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OPA ABN Amro : la guerre est déclarée pour une fusion bancaire record

Une bataille bancaire d’une ampleur sans précédent s’est ouverte hier autour de la banque néerlandaise ABN Amro, promise lundi à la britannique Barclays, mais pour laquelle trois autres banques européennes proposent désormais 72,1 milliards d’euros. Ce consortium emmené par la numéro deux britannique, Royal Bank of Scotland (RBS), comprend aussi la belgo-néerlandaise Fortis et l’espagnole Santander. Son offre à 39 euros par action est, aux cours de mardi soir, supérieure de 13 % à celle de Barclays formulée lundi. Elle comprend en outre une grosse partie en numéraire (70 %), le reste étant constitué d’actions RBS, alors que l’offre de Barclays ne prévoit qu’un échange de titres. Les membres du consortium, qui ont programmé une rencontre avec la direction d’ABN Amro pour expliquer leurs projets, « estiment clairement que leurs propositions sont supérieures (à celles de Barclays) pour les actionnaires d’ABN Amro et sont simples à la fois du point de vue des actionnaires, de la régulation et de leur réalisation ». Barclays, numéro trois au Royaume-Uni et dont la fusion avec ABN Amro créerait la deuxième banque européenne et la cinquième mondiale, n’a pas commenté cette contre-offre encore informelle. De source proche de Barclays, on jugeait cependant mercredi que le consortium « soulevait plus de questions qu’il n’apportait de réponses ». Notamment, les nouveaux arrivants n’indiquent pas s’ils veulent démanteler la banque néerlandaise, comme la presse et les analystes le pensent. La filiale américaine LaSalle reviendrait à RBS, les activités néerlandaises à Fortis et les activités italiennes et brésiliennes à Santander. Dans le communiqué, le consortium précise seulement avoir prévu que « RBS mène la réorganisation ordonnée d’ABN Amro ». La direction néerlandaise pencherait plutôt pour Barclays qui ne souhaite pas la démanteler, bien que le plan de fusion comprenne 12 800 suppressions d’emplois et l’externalisation de 10 800 autres, mais les analystes jugeaient hier le prix du consortium beaucoup plus attractif. « C’est clairement la meilleure affaire pour les actionnaires », soulignait la maison de courtage Hitchens Harrison & Co, ajoutant que la banque « Barclays ne peut pas vraiment se permettre de payer davantage » que ce qu’elle a déjà promis. Pour le courtier Richard Hunter de Hargreaves Lansdown, ABN Amro « se retrouve dans une situation difficile » face à ses actionnaires. Une grande partie du suspense repose désormais sur la vente par ABN Amro de la banque américaine LaSalle à Bank of America, pour 21 milliards de dollars, annoncée lundi en même temps que l’accord avec Barclays. La maison de courtage Collins Stewart, elle y voit « une pilule empoisonnée » contre RBS, puisqu’il s’agit de l’actif qui intéresse le plus la banque écossaise. Barclays a souligné lundi que la fusion avec ABN ne se ferait qu’en cas de vente de LaSalle, et le consortium RBS au contraire ne fera une offre formelle que si LaSalle n’est pas vendue. Or, les termes de cette vente, révélés hier par ABN, paraissent très en faveur de Bank of America : un éventuel autre acheteur de LaSalle aurait jusqu’au 6 mai pour faire une offre supérieure à 21 milliards de dollars, à la suite de quoi, dans les cinq jours suivants, il suffirait à Bank of America d’égaler cette contre-offre pour l’emporter. Lundi, ABN et Barclays ont tenté de convaincre leurs actionnaires en leur promettant 12 milliards d’euros de rachats d’actions après la cession de LaSalle. Le fonds spéculatif TCI, actionnaire d’ABN Amro avec quelque 3 % et déterminé à tirer le meilleur prix d’une vente d’ABN Amro, à laquelle il pousse sans relâche depuis deux mois, a salué hier « l’offre convaincante » du consortium. TCI a estimé que la direction d’ABN « devait laisser au consortium le plein accès à ses livres de comptes immédiatement », comme il le demande, et « recommander cette offre ». TCI a aussi réclamé à ABN Amro « de mettre fin à la vente de LaSalle » à Bank of America.

Une bataille bancaire d’une ampleur sans précédent s’est ouverte hier autour de la banque néerlandaise ABN Amro, promise lundi à la britannique Barclays, mais pour laquelle trois autres banques européennes proposent désormais 72,1 milliards d’euros.
Ce consortium emmené par la numéro deux britannique, Royal Bank of Scotland (RBS), comprend aussi la belgo-néerlandaise...