Israël - L’ex-ministre de la Justice est un allié important d’Olmert Haïm Ramon reconnu coupable « d’acte indécent »

L’ancien ministre israélien de la Justice Haïm Ramon a été reconnu coupable hier d’acte indécent par le tribunal de district de Tel-Aviv, un verdict qui sonne le glas de la carrière politique de cette figure du parti Kadima du Premier ministre, Ehud Olmert. « Monsieur Haïm Ramon a été, à l’unanimité, reconnu coupable d’acte indécent », a déclaré à la presse la porte-parole du tribunal, Rivka Aharoni. La peine sera prononcée le 21 février. M. Ramon peut faire appel de ce verdict sous 45 jours. « Nous avons reconnu l’accusé coupable d’acte indécent après avoir examiné les preuves. Nous avons établi que la plaignante a dit la vérité », a affirmé la juge, Hayuta Kohan, qui présidait la séance. « Un baiser sur la bouche avec pénétration de la langue sans consentement est un délit (...) qui provoque le dégoût et la révulsion », a-t-elle ajouté en lisant le verdict. M. Ramon, 56 ans, était accusé d’avoir harcelé une jeune soldate et de lui avoir arraché contre son gré un baiser, le 12 juillet dernier. L’ancien ministre a démissionné le 20 août après que le procureur général de l’État eut décidé d’engager des poursuites judiciaires contre lui. Lors de son procès, ouvert à la mi-septembre, il a nié catégoriquement les charges retenues contre lui, affirmant que la jeune femme « avait essayé de l’enlacer et de flirter » avec lui. « Le Premier ministre Ehud Olmert a exprimé ses regrets après la condamnation de l’ancien ministre Haïm Ramon », a déclaré Miri Eisin, la porte-parole de M. Olmert. « Il va maintenant tâcher de pourvoir le portefeuille vacant dans son cabinet », a-t-elle ajouté. M. Ramon, un des principaux concepteurs de Kadima, devrait en cas d’acquittement être réintégré au gouvernement. « Il ne s’agissait pas du procès de Ramon mais de celui du gouvernement d’Ehud Olmert », a estimé Daniel Bensimon, analyste politique du quotidien Haaretz. « Ramon est celui qui a conçu ce gouvernement, et si l’architecte tombe, il y a un risque que l’ensemble de l’édifice s’écroule avec lui », a-t-il ajouté. M. Olmert espère qu’un remaniement pourra donner un coup d’arrêt à sa chute de popularité dans les sondages, une majorité d’Israéliens estimant qu’il devrait assumer la responsabilité des échecs de la guerre au Liban et démissionner. M. Olmert « prépare une série de modifications au sein du cabinet ainsi que dans la composition de plusieurs commissions du Parlement pour les prochaines semaines », avait affirmé à l’AFP, dans l’attente du verdict, un responsable israélien sous le couvert de l’anonymat. Selon les commentateurs, la priorité pour M. Olmert est de trouver un nouveau ministre de la Défense, pour remplacer le travailliste Amir Peretz, qui fait l’objet de vives critiques pour son inexpérience dans le domaine sécuritaire et sa gestion de la guerre au Liban. M. Peretz se verrait confier un important portefeuille social, plus dans ses compétences, selon les commentateurs. Le nom de l’ancien Premier ministre travailliste Ehud Barak, ancien chef d’état-major, qui brigue à nouveau la direction de son parti, circule avec insistance pour lui succéder à la Défense. M. Olmert doit en outre attribuer le portefeuille des Affaires sociales, resté vacant depuis la formation de son gouvernement début mai. Outre l’affaire Ramon, le pays est secoué par des scandales en série jusqu’à la tête de l’État, son président Moshe Katzav étant tombé en disgrâce à la suite d’accusations de viol, et M. Olmert faisant lui-même l’objet d’une enquête policière pour son rôle dans un scandale financier lié à la privatisation d’une grande banque.