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Éclairage L’issue de la « bataille d’el-Qaëda en Irak » inquiète le Maghreb

Une éventuelle victoire d’el-Qaëda en Irak aurait de graves répercussions au Maghreb et montrerait la voie aux groupes jihadistes qui lui sont dévoués dans la région, estiment des analystes marocains. Après les attaques en mars et avril à Casablanca (Maroc) et à Alger, les services de sécurité maghrébins poursuivent leurs efforts pour arrêter les membres des groupes jihadistes. Des responsables, comme le ministre marocain de la Communication Nabil Benabdellah, affirment que la lutte contre le terrorisme est d’abord « idéologique et culturelle ». Plusieurs analystes estiment toutefois que la menace vient de l’extrémité orientale du monde arabe. « L’Irak est devenu une université du martyre », estime Mohammad Tozy, professeur de sciences politiques à l’université Aïn-Chok de Casablanca, reprenant l’expression du chef d’el-Qaëda en Irak, Abou Omar Baghdadi. « Nous annonçons la sortie, pour la première fois dans l’histoire de l’Irak, du premier groupe de lauréats d’officiers du jihad qui sont d’un haut niveau international », avait déclaré Baghdadi, chef de « l’État islamique d’Irak », dans un enregistrement diffusé mardi dernier sur Internet. « Si l’Afghanistan était une école qui a produit les combattants d’el-Qaëda, c’est en Irak que se trouve l’université », avait-il ajouté. « L’Irak est devenu un terrain d’expérimentation en taille et temps réels et l’Irak sert désormais de modèle » pour les jihadistes, ajoute M. Tozy, qui note que « se balader en permanence avec une ceinture d’explosifs est un mode opérationnel signé Zarqaoui ». Abou Moussab Zarqaoui, chef d’el-Qaëda en Irak, a multiplié les opérations kamikazes jusqu’à sa mort dans un bombardement américain en juin 2006. « La plupart des jihadistes salafistes accordent maintenant la priorité à l’Irak. S’ils gagnent, ils élargiront leur champ de bataille au Maghreb, et s’ils échouent, le salafisme jihadiste devra normalement reculer », estime-t-il. Ce point de vue est partagé par Mohammad Darif, professeur de sciences politiques à l’université de Mohammedia, qui estime que « ce qui se passe au Maghreb ne peut être isolé de ce qui se déroule dans d’autres pays ». « À partir de 2004 et de la structuration d’el-Qaëda en Irak par Zarqaoui, cette organisation a revu sa stratégie. Elle a décidé qu’au lieu de disperser ses efforts dans la lutte contre plusieurs régimes arabes, elle doit les concentrer sur l’Irak », estime M. Darif. « Pour el-Qaëda, instaurer l’État islamique dans le monde arabe commence d’abord par un État islamique en Irak », ajoute M. Darif. Entre 2004 et 2006, les organisations liées à el-Qaëda au Maghreb se sont focalisées sur le recrutement de combattants pour l’Irak, affirme-t-il. Les autorités marocaines ont d’ailleurs démantelé durant les trois dernières années 16 cellules qui cherchaient à envoyer des combattants en Irak, la dernière étant celle de Tétouan (Nord) démantelée au début de 2007. « Le Maroc demeure encore pour el-Qaëda une base arrière de soutien logistique à l’Irak », affirme ce spécialiste. Les dernières explosions à Casablanca constituent « une réaction au démantèlement de cellules après une coopération avec l’Algérie, la Mauritanie et des pays européens », ajoute M. Darif. « C’est aussi un message aux autorités marocaines disant : “ Vos informations sont lacunaires puisque les jeunes qui se sont fait exploser le 14 avril près du consulat général des États-Unis ne figuraient sur aucune liste de recherchés ” », conclut-il.

Une éventuelle victoire d’el-Qaëda en Irak aurait de graves répercussions au Maghreb et montrerait la voie aux groupes jihadistes qui lui sont dévoués dans la région, estiment des analystes marocains.
Après les attaques en mars et avril à Casablanca (Maroc) et à Alger, les services de sécurité maghrébins poursuivent leurs efforts pour arrêter les membres des groupes...