Rechercher
Rechercher

Actualités

La Maison-Blanche retarde le désaveu du Congrès sur l’Irak, mais se garde de pavoiser

Le président américain George W. Bush a réussi, à force de pressions sur les républicains, à repousser la menace d’un désaveu retentissant de sa politique irakienne par le Congrès, mais la Maison-Blanche se gardait hier de crier victoire, le risque demeurant entier. Une porte-parole de l’Administration a reconnu que celle-ci avait activement contribué à bloquer au Sénat le débat sur un texte dénonçant la décision de M. Bush d’envoyer 21 500 soldats américains supplémentaires en Irak. « Il s’agit de la politique du président, donc, évidemment, nous sommes engagés », a dit Dana Perino, sans reprendre à son compte le mot de « pressions » que la Maison-Blanche aurait exercées sur ses amis républicains pour qu’ils ne se joignent pas à la nouvelle majorité parlementaire démocrate dans la résistance à la stratégie présidentielle. Mme Perino a chiffré à 200 le nombre de parlementaires auprès desquels la Maison-Blanche était intervenue. Elle a parlé « d’opération vigoureuse » de l’assistante de M. Bush aux affaires législatives, Candi Wolff, pour diffuser un « double message » expliquant comment le président a pris sa décision et mettant en garde contre l’envoi d’« un signal brouillé » aux soldats américains sur le terrain. L’activisme de la Maison-Blanche, les calculs politiques et la perspective des élections présidentielle et parlementaires en 2008 ont prévalu lundi sur l’impopularité de la guerre quand les républicains ont enrayé le débat au Sénat sur un projet de résolution contre le nouveau plan pour l’Irak. Une dizaine de sénateurs républicains paraissaient susceptibles d’approuver le texte, corédigé avec les démocrates par un des plus éminents des leurs. Usant d’artifices parlementaires et jouant des divisions des démocrates, le chef de la minorité républicaine, Mitch McConnell, a fait en sorte que deux des siens seulement votent pour l’ouverture du débat, empêchant que les démocrates ne disposent du quorum requis. Dana Perino a refusé de dire que la résolution était « morte ». Elle s’est contentée d’affirmer que M. Bush soutenait le sénateur McConnell. Un haut responsable a indiqué que l’Administration n’avait pas « sabré le champagne » lundi soir et qu’il fallait « attendre pour voir ». Car le danger demeure. Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a lancé aux républicains : « Vous pouvez prendre le large, mais vous ne pouvez pas vous cacher (...) Notre débat sur l’Irak aura lieu. » Hier, MM. Reid et McConnell se sont rejeté les torts. M. Reid a accusé les républicains d’essayer de faire « diversion ». M. McConnell a placé les démocrates devant leurs contradictions internes en les mettant au défi de couper le financement de la guerre. Entre-temps, dénonçant le rôle joué par « l’incompétence » et le « népotisme » dans la débâcle irakienne, l’opposition démocrate au président Bush a ouvert hier au Congrès un examen sévère de la politique menée depuis 2003, avec pour première cible l’ex-administrateur civil Paul Bremer. C’est la première fois depuis plus de trois ans que M. Bremer, récompensé en décembre 2004 par une « médaille présidentielle de la liberté » décernée par le président George W. Bush pour les services rendus en Irak, était convoqué en audition parlementaire, pour ce qui a parfois pris l’allure d’un procès à charge. « Je crois que les préparations avant la guerre ne correspondaient pas à ce qu’il fallait », a déclaré M. Bremer. « Mon erreur a été de confier le processus de “débaassification” à des responsables irakiens, qui l’ont considérablement amplifié », a-t-il ajouté. Enfin, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a admis hier qu’il réfléchissait à des alternatives en cas d’échec de la stratégie du président George W. Bush en Irak. « Je déteste évoquer des choses hypothétiques, mais je peux certainement imaginer les circonstances dans lesquelles nous repositionnerons d’abord nos troupes pour les mettre en lieu sûr avant de voir ce qu’on peut faire », a dit M. Gates lors d’une audition devant la commission des Forces armées au Sénat.
Le président américain George W. Bush a réussi, à force de pressions sur les républicains, à repousser la menace d’un désaveu retentissant de sa politique irakienne par le Congrès, mais la Maison-Blanche se gardait hier de crier victoire, le risque demeurant entier.

Une porte-parole de l’Administration a reconnu que celle-ci avait activement contribué à bloquer au...