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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Les bains de mer d’Eugène Boudin à la National Gallery Un tremplin pour les impressionnistes

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI «Trois coups de pinceau réalisés en extérieur valent une journée entière passée à travailler dans un studio. » Le grand air a toujours été l’affaire du peintre Eugène Boudin (1824-1898), fils de marin, mousse dans son enfance, assistant dans une boutique de papetier-encadreur, avant de connaître la célébrité en devenant un peintre de la mer (en particulier lors de ses débuts de bains de mer en France). Et ses scènes de plage font actuellement l’objet d’une exposition organisée par la National Gallery of Art à Washington. Pour lui, tout avait commencé lorsque le chemin de fer ayant relié Paris à Trouville et à Deauville, en 1863, avait facilité l’arrivée de vacanciers dans ces lieux. Il s’est alors mis à peindre ce nouveau mode de vie qu’il a aisément intégré dans les paysages marins qui étaient son fort. Annonciateur de l’ère impressionniste Boudin avait été surnommé le « roi des ciels » par le peintre Camille Corot, car il donnait la vedette aux mouvements changeants des nuages et du soleil pour rendre l’atmosphère du paysage. Il a continué sur sa lancée pour évoquer cette nouvelle peuplade des plages. Plus que de croquer des individus, cet artiste était intéressé par l’utilisation de la foule comme outil servant à mettre en valeur et à animer les jeux de lumière sur le sable, la mer et le ciel. Sa toile intitulée La plage à Villerville illustre ce concept. Il y a disposé des silhouettes assises et debout pour créer un rythme formel qui attire le regard vers un ciel nuageux. Ses sujets sont toujours le prétexte pour jouer avec les couleurs, comme dans ses compositions Les femmes à la plage, vêtues de grandes crinolines rouges, et La plage, ponctuée de parasols noirs. À l’époque, on n’allait pas au bord de la mer pour exhiber sa nudité. Et lorsque les femmes osaient faire trempette, elles arboraient des vestes, des pantalons de laine et des bonnets en caoutchouc. La détente consistait alors à flâner sur le sable, fixer l’horizon, écouter le bruit des vagues et le cri des mouettes en plein vol, les habits gonflés par la brise. Le tout baignant dans un climat mélancolique et feutré. Et Boudin a fixé ces attitudes leur donnant un aspect d’esquisse annonciateur de l’ère impressionniste, même s’il jugeait que ses scènes de plage « n’étaient pas du grand art ». Il n’en demeure pas moins qu’il a eu une grande influence sur Claude Monet qui l’appelait « mon maître » et qui disait aussi : « Je dois tout à Boudin ». À noter que Boudin avait été également prisé outre-Atlantique par un mécène américain, Paul Mellon (décédé en 1999 à l’âge de 91 ans), qui a créé la National Gallery of Art et qui avait acquis les toiles qui font partie de cette exposition.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

«Trois coups de pinceau réalisés en extérieur valent une journée entière passée à travailler dans un studio. » Le grand air a toujours été l’affaire du peintre Eugène Boudin (1824-1898), fils de marin, mousse dans son enfance, assistant dans une boutique de papetier-encadreur, avant de connaître la célébrité en devenant un peintre de...