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Actualités - OPINION

La panne de la démocratie parlementaire Hinrich R. REINSTROM

Le journal L’Orient-Le Jour a publié le 28 février une remarquable interview du Dr Mario Haas, ambassadeur d’Allemagne, sur la situation politique actuelle au Liban. Je partage entièrement ses points de vue et je voudrais ajouter, pour compléter son analyse, un point important qui a été rarement évoqué dans les discussions des dernières semaines, sauf – à ma connaissance – par des leaders politiques comme Carlos Eddé et Nassib Lahoud : l’absence de l’Assemblée nationale dans le conflit des dernières semaines entre le Hezbollah et ses alliés, d’un côté, le gouvernement et les partis du mouvement du 14 Mars, d’un autre côté. Le Liban est une démocratie parlementaire. Cette institution doit représenter les droits et intérêts légitimes politiques des Libanais par le moyen d’un scrutin populaire représentant l’ensemble du peuple. La raison d’être du Parlement est d’être un intermédiaire entre le gouvernement et le peuple, de désigner un gouvernement sur la base d’une majorité et de rendre possible l’activité de l’opposition, constituée par la minorité au Parlement et qui a l’obligation de surveiller l’action du gouvernement, conformément aux lois et règles démocratiques. Si le gouvernement perd la confiance de la majorité du Parlement, il doit démissionner et l’Assemblée doit désigner un autre député pour former le nouveau gouvernement et obtenir la confiance du Parlement. Mais c’est toujours par le moyen de la majorité qu’un gouvernement peut être confirmé, ou renvoyé, mais jamais par la minorité ou par les manifestations de rue, parce que cela serait antidémocratique. De même, pour le fonctionnement de la démocratie parlementaire, il faut d’abord avoir une Constitution ; et c’est en fonction de l’élection d’un Parlement que l’on pourrait et devrait constituer un gouvernement. L’existence d’un Parlement sur la base de la Constitution est la condition nécessaire pour avoir un gouvernement constitutionnel et non l’inverse. Du reste, dans les États démocratiques, il y a une séparation des pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif, chacun indépendant des deux autres). Ainsi, comme la loi reste au-dessus de tous les individus et institutions, l’Assemblée législative vient avant l’Exécutif et l’inverse. Le président de l’Assemblée nationale aurait dû remuer ciel et terre pour que le Parlement remplisse sa fonction, assume ses responsabilités et fasse valoir, à l’intention du Hezbollah et des alliés de celui-ci, que ce n’est pas dans la rue mais dans l’enceinte du Parlement que les décisions politiques doivent être prises. Malheureusement, la passivité du Parlement a permis le désastre politique de ces dernières semaines. Peut-être que l’explication de la passivité du Parlement est-elle le fait du président de celui-ci, qui est responsable du bon fonctionnement de l’Assemblée et qui doit observer une certaine impartialité et, pour cela, être au-dessus des partis et députés. Mais si lui-même est le chef d’un parti politique, un des acteurs principaux dans la politique du pays, il est difficile de compter sur son impartialité. Je ne connais aucun pays d’Occident où cela serait possible. Hinrich R. REINSTROM Ancien directeur du Goethe Institut Article paru le Vendredi 9 Mars 2007
Le journal L’Orient-Le Jour a publié le 28 février une remarquable interview du Dr Mario Haas, ambassadeur d’Allemagne, sur la situation politique actuelle au Liban. Je partage entièrement ses points de vue et je voudrais ajouter, pour compléter son analyse, un point important qui a été rarement évoqué dans les discussions des dernières semaines, sauf – à ma...