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DÉFILÉS Extravagances d’hiver à Milan

La mode a ceci de merveilleux qu’elle n’a pas encore trouvé de rivale pour créer l’illusion d’un monde totalement sans souci. Les défilés de Milan pour l’automne-hiver 2008 ont rivalisé cette semaine d’extravagance, de luxe et de beauté pour offrir des images gracieuses et lisses du fameux «La-la land». Filiformes, les mannequins n’avaient pas eu le temps de s’adapter aux nouveaux critères antianorexie que les créateurs rechignent à appliquer. Fourrures et cuirs à profusion faisaient également fi des protestations des ligues de protection des animaux. Comme quoi, esthétique et politique n’ont jamais la même conception du « correct ». Gucci Gucci enveloppe de préciosités une femme inspirée de la photographe et mannequin américaine Lee Miller et lui fait la ligne longue et fine avec des jupes taille haute et des vestes courtes dont les manches trois quarts viennent caresser de souples gants de cuir. Peaux et pelages s’appliquent par touches dans la collection imaginée par Frida Giannini : les poignets et le col d’une petite veste d’autruche grise s’ourlent d’astrakan, un long manteau mélange les fourrures précieuses, un blouson affiche ostensiblement son vison. De frêles campanules vermillon et rouille égaient une robe-foulard en soie ou sont rebrodées sur une jupe de laine noire. Côté tissus lainés, les trenchs et les corsaires sont taillés dans un tweed à chevrons marron et gris. Le soir, la femme Gucci se glisse dans de longues robes noires, la taille prise dans de larges ceintures plaquées d’or. Les plissés et drapés sont retenus par des attaches de brillants portées sur le haut des épaules comme des épaulettes ou apposées au creux du décolleté. Roberto Cavalli Chez Roberto Cavalli, les femmes déambulent dans des vestes de satin crème ouvertes sur des chemisiers et de fines cravates coordonnées. Les pantalons se font cigarette ou bien s’élargissent sur les hanches en de gracieux jodhpurs. Entre « cowgirl » chic et tendre militaire, l’aventurière des grandes villes imaginée par Cavalli endosse aussi des sahariennes sable sur de fins treillis kaki, le tout coiffé d’un Stetson revisité ou d’un chapeau à larges bords qui ombre le regard. Pour le soir, le styliste de 66 ans sublime le corps avec de longues robes très appuyées en or lamé, miroir d’argent ou voile émeraude, qui plongent entre les seins et s’ouvrent vertigineusement dans le dos. Pour sa ligne bis, Roberto Cavalli a imaginé des robes noires ou chamarrées d’ocre et de bleu sombre qu’il fait dangereusement plonger dans le dos jusqu’à découvrir la naissance des reins. S’il joue avec les volumes en collant des manches bouffantes ou des cols énormes sur des petites robes près du corps, Cavalli s’amuse aussi avec les ors et les cuivres qu’il applique sur des cuirs mats travaillés en blouson perfecto ou en veste matelassée. Salvatore Ferragamo et Giorgio Armani La maison Salvatore Ferragamo joue sur le velours lisse, en touche glamour dans une robe bustier chocolat qui dégouline sur les reins, en application rayée sur une jupe en cuir noir, ou dans un tailleur pantalon réchauffé par un manteau d’astrakan. Sauf quelques touches de rose et de parme, la palette Emporio Armani se concentre sur le noir, le gris et le blanc qui habillent élégamment une femme aux jambes nues et aux chaussures plates. Pour sa ligne bis, le couturier Giorgio Armani sème les nœuds – au creux d’un bustier noir, sur le devant d’une robe bleu ciel strassée, à la naissance des épaules – et relève la taille d’un cran en la serrant dans des jupes qui montent largement au-dessus des hanches. Chez Giorgio Armani, les chaussures se font plates et les jambes restent nues pour ne pas voler la vedette à des robes et jupes qui bouffent et se resserrent juste au-dessus du genou. En velours noir ou en taffetas vert, outre de prendre du volume, les jupes montrent aussi parfois ostensiblement un ourlet retourné sur l’endroit. Pour le soir, le styliste, âgé de 72 ans, a imaginé des vestes miroir et des robes scintillantes entièrement rebrodées de sequins, paillettes et diamants noirs qui façonnent de belles