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La presse officielle relève le « peu d’enthousiasme » des électeurs En l’absence de réformes politiques, l’opposition boycottera les législatives syriennes

Le Parlement syrien sera renouvelé dimanche et lundi lors des deuxièmes élections législatives depuis l’accession au pouvoir du président Bachar el-Assad en 2000, un scrutin boycotté par l’opposition. Plus de 9 000 candidats briguent pour quatre ans les 250 sièges de députés, dont 167 sont réservés à la coalition au pouvoir, le Front national progressiste (FNP), dirigée par le puissant parti Baas auquel sont dévolus 131 sièges. Les 83 sièges restants reviennent à des candidats « indépendants », dans les faits souvent des hommes d’affaires et industriels proches du pouvoir. L’élection des députés, en un seul tour, s’annonce en outre sans suspense dans ce pays où le FNP a remporté toutes les législatives depuis sa formation en 1973. Le parti Baas est au pouvoir en Syrie depuis 1963. Les mouvements d’opposition, tolérés mais sans existence légale, ont choisi le boycott en faisant valoir que « les promesses officielles » de réformes politiques faites dès 2000 et qui leur auraient permis d’avoir un poids réel sont restées lettre morte. Pour justifier cette absence de réformes, les officiels syriens invoquent les pressions internationales. « Le moment n’est pas favorable », répètent-ils, soulignant que la priorité doit être donnée à « l’unité nationale face aux défis extérieurs ». « La Syrie a choisi d’organiser les élections en leur temps en dépit des pressions politiques et de l’occupation (américaine) en Irak », a expliqué à l’AFP le député islamiste Mohammad Habache, candidat « indépendant » à Damas. Dans des encarts publicitaires, le ministère de l’Intérieur a invité les électeurs à « exercer leur droit et leur devoir en se rendant aux urnes pour élire les citoyens compétents ». La presse officielle a fait état néanmoins du « peu d’enthousiasme » des électeurs, au nombre de 12 millions sur 19 millions d’habitants. « Les élections de l’Assemblée du peuple : de belles photos, de grandes banderoles sans programmes », titrait récemment le journal gouvernemental Techrine en décrivant la débauche de couleurs, de panneaux publicitaires, de banderoles couvrant les rues. « On n’a plus confiance en personne, ce sont tous des voleurs, je n’irai pas voter », affirme d’ailleurs Hassan, un chauffeur de taxi qui dit vouloir même « brûler » sa carte d’électeur. « Tout le monde sait d’avance que la liste du FNP remportera le scrutin », lance Sara, une étudiante en journalisme. Certains jugent « inutile » de voter, d’autres ne se sentent « pas concernés ». Les uns ont « perdu leur carte d’électeur », d’autres ne l’ont « jamais demandée ». L’absence de programme chez la plupart des candidats, de surcroît, dissuade nombre d’électeurs. « Cette campagne se résume à des noms, des portraits colorés et de beaux slogans qui se répètent, alors que les candidats, la plupart des hommes d’affaires connus pour être corrompus, sont dépourvus de tout programme », regrette Waël, un jeune commerçant. « Éradiquons la corruption et élevons le niveau de vie du peuple ! » proclame l’un des slogans. « Ils devraient plutôt dire : éradiquons le peuple et élevons le niveau de la corruption », ironise Rami, un jeune instituteur au chômage. Tentant de surfer sur cette vague de désillusions, l’ancien député syrien d’opposition Ma’moun Homsi a appelé hier ses compatriotes à boycotter les législatives. « Ce sont les services de sécurité qui mènent la campagne électorale alors que les intellectuels, les hommes politiques et les hommes de loi croupissent en prison », a indiqué M. Homsi dans un communiqué transmis à l’AFP à Beyrouth. « Je joins ma voix à celle de mes frères dans l’opposition pour vous appeler à ne pas participer à ces élections en vue de prouver au monde qu’elles sont illégitimes », a indiqué l’ex-député réformiste de Damas, actuellement à Beyrouth. Critiquant l’absence de programmes électoraux chez les candidats, il a estimé que ces élections n’étaient que des « préparatifs pour une présidentielle non constitutionnelle et contraire aux principes selon lesquels il appartient au peuple de choisir ses dirigeants ». Un référendum pour un nouveau mandat de sept ans du président Bachar el-Assad est prévu après les législatives, à une date non encore précisée. Cet ex-député avait été arrêté avec une dizaine d’opposants en 2001, après le « printemps de Damas », brève période de relative liberté d’expression qui avait suivi l’accession de Bachar el-Assad à la présidence en 2000 après le décès de son père Hafez el-Assad. M. Homsi avait été ensuite condamné à cinq ans de prison par la cour pénale pour avoir voulu « changer la Constitution de manière illégale ». Il a été libéré en 2006 puis a quitté la Syrie. À Damas, le FNP présente 16 candidats, dont le président du Parlement sortant Mahmoud el-Abrache, les secrétaires généraux des deux partis communistes syriens, Ammar Bakdache et Hunein Nimr, le président de l’Union des étudiants Ammar Saati. Le Premier ministre Mohammad Naji Otri est candidat du FNP à Alep (Nord). Un millier de femmes figurent parmi les candidats. Le Parlement sortant compte 30 femmes. Les États-Unis ont mis en doute l’équité des élections. « C’est triste, mais l’histoire ne nous permet pas de conclure que nous pouvons espérer des législatives libres et équitables » en Syrie, a déclaré le porte-parole du département d’État. Créé en 1971, le Parlement désigne le candidat à l’élection présidentielle, discute de la politique gouvernementale, approuve les lois et le budget.

Le Parlement syrien sera renouvelé dimanche et lundi lors des deuxièmes élections législatives depuis l’accession au pouvoir du président Bachar el-Assad en 2000, un scrutin boycotté par l’opposition.

Plus de 9 000 candidats briguent pour quatre ans les 250 sièges de députés, dont 167 sont réservés à la coalition au pouvoir, le Front national progressiste (FNP),...