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Actualités - OPINION

Du péché par omission

Combien peu de gens ont conscience que ce péché existe, continuant à s’estimer « en règle » du moment qu’ils n’ont fait de mal à personne ? Pourtant, il suffit de se référer à l’Évangile pour voir que le fondateur de notre religion n’est pas tendre pour ce genre de prétendus fidèles. Citons d’abord la parabole dite « des talents » : le serviteur qui, ayant reçu de son maître le « talent », l’a caché sous terre pour le lui restituer intact à son retour. Il reçut un châtiment sévère pour son omission d’avoir fait fructifier ce talent. Plus loin, il y a l’exemple du riche qui faisait bombance chaque jour, omettant de se rendre compte qu’à sa porte, il y avait le pauvre Lazare couvert d’ulcères. On sait la fin du parcours de ce riche qui, pourtant, aurait pu plaider : « Mais je n’ai fait de mal à personne… » Ici, par les temps troublés que nous vivons, il y a de graves applications de cette notion de péché par omission. Prenons le manifeste, tant attendu, des évêques du 5 avril. Le paragraphe 2 est intitulé : « Cessation de toutes pratiques non démocratiques ». Il y est confirmé que « toutes les forces politiques doivent être liées par les principes et les bases sur lesquels sont édifiés le Liban et son système politique. Elles sont tenues de s’en remettre aux institutions constitutionnelles qui forment le cadre sain pour le débat politique. Celles-ci doivent nécessairement abriter le processus politique, loin de toute anarchie et crispation. L’Église maronite demande à toutes les forces politiques de cesser de paralyser le rôle de ces institutions en y substituant des agissements non démocratiques. De tels agissements provoquent une crise économique aiguë étouffante et favorisent l’exode d’un nouveau lot de forces vives libanaises à la recherche d’un gagne-pain, paralysant l’activité industrielle, commerciale et touristique ». Il y a, là, une condamnation manifeste de l’occupation par la force du domaine public et privé dans le centre-ville, provoquant une paralysie économique qui, en frappant la capitale, se répercute sur l’ensemble du pays. Outre que c’est une violation flagrante de la propriété et une entrave au travail des citoyens et à leur gagne-pain. Il est opportun de noter, à ce stade, la réplique nette de l’opposition : le Hezbollah, pour éviter de heurter de front la hiérarchie chrétienne, en a chargé le général Aoun, son fer de lance, lequel s’en est acquitté dans L’Orient-Le Jour du 20/4/07 (p.3), deux semaines après la publication du manifeste : « Le sit-in de l’opposition n’a rien paralysé et se poursuivra jusqu’à la fin de la crise. » C’est une façon tranchante de narguer l’assemblée des évêques qui avait déclaré d’entrée de jeu : « L’Église maronite ne saurait se permettre de rester les bras croisés face aux graves développements au Liban et dans la région, eu égard aux périls qui menacent le pays et son unité, tout comme ils menacent les chrétiens » (L’Orient-Le Jour du 5 avril, p.2). D’autres paragraphes du manifeste traitent de questions primordiales, comme le respect des traités (pacta sunt servanda) et le pluralisme au Liban, la crise gouvernementale, la loi électorale, la présidence de la République et, enfin, une situation requérant la plus urgente célérité, à savoir la paralysie du régime parlementaire, l’une des bases du Liban. Il est intolérable que la Chambre des députés soit bloquée, dans le coma, par la volonté d’un seul homme, avec l’appui d’un parti qui se prépare à imposer son hégémonie sur le pays. Il est fort louable que le manifeste ait signalé ces dangers menaçants avec une telle clarté. Mais voilà déjà bientôt trois semaines écoulées depuis sa publication et le processus destructeur poursuit ses ravages. Or, après avoir dénoncé des actes attentatoires aux lois célestes et terrestres ainsi que le malheur des gens en train d’être ruinés par la force brutale des envahisseurs, il est essentiel de continuer un « suivi », une poursuite des responsables, qui ne doit pas s’arrêter avant que justice soit faite et les droits des gens restitués. Sinon, on n’a rien fait, le manifeste aura été comme un combat d’arrière-garde, pour l’honneur. Ici, revient à la mémoire cette interrogation formulée par Jean Racine ( Athalie ) : « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? » Il est donc respectueusement demandé aux titulaires de l’autorité morale, bien que ne disposant pas de « divisions » selon la conception de Staline, de continuer à interpeller hautement les fauteurs de cette dégradation, et ce jusqu’à obtenir la cessation de l’iniquité, dont les victimes élèvent la voix criant justice jusqu’au ciel. Albert SARA Avocat

Combien peu de gens ont conscience que ce péché existe, continuant à s’estimer « en règle » du moment qu’ils n’ont fait de mal à personne ?
Pourtant, il suffit de se référer à l’Évangile pour voir que le fondateur de notre religion n’est pas tendre pour ce genre de prétendus fidèles. Citons d’abord la parabole dite « des talents » : le serviteur qui, ayant...