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CIMAISES Une artiste de l’Alaska découvre les vestiges de sa culture en France

C’est dans un musée français qu’Helen Simeonoff, une artiste d’un peuple d’Alaska, a découvert les vestiges de sa culture, pratiquement disparus après la colonisation russe. «Je n’avais jamais vu les objets de ma culture avant. Voir toute votre culture étalée devant vous, c’est impressionnant», dit à l’AFP Helen Simeonoff. Des masques, des instruments de chasse, des coiffes de perles et d’autres objets sont exposés au château-musée de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Ils ont été rapportés en 1871 par Alphonse Pinard (1852-1911), linguiste et ethnologue français, de son voyage sur l’archipel de Kodiak, au sud de l’Alaska (nord-ouest), où vivent depuis plusieurs milliers d’années les Sugpiak, un peuple de pêcheurs. Alphonse «Pinart était allé dans le village de ma mère (...) et je me suis demandé qui, de mes ancêtres, avait confectionné cette coiffe de perles?» ajoute Mme Simeonoff. Le musée possède une collection exceptionnelle de plus de 80 masques, insolites, parfois très colorés et audacieux dans leur forme, jusqu’à être cocasses. Mme Simeonoff a été la première artiste sugpiak à admirer la collection du musée il y a six ans. C’est tout à fait par hasard qu’elle en entend parler. Il lui aura fallu quatre ans pour économiser l’argent du voyage et un séjour d’une semaine à Boulogne-sur-Mer. Mais depuis, d’autres personnes partagent son expérience, rapportant de leurs pèlerinages à Boulogne-sur-Mer l’histoire de leur tribu, des photos et l’inspiration pour créer des œuvres d’art et objets traditionnels. De son côté, le musée porte un nouveau regard sur les œuvres. «Depuis un siècle, les Européens et les Français les ont vraiment regardées uniquement comme des objets d’art. Les surréalistes ont visité Boulogne en 1937, André Breton par exemple. Elles ont été beaucoup exposées à Paris aussi, mais toujours dans un contexte artistique», dit Anne-Claire Laronde, directrice du musée. Mais «on a commencé depuis l’an dernier à travailler avec les Américains pour changer ce regard, pour les présenter d’une manière plus culturelle», ajoute-t-elle. Une grande partie de la collection retournera en mai en Alaska, dans le cadre d’une exposition temporaire qui devrait émouvoir le peuple Sugpiak (également appelé Alutiiq). Plus de 90% de la tribu a disparu dans les années qui ont suivi la conquête russe. Ce qui restait de rituels et de traditions orales, telles que légendes et chants, jugés païens, a été abandonné sous l’influence des prêtres orthodoxes, explique Sven Haakansan, ethno-archéologue. Les Sugpiak ont été contraints d’emprunter la culture d’autres peuples des terres intérieures de l’Alaska, moins durement touchés par la colonisation. La collection au musée de Boulogne-sur-Mer «est très importante pour nous parce que c’est la seule collection de masques alutiiq qui nous révèlent les légendes et chants» des Sugpiak, dit Sven Haakansan, directeur du musée sugpiak à Kodiak. Désormais, «nous pouvons honorer qui nous sommes en tant que tribu unique en Alaska. Au lieu d’emprunter à d’autres cultures, nous avons la nôtre», ajoute-t-il. «Grâce à M. Pinart (...) je suis entière. Je ne suis plus un emprunt. Je sais qui je suis et nous étions bons!» s’exclame Helen Simeonoff.

C’est dans un musée français qu’Helen Simeonoff, une artiste d’un peuple d’Alaska, a découvert les vestiges de sa culture, pratiquement disparus après la colonisation russe.
«Je n’avais jamais vu les objets de ma culture avant. Voir toute votre culture étalée devant vous, c’est impressionnant», dit à l’AFP Helen Simeonoff.
Des masques, des instruments de chasse, des...