Rechercher
Rechercher

Actualités

L’association Aswat, basée à Haïfa, organise des réunions de soutien et réalise un travail de sensibilisation Les lesbiennes arabes israéliennes et palestiniennes sortent de l’ombre

Dans une société arabe patriarcale, où la femme est souvent confinée à un rôle de fille ou de mère, une association dédiée aux lesbiennes arabes israéliennes et palestiniennes a décidé de briser le tabou de l’homosexualité et en faire un combat politique. Un combat illustré par le slogan en forme de coup de poing que l’association Aswat s’est choisi : « Nous sommes palestiniennes, nous sommes des femmes et nous sommes gay. » « Beaucoup de lesbiennes et d’homosexuels arabes ont une double vie, sont mariés et mènent une existence secrète. Les gens disent que c’est interdit par la religion », explique Rauda Morcos, la coordinatrice de l’association basée à Haïfa (nord d’Israël). Et de s’emporter : « La société est hypocrite. Mais nous refusons que cette question reste secrète. Nous voulons qu’elle soit traitée de manière politique et sociale. » Fin 2002, elle se décide à agir avec une amie, Samira. Toutes deux créent un forum sur l’Internet où s’expriment des Arabes israéliennes, mais aussi des Palestiniennes de la bande de Gaza et de Cisjordanie. Un an plus tard, elles fondent Aswat. Désormais l’association, aidée par des organisations américaines et européennes, organise des réunions mensuelles de soutien, entièrement anonymes, et réalise un travail de sensibilisation et d’information sur l’homosexualité. « Nous voulons que les personnes deviennent autonomes, prennent leur destin en main », souligne Rima, 27 ans, membre d’Aswat. « Il faut leur donner confiance en elles pour qu’elles puissent ensuite changer les mentalités autour d’elles. » Mais être autonome dans une société où la famille est le centre de la vie sociale et le principal réseau d’entraide représente un réel défi. « Personne ne peut déclarer publiquement son homosexualité sans soutien. Il faut être forte, même financièrement, car il vous faut une alternative à votre soutien familial si vous le perdez », insiste Rauda. Son expérience en témoigne. Quand son homosexualité a été dévoilée, sans son consentement, elle a perdu son emploi d’enseignante d’anglais et sa vie est devenue un enfer dans son village de Kfar Yassif (Nord). « Des gens m’appelaient au téléphone pour m’insulter. Ma voiture a été détruite, taguée d’inscriptions comme “salope”, “lesbienne”. Mes oncles ont arrêté de me parler », se rappelle-t-elle. Si au fil des mois Aswat a gagné en visibilité et en reconnaissance en Israël, elle s’est aussi attiré les foudres du Mouvement islamique, devenu un acteur incontournable dans la communauté arabe israélienne. En particulier lors de l’organisation, tout récemment, de sa première conférence à Haïfa. « Selon la loi islamique, l’homosexualité est un phénomène illégitime. Une sorte de maladie qu’il faut traiter en tant que telle », affirme le cheikh Ibrahim Sarsour, un député au Parlement israélien et membre du mouvement. « Notre société arabe ne peut tolérer un tel phénomène », ajoute le député. Ces propos ne font pas peur à Samira, 31 ans, la cofondatrice d’Aswat. « Nous essayons de faire notre travail et de ne pas leur donner plus d’importance qu’ils ne méritent », dit-elle, en faisant des achats pour une soirée « Drag Queen » dans un club de Tel-Aviv, où elle vit. Elle sait que la route est encore longue pour les homosexuels, surtout dans les territoires palestiniens. « Nous ne nous faisons pas d’illusions. Nous savons par exemple qu’il n’y aura pas de gay parade à Gaza. Mais doucement et sûrement, nous allons changer les choses. » Aswat commence d’ailleurs à faire boule de neige. Depuis mars, une association, même si elle reste pour le moment clandestine, a été créée à Ramallah (Cisjordanie) par quatre étudiants homosexuels. « Officiellement, nous faisons un travail social, contre l’occupation ou le mur (de séparation entre Israël et la Cisjordanie). Mais, en privé, nous essayons d’aider les gays », explique l’un de ses fondateurs sous le couvert de l’anonymat, venu illégalement à Tel-Aviv, à la fête « Drag Queen » de Samira. Mehdi LEBOUACHERA/AFP

Dans une société arabe patriarcale, où la femme est souvent confinée à un rôle de fille ou de mère, une association dédiée aux lesbiennes arabes israéliennes et palestiniennes a décidé de briser le tabou de l’homosexualité et en faire un combat politique.
Un combat illustré par le slogan en forme de coup de poing que l’association Aswat s’est choisi : « Nous...