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Actualités - OPINION

Tribunal - Des menaces très surprenantes Prophètes de malheur Jean ISSA

On en reste baba, bouche bée, ébahi, éberlué. Les prosyriens, ils disent, ils prédisent, ils préfacent, ils menacent : le tribunal sous chapitre VII, c’est la guerre civile. Mais pourquoi, bon Dieu, Dieu du ciel ? Un tribunal, à tout prendre qu’est-ce ? La justice rendue, ou l’injustice des vendus. Le TPI pour la Bosnie, ou le Vichynski des purges staliniennes de 1936. Dans les deux cas, il ne s’est jamais vu dans l’histoire, nulle part, que l’on fasse la guerre pour un tribunal, vrai ou faux. Ni au voisin ni, a fortiori, à soi-même. On se bat pour la survie, pour un territoire, pour le pouvoir ou la puissance, pour une idéologie, pour des intérêts économiques ou autres. Rien qui se rapporte au judiciaire, au juridique, au légal. De fait, l’on ne voit pas en quoi le tribunal touche au contentieux politique local. Qu’il soit déclaré et ponctuel, comme la triple question du gouvernement, du Parlement et de la présidence de la République. Ou sourd, lourd et à terme, comme la remise en cause du pacte national dit de Taëf. La Syrie Il est évident, dès lors, que si le tribunal est porteur d’une quelconque charge politique, c’est seulement au niveau régional. Autrement dit, mais est-il besoin de le souligner, que la Syrie n’en veut pas. Parce que, par sa seule existence, il mettrait son régime en péril. Tant du fait de certains de ses propres cadres, qui se soulèveraient s’ils devaient être poursuivis en justice, même uniquement intra-muros, comme le leur promet Assad. Que du fait d’une montée en puissance d’une large opposition populaire, se fondant sur une forte majorité sunnite marginalisée, discriminée. Cette double réalité, que le Liban politique n’est pas concerné, contrairement à une Syrie (qui prétend ne pas l’être), seul l’avisé Hassan Nasrallah semble la réaliser dans les rangs de la contestation. D’abord, il affirme qu’en aucun cas, il ne doit y avoir de guerre civile. Ensuite, il reconnaît en effet que le tribunal est maintenant, après le renvoi de la balle au Conseil de sécurité par la majorité, retiré du bazar interne. En tirant logiquement cette conséquence : puisque la minorité ne dispose plus de cette carte de pression pour obtenir le tiers de blocage, eh bien, il faut oublier la question du gouvernement et passer aux législatives anticipées. Mais, assez étrangement étant donné que le sayyed est reconnu comme le principal décideur du camp opposant, il ne se trouve pas du tout suivi sur la « voie nouvelle » par les autres pôles du 8 Mars. En fait, même ses propres lieutenants continuent à agiter le spectre de la guerre civile. Qu’est-ce à dire ? Selon certains, la contradiction révèlerait des tiraillements cachés entre prosyriens et pro-iraniens. Ces derniers, suivant les pressantes recommandations de Téhéran qui s’est solidement entendu à ce sujet avec les Saoudiens, ont une priorité : ne permettre en aucun cas aux tensions entre chiites et sunnites de dégénérer. Ce qui serait, évidemment, inévitable non seulement si une guerre civile devait éclater. Ou si même l’on s’en rapprochait un peu trop, avec une multiplication des incidents de rue genre 23-25 janvier. Par contre, s’il est vrai que Damas tient à ménager l’Iran, mais également Ryad (comme semblent l’indiquer des attentats réservés aux seules régions chrétiennes), prévenir un choc entre sunnites et chiites, que cela soit au Liban ou en Irak, n’est pas vraiment le premier de ses soucis. Ce qui explique pourquoi ce sont ses partisans directs qui profèrent des menaces de guerre civile. Ce qui est un peu étonnant, c’est qu’en ce faisant, ils montrent non seulement qu’ils font passer les intérêts de la Syrie avant ceux de la patrie, mais aussi qu’ils sont prêts à sacrifier les leurs propres à l’autel de leur fidélité, de leur allégeance à Damas. Car dans le temple effondré, réduit en cendres et en ruine, quels marrons pourraient-ils encore tirer du feu ?
On en reste baba, bouche bée, ébahi, éberlué. Les prosyriens, ils disent, ils prédisent, ils préfacent, ils menacent : le tribunal sous chapitre VII, c’est la guerre civile. Mais pourquoi, bon Dieu, Dieu du ciel ? Un tribunal, à tout prendre qu’est-ce ? La justice rendue, ou l’injustice des vendus. Le TPI pour la Bosnie, ou le Vichynski des purges staliniennes de 1936.
Dans les deux cas, il ne s’est jamais vu dans l’histoire, nulle part, que l’on fasse la guerre pour un tribunal, vrai ou faux. Ni au voisin ni, a fortiori, à soi-même. On se bat pour la survie, pour un territoire, pour le pouvoir ou la puissance, pour une idéologie, pour des intérêts économiques ou autres. Rien qui se rapporte au judiciaire, au juridique, au légal.
De fait, l’on ne voit pas en quoi le tribunal touche au contentieux...