention non officiels et les détentions arbitraires se sont poursuivies dans la région du Caucase du Nord, en particulier en Tchétchénie », note le rapport annuel de l’organisation de défense des droits de l’homme. « La torture a été employée dans les centres de détention de la police à travers le pays », ajoute Amnesty. L’organisation s’inquiète plus généralement des mesures restreignant la pluralité et la liberté d’expression et de rassemblement à l’approche des élections législatives de décembre prochain et présidentielle de mars 2008. Moscou est également dénoncé pour « les crimes haineux visant les étrangers et les minorités (...) qui s’inscrivent dans la droite ligne de la propagande nationaliste des autorités ». « Partout dans le monde, de l’Iran au Zimbabwe, de nombreuses voix qui ont voulu se faire entendre sur les droits de l’homme ont été contraintes de se taire en 2006 », relève le rapport. La Chine est un exemple omniprésent. Et une « répression à l’ancienne » a refait surface en Égypte. Amnesty évoque d’autre part le conflit du Darfour, au Soudan, où la guerre civile a fait 200 000 morts depuis 2003. « Le Darfour est une blessure sanguinolente à la conscience du monde », a déclaré Khan. En Colombie comme au Cambodge, à Cuba comme en Ouzbékistan, Amnesty relève qu’Internet est devenu la nouvelle frontière dans la lutte pour le droit à s’opposer. Après avoir dressé un catalogue des atteintes ici et là dans le monde, Amnesty conclut son rapport annuel sur une note d’optimisme, en estimant que l’on pourra remédier aux atteintes aux droits de l’homme aussi efficacement que l’on cherche à agir contre le réchauffement de la planète, si l’opinion publique internationale réussit à se mobiliser dans les mêmes proportions. « Le pouvoir des peuples changera la face des droits de l’homme au XXIe siècle. L’espoir est particulièrement vivace », écrit l’ONG.

Amnesty International estime dans son dernier rapport annuel, publié hier, que le monde est aussi polarisé qu’au temps fort de la guerre froide et qu’il est à maints égards bien plus dangereux.


Les pouvoirs qui jouent sur la peur favorisent les atteintes aux droits de l’homme et créent un monde dangereusement divisé, affirme Amnesty.
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