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Les Fouad de mon pays Maria CHAKHTOURA

Fouad, 26 ans, a quitté le pays. Parti faire son avenir sous d’autres cieux plus accueillants, plus prometteurs. Un drapeau libanais, avec une valise de voyage en guise de cèdre, tapisse le fond d’écran de son ordinateur. Un nouveau drapeau que beaucoup de jeunes semblent désormais exhiber sur leur laptop, avec une profonde amertume. Pourtant, le jour de son diplôme et prêts à de gros sacrifices, les parents de Fouad lui avaient proposé de s’établir à l’étranger. Le temps nécessaire pour éviter les affres d’un service du drapeau à la réputation, alors, si peu reluisante. Le choix de beaucoup d’autres jeunes avant qu’il ne soit mis un terme à cette mauvaise plaisanterie. « Inutile », avait-il répondu. « Partir maintenant, pour plusieurs années, c’est partir pour toujours. Moi, c’est ici que je veux vivre. Ne vous inquiétez pas, j’assume le service du drapeau. » Ce qui fut fait. Puis, le jeune homme avait commencé une vie active prometteuse, dans une solide entreprise, qui l’a vu, pendant près de deux ans, évoluer et s’épanouir jusqu’à ce fameux juillet 2006 et ses conséquences. Les questions sans réponse qui ont habité Fouad, depuis, l’ont décidé à partir. Il ne cherchait pas à savoir qui a tort ou qui a raison. Il voulait simplement comprendre pourquoi. Une montagne de pourquoi… Fouad aura été le dernier de ses nombreux amis à faire sa valise, la mort dans l’âme, comme le font tous les jours les Fouad de tous bords depuis cette fameuse date de juillet 2006. Les familles, elles, désemparées par cette débandade, comptent, pour la plupart, un ou plusieurs Fouad déjà, au retour si hypothétique. Un drapeau avec une valise de voyage en guise de cèdre. N’est-ce pas l’amer constat des jeunes et des moins jeunes qui désespèrent d’une ébauche d’horizon, d’un bout de tunnel, d’un semblant d’avenir digne, pour eux et pour les leurs, sur ce petit lopin de terre qu’on disait d’encens et de miel. Combien de Fouad faudrait-il encore avant d’endiguer cette hémorragie humaine qui saigne à blanc le pays.
Fouad, 26 ans, a quitté le pays. Parti faire son avenir sous d’autres cieux plus accueillants, plus prometteurs. Un drapeau libanais, avec une valise de voyage en guise de cèdre, tapisse le fond d’écran de son ordinateur. Un nouveau drapeau que beaucoup de jeunes semblent désormais exhiber sur leur laptop, avec une profonde amertume.
Pourtant, le jour de son diplôme et prêts à de...