Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Bassam Geitani à la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 28 avril Improvisations marquées au fer rouillé

Dix grandes toiles rousses déclinent leurs couleurs et leurs textures étranges à la galerie Janine Rubeiz, Raouché. Le thème de l’exposition, «Sueurs d’acier», donne le ton: contre l’esprit de sérieux d’une certaine peinture formaliste, le travail de Bassam Geitani est à la fois un jeu détonnant des matières et une immersion dans un monde fascinant et merveilleux. Il a délaissé les pinceaux depuis belle lurette. Du moins, c’est ce que le travail de Bassam Geitani laisse suggérer. Il a également décidé de ne délivrer aucun message personnel en pièce jointe à son œuvre. L’artiste, adepte des improvisations sur toiles, observe la matière, l’écoute avec grande attention, puis lui donne la parole. Car la matière, ici, possède son langage. Un langage qui lui est propre et que Geitani tient à respecter. «Chacune de mes œuvres est une expérimentation personnelle avec un matériau choisi que j’essaye d’explorer par des moyens limités en rejetant toute convention technique et formelle», écrit-il sur une note explicative. Il trouve alors «une manipulation qui est homogène avec la nature du matériau». Muni de ce bagage explicatif, on observe les œuvres géantes de l’artiste. Lors de ses précédentes expositions, l’artiste donnait à voir des toiles entrecoupées de traits blancs horizontaux ou verticaux, résultat d’un processus qui consiste à plier le papier, y déverser la matière puis dépliage, façon test de Rorschach. Avec Geitani modèle 2007, l’équation physique est toute simple. Prenez le fer par exemple. Mettez-le dans de l’eau. Il rouille. C’est ce jus-là que l’artiste coule sur sa toile. Pour le spectateur interloqué, fasciné, le résultat est là. Il nous laisse perplexes. Mais comment fait-il? C’est la première interrogation qui nous traverse l’esprit. On a envie de ne pas sonder l’œuvre, de ne pas chercher à savoir le comment du pourquoi, à laisser la magie de cette couleur rouille planer sur la surface. On voudrait ne pas comprendre par quel moyen ces chiffonnades, ces empreintes, ces ombres de formes multiples ont été créées. Laisser planer le mystère? Mais que fait ce bout de poil accroché entre le jus de rouille et le vernis transparent de la toile? Tombé par hasard, au cours d’une manipulation de l’artiste qui a décidé de le laisser tel quel, exprimant par sa seule présence toute la démarche aléatoire du processus de création. «Impossible de séparer la forme de la couleur, puisque le matériau que je manipule impose ses lois et ses originalités. À partir de là, je trouve que mes œuvres se réunissent sur leurs propres réalités et qu’elles sont composées de durée, de hasard et de brut.» Pour ne pas succomber à la tentation du beau et du décoratif, il procède d’une manière brève et rapide. «Ce qui m’intéresse dans tout cela, c’est l’incertitude du résultat.» Aux dernières nouvelles de l’artiste qui, après un long séjour à Paris, enseigne aujourd’hui à la LAU: une acquisition par le British Museum (département Asie) de la toile Cuneiforme II, précédemment accrochée au musée Sursock lors de l’exposition «Pinceaux pour plumes» organisée par la galerie Janine Rubeiz au profit de la Fondation libanaise de la Bibliothèque nationale. Et la vente de quelques-unes de ses œuvres lors des enchères organisées par Christie’s Dubaï en février 2007. À la galerie Janine Rubeiz, jusqu’au 28 avril, sous les couches d’acrylique, au cœur des coulures, les accidents de la matière accrochent le regard et l’imagination… Maya GHANDOUR HERT

Dix grandes toiles rousses déclinent leurs couleurs et leurs textures étranges à la galerie Janine Rubeiz, Raouché. Le thème de l’exposition, «Sueurs d’acier», donne le ton: contre l’esprit de sérieux d’une certaine peinture formaliste, le travail de Bassam Geitani est à la fois un jeu détonnant des matières et une immersion dans un monde fascinant et merveilleux.

Il a...