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ACCESSOIRES Le grand retour de la cravate

Donnée pour morte, victime des nouveaux modes de vie et de sa réputation de symbole du conformisme, la cravate connaît un retour en grâce, après des années de passage à vide, séduisant une nouvelle population masculine. « La cravate n’est pas morte, mais elle a été malade ces deux dernières années », souligne Hélène Pasteur, directrice des achats hommes pour les Galeries Lafayette France. « Elle était malade, limite morte », estime Franck Nauerz, chef produit accessoires au Printemps de l’homme. Mais depuis trois saisons au moins, « elle va mieux », même si elle reste « en convalescence », ajoute-t-il. Pour l’historien de la mode Farid Chenoune, « il n’y a pas de retour en général de la cravate » mais « une espèce de frémissement ». « Les marques de mode masculine s’intéressent pas mal à la cravate en ce moment » et ce n’est pas « une opération de marketing », elles « accompagnent le mouvement », estime-t-il. La maison Hermès, qui affirme avoir créé « 1400 différentes cravates » en 2006, a publié il y a quelques mois un « manifeste » en faveur de cet accessoire qui existe dans sa forme actuelle depuis le milieu du XIXe siècle. Selon M. Chenoune, « le retour de la cravate s’inscrit dans une réaffirmation d’une élégance de centre-ville, reposant sur la veste, la chemise et la cravate. Il y a une sorte de lutte sourde actuellement (...) entre la mode des quartiers et la mode du centre-ville, même s’il y a plein d’échanges entre les deux. » La mode des quartiers conjugue pantalons baggy, tee-shirts, sweat-shirts, baskets... « Depuis le milieu des années 90 ou un peu plus tard, il y a un très, très fort retour de la chemise urbaine, même si elle est portée sans être boutonnée, sortant du pantalon ou du pull. C’est un vrai parti pris générationnel et la cravate fait partie de cela », ajoute-t-il. Il y a une « rupture avec la génération d’avant qui était une génération de tee-shirts ». Si une partie de la mode masculine, en particulier des jeunes, est venue des quartiers via le rap et le hip-hop, le retour de la cravate s’est notamment effectué à travers des groupes de rock, comme Franz Ferdinand ou The Hives. « Il y a un fonds de référence qui est grosso modo la culture brit-pop » des années 60 et les Mods, ces jeunes urbains prolétaires britanniques de cette époque, souligne M. Chenoune. Des créateurs de mode comme l’ex-styliste de Dior Homme Hedi Slimane, lui-même passionné de rock, Dolce & Gabbana ou Paul Smith, ont également contribué au retour de la cravate en la remettant sur les podiums depuis plusieurs saisons. « Il y a un rajeunissement depuis cinq ans des personnes qui portent des cravates », confirme Anne-Marie Colban, directrice de la maison Charvet qui en propose 8 000 exemplaires. Ces jeunes clients veulent « trouver leur propre style, sortir des diktats », estime-t-elle. Les nouveaux amateurs de cravate la préfèrent plus fine, d’une largeur inférieure aux 9 cm traditionnels et souvent de couleur unie. Elle se porte aussi différemment, moins serrée, le nœud mal fait ou nouée sur un polo, et abandonne sans complexe la soie pour des matières moins nobles, comme le polyester. Dans ses versions plus classiques, la cravate reste un accessoire de l’uniforme de travail, mais « au même titre que des lunettes ou une belle montre », souligne Matthieu Duballet, 27 ans, conseiller en patrimoine financier et grand amateur de cravates. Initié au nœud Windsor par son père à 14 ans, il en possède déjà une cinquantaine. Dominique SCHROEDER (AFP)
Donnée pour morte, victime des nouveaux modes de vie et de sa réputation de symbole du conformisme, la cravate connaît un retour en grâce, après des années de passage à vide, séduisant une nouvelle population masculine. « La cravate n’est pas morte, mais elle a été malade ces deux dernières années », souligne Hélène Pasteur, directrice des achats hommes pour les...