CIMAISES Londres à travers le pinceau de Canaletto

Une quarantaine d’œuvres du maître italien Canaletto, réalisées lors de son séjour de neuf ans dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, sont exposées à la galerie d’art de Dulwich, dans le sud-est de Londres. «Tout le monde le connaît pour ses travaux sur Venise, mais il a vécu à Londres à l’époque où la ville était la plus grande du monde», a souligné Ian Dejardin, directeur de la galerie, lