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PHOTOS - Jusqu’au jeudi 22 février, à l’institut Cervantès (rue Maarad) «Atocha», de Hayat Karanouh, une gare de fer et de sang

Une gare: lieu mythique de départs et d’arrivées, d’embrassades et d’accolades, de saluts et d’adieux. La gare ferroviaire d’Atocha, plus particulièrement, est un lieu mémorable où toutes les émotions s’entremêlent. Victime le 11 mars 2004 d’attaques terroristes, inscrite dans l’histoire en lettres de sang, elle traîne désormais son long cortège de pleurs et de larmes. Aujourd’hui, Hayat Karanouh rend un vibrant hommage à cette gare dans une série de clichés, affichés jusqu’au 22 février à l’institut Cervantès. Ce sont quinze photos, de grand format (1m25 x 80cm), qui tapissent les murs de l’institut Cervantès. Une quinzaine de clichés en couleurs pris par Hayat Karanouk après la tragédie de la gare ferroviaire d’Atocha et qui rendent compte de la beauté des lieux malgré toutes les larmes versées. «J’avais déjà auparavant fait un projet sur les gares ferroviaires car l’ambiance qui y règne m’interpelle, confie la photographe. L’atmosphère est plus explicite et traduit, à mon avis, plus que les aéroports, le stress, l’attente et la notion de temps. À Atocha, il me semblait que ce temps déterminé par les aiguilles d’une horloge (toujours présente dans une gare) s’était soudain arrêté. Il me fallait, à mon tour, traduire cet arrêt du temps par des photos qui, après tout, fixent une pause. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis empressée d’aller sur place, trois mois après l’attaque terroriste, pour réaliser ce travail.» Lieu de retrouvailles et de séparation Hommage à la tragédie qui a secoué les lieux et à tous les départs éternels gravés en ce jour dans la mémoire collective, mais également un hommage à la beauté de cette gare ferroviaire centrale, inaugurée le 9 février 1851. Point d’arrivée et de transit des lignes de banlieue et des lignes régionales du sud de Madrid ainsi que des trains à grande vitesse venant de Séville et de Lérida, la gare d’Atocha est considérée comme une œuvre d’art de l’architecture ferroviaire du XIXe siècle. Cette première gare de Madrid, détruite en grande partie par un incendie, fut rebâtie en fer selon les plans d’Alberto de Palacia entre 1888 et 1892. Mais la dernière opération d’agrandissement, de modernisation et de rénovation, incluant un jardin tropical intérieur, est le travail de Rafaël Moneo. «Si toutes les attaques avaient réussi, affirme Karanouh, il n’y aurait plus eu une trace de ce bel édifice, car tous les trains, ce jour-là, convergeaient vers cette gare.» Économiste de formation (sciences économiques internationales à l’Université américaine de Paris), Hayat Karanouh a choisi de se consacrer à la photographie et d’en faire son métier. Après plusieurs expériences individuelles, son premier ouvrage publié à Dar an-Nahar (2001), Et le sourire survit, l’emmène sur les pas des habitants du Sud. En 2003, Lebanon Shot Twice, réalisé avec le photographe Zaven Kouyoumdjian, lui fait explorer le passé ainsi que le présent. Ce sera par la suite une double collaboration avec Alexandre Najjar, dans La Passion de lire et La Passion du football, qui la confirme dans sa propre passion. Médaillée par le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, et mention spéciale du jury aux IVe Jeux de la francophonie à Ottawa, Karanouh milite constamment par son art qu’elle définit comme apolitique, mais néanmoins porteur de message. Dix jours d’allers-retours, de matinées et de nuitées à scruter, observer, sonder les lieux ainsi que les êtres en partance et ensuite à sélectionner pour aboutir finalement à des représentations de structures architecturales et de charpentes humaines vibrantes. Un témoignage vivant qui a su défier le malheur et où il ne flotte plus une odeur de mort. Colette KHALAF
Une gare: lieu mythique de départs et d’arrivées, d’embrassades et d’accolades, de saluts et d’adieux. La gare ferroviaire d’Atocha, plus particulièrement, est un lieu mémorable où toutes les émotions s’entremêlent. Victime le 11 mars 2004 d’attaques terroristes, inscrite dans l’histoire en lettres de sang, elle traîne désormais son long cortège de pleurs et...