sirènes, ou a simplement parsemé d’éclats de brillants un délicat jeu de bretelles. Armani est aussi parti à la chasse aux papillons et a ramené dans son filet d’étroites vestes noires rebrodées d’insectes gris, blancs et vieux rose, ou a encore accumulé une multitude de lépidoptères sur une cape ample jetée sur une petite robe noire. Dolce & Gabbana La femme D&G préfère s’envoler dans des robes longues et vaporeuses léopard qu’elle laisse flotter derrière elle, cheveux au vent et gros nœud coordonné noué autour du cou. Le léopard est partout, en plastron sur un petit pull noir, en ceinture sur une combinaison-pantalon noire zippée, appliqué sur un short minuscule ou encore en blouson floconneux porté sur... de longues jambes nues, seule excentricité pour cette saison de la ligne cadette lancée en 1993 par Domenico Dolce et Stefano Gabbana. Tout ce qui brille n’est pas seulement d’or mais aussi d’argent, de cuivre et de laiton pour Domenico Dolce et Stefano Gabbana dont la collection explore une nouvelle fois les ressources infinies des métaux précieux et de leurs reflets. Les robes-bustier sont découpées dans un cuir mordoré soigneusement froissé qui s’arrête juste au-dessous du genou pour laisser les jambes nues plonger dans de vertigineux escarpins argent, frôlés à chaque enjambée par une fine cravache négligemment tenue du bout des doigts. La mousseline, la gaze et le tulle sont partout : ils embrument une robe léopard ou voilent un délicat chemisier noir aux épaulettes de fourrure. Et pour le soir, l’amoureuse du style Dolce & Gabbana ne peut que scintiller et se glisser dans de longues robes brodées et bordées de brillants. Prada La femme, selon Prada, enfile comme une robe des pardessus masculins de laine foncée qui s’éloignent du corps et ne marquent pas la taille, ou alors se glisse dans des robes chasuble découpées dans du cuir brut et naturel, un casque d’aviateur vissé sur la tête. La styliste Miuccia Prada a travaillé à l’infini la laine qu’elle épaissit jusqu’à la rendre matelassée, avant de la recouvrir d’un enduit pour la faire briller : verts, orange, gris, les petits pulls et leur jupe coordonnée offrent une version moderne et épurée du tailleur. Au bas d’une veste gris foncé, Prada se plaît aussi à faire exploser de la soie verte qui, telle de l’acide, semble grignoter la laine et la gonfler d’un jeu de protubérances. Etro Pour défier le froid, l’élégante de chez Etro réveille ses vestes et pantalons de laine grise avec des touches minérales, ocre, vert émeraude, cuivre, moutarde, bronze, laiton, onyx. Dans un style très Art déco, les manteaux et tailleurs aux tons neutres se parent d’empiècements géométriques dorés, gris et noirs, les manches s’arrêtent aux coudes et s’ornent de revers de fourrure. Les bras se réchauffent sous de longs gants de cuir fauve, un cuir souple dans lequel la styliste trentenaire Veronica Etro a aussi découpé des jupes à larges plis bordeaux ou kaki. Fendi La femme Fendi ne sort pas sans sa fourrure et s’enveloppe dans des manteaux courts et volumineux portés sur des collants opaques noirs qui la font ressembler à un oiseau délicat. Elle aime aussi jouer les séductrices dans une minuscule robe taillée dans de l’astrakan noir portée avec des chaussures turquoise. Une petite robe se couvre entièrement de fines et longues lanières noires empruntées au plumage d’un mystérieux volatile noir, des plumes sont appliquées en finition sur de luxueuses pelisses, et des manches aux longues mèches de laine façon Yéti surgissent sous une fine robe noire aux surpiqûres apparentes. Ce soir, au septième jour de la présentation des collections milanaises pour l’automne-hiver 2007/2008, ce sera au tour de Versace, Missoni, Gianfranco Ferré et Blumarine de défiler, avant la clôture de la Semaine de la mode prévue demain matin.

La mode a ceci de merveilleux qu’elle n’a pas encore trouvé de rivale pour créer l’illusion d’un monde totalement sans souci. Les défilés de Milan pour l’automne-hiver 2008 ont rivalisé cette semaine d’extravagance, de luxe et de beauté pour offrir des images gracieuses et lisses du fameux «La-la land». Filiformes, les mannequins n’avaient pas eu le temps de...