Depuis trois ans, des cas d’eczéma de contact sont notés quelques jours après l’application du produit Gare aux tatouages éphémères au henné, responsables d’allergies graves RUBRIQUE RÉALISÉE PAR NADA MERHI

À l’approche de l’été, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) met en garde les consommateurs contre les tatouages temporaires noirs à base de henné, à l’origine de cas d’allergies cutanées potentiellement graves. Saisi à ce sujet, le Conseil de l’Europe a invité les autorités sanitaires des pays membres à informer les consommateurs de ces risques. L’Afssaps a annoncé hier le lancement d’une campagne, avant le retour des beaux jours. En France et en Europe, ces tatouages noirs temporaires sont en effet le plus souvent proposés aux vacanciers sur les plages, dans les centres de vacances ou sur les marchés et rencontrent beaucoup de succès, car leur coloration noire est plus appréciée que la teinte habituelle du henné qui varie du brun à l’orange. Depuis trois ans, des cas d’eczéma de contact surviennent quelques jours à quelques semaines après l’application de ces tatouages éphémères, contenant une substance illégalement ajoutée, la paraphénylènediamine (PPD) qui leur confère leur couleur noire. Pour les cosmétiques, la PPD est autorisée uniquement dans les teintures capillaires, à une concentration de 6 % maximum. Elle sert aussi à colorer des textiles notamment. Or, selon une enquête de la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) durant l’été 2005, de nombreux produits de tatouage temporaire à base de henné – commercialisés principalement sur le Net – contenaient de la PPD à des concentrations allant jusqu’à 26 %. La « cosmétovigilance » rapporte huit déclarations d’effets indésirables en 2004, neuf en 2005 et seize en 2006, des chiffres vraisemblablement en dessous de la réalité, compte tenu du caractère récent de ce dispositif de surveillance des cosmétiques, selon l’agence. Ces eczémas peuvent entraîner des réactions violentes, nécessitant parfois une intervention médicale urgente, voire une hospitalisation. Ils peuvent être limités à la zone tatouée ou s’étendre alentour, voire à tout le corps. « Ces réactions peuvent également conduire à une polysensibilisation, notamment à des caoutchoucs, colorants vestimentaires ou à des teintures capillaires et empêcher la pratique de certaines professions, comme celle de coiffeur par exemple », avertit l’agence. « Ces sensibilisations sont de plus en plus préoccupantes » car elles « affectent principalement des enfants ou des adolescents et sont susceptibles d’avoir des incidences dans leur vie quotidienne et/ou professionnelle » et ont un « caractère irréversible ». L’Afssaps va demander aux médecins dermatologues et généralistes d’informer leurs patients des risques liés à ces tatouages. Une affichette avertissant le public des risques de ces tatouages sera diffusée auprès des médecins, des agences de voyages et des offices de tourisme.