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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION Venise et l’Orient à l’IMA, jusqu’au 18 février Quelque chose en nous de vénitien

Entre le XIVe et le XVIIIe siècle, la Cité des Doges a échangé avec le Proche et le Moyen-Orient des marchandises, des diplomates et des artistes. Organisée par le Metropolitan Museum of Art et l’Institut du monde arabe, l’exposition qui se tient jusqu’au 18 février à l’IMA comprend quelque 200 objets d’art entre verreries, orfèvrerie, céramiques, peintures et livres. En provenance de collections vénitiennes prestigieuses et de différents musées, ils rendent compte de la fabuleuse odyssée entre l’Orient et l’Occident et de leurs destins mêlés. Enchevêtrées voire fusionnelles au point de ne plus savoir quelle civilisation d’entre les deux a exercé le pouvoir de fascination sur l’autre, les influences sont demeurées néanmoins ancrées dans les mœurs et les habitudes. L’exposition, qui couvre plusieurs siècles (du vol de la dépouille de saint Marc à Alexandrie en 828, à la dissolution de la République de Venise à la fin du XVIIIe siècle), s’ouvre sur un tableau du XVIe siècle, fait par un anonyme, représentant une audience d’une ambassade vénitienne dans une ville orientale. En effet, Venise avait été le premier pouvoir occidental à avoir eu des ambassades en Orient dès le Xe siècle. Elle en avait dans toutes les capitales du Moyen-Orient. Si elle couvrait les souverains de somptueux cadeaux, elle envoyait surtout des rapports détaillés sur la situation dans la région. Elle a en quelque sorte inventé la diplomatie et le renseignement moderne. D’autre part, le commerce n’a pas toujours été facile à maintenir. Ainsi, lorsque le pape lance un embargo sur l’Orient après la perte de la Terre Sainte par les Croisés, Venise réussit à maintenir ses bons rapports avec les puissances du Levant mais si elle se devait d’une certaine solidarité avec les puissances chrétiennes lors des croisades. En conséquence, elle sera la première cité européenne à comprendre et à apprécier la philosophie et la science islamiques, et à ouvrir un dialogue avec le monde musulman. Le Caire, Damas, ou bien encore Byzance-Constantinople sont les trois villes-phares avec lesquelles Venise entretient, dès le Moyen Âge, un commerce florissant. Dès la fin du XIIIe siècle, les palais dans la Cité des Doges commencent à se parer de tapis d’Orient, de soieries, de brocarts et de velours. Les sociétés musulmanes du Proche-Orient connaissent alors un degré de civilisation supérieur à celui des pays d’Europe occidentale. Venise va tenter de rivaliser avec ces villes de l’Orient et ses constructions vont rappeler les chefs-d’œuvre de l’architecture islamique, agrémentées de décors d’arabesques, de mosaïques, de petites niches et de découpes en arcs pointus. Des échanges à tous les niveaux L’artisanat, lui aussi, se voit imprégné par les apports orientaux. Ainsi les Vénitiens qui voyagent prennent goût aux objets et œuvres d’art qu’ils rapportent en Occident. Ils vont également importer les techniques des artisans dans les domaines de la verrerie, du métal et de la céramique. Les spécialistes, jusqu’à nos jours, ont de la difficulté à déterminer les lieux d’origine et de fabrication de ces objets. L’essor du verre de Murano en est le parfait exemple, puisqu’il a bénéficié de la connaissance de l’art du verre moyen-oriental. La céramique d’Iznik recueille, elle aussi, un tel succès à Venise que les artisans locaux se mettent à l’imiter, reproduisant ses motifs floraux. Côté peinture, on retrouve aussi l’influence de l’Orient dans les toiles italiennes. Les artistes vénitiens ont peint les dignitaires orientaux et des scènes d’Orient assez détaillées : costumes, ornements, décor... Le peintre Gentile Bellini a dû passer deux ans à Istanbul où il a fait le portrait du sultan Muhemet II en 1480. Cependant, il n’est pas dit que tous les peintres aient été à la rencontre de l’Orient. Les riches récits des commerçants ou négociants ont suffi à nourrir leurs fantasmes et leurs rêves. Preuve en est cette recomposition (imaginée) du décor de la ville de Damas qu’on retrouve dans la toile d’un anonyme, intitulée La réception des ambassadeurs vénitiens à Damas. Une exploration de deux grandes civilisations dont les répercussions sont visibles jusqu’à nos jours. C.K.
Entre le XIVe et le XVIIIe siècle, la Cité des Doges a échangé avec le Proche et le Moyen-Orient des marchandises, des diplomates et des artistes. Organisée par le Metropolitan Museum of Art et l’Institut du monde arabe, l’exposition qui se tient jusqu’au 18 février à l’IMA comprend quelque 200 objets d’art entre verreries, orfèvrerie, céramiques, peintures et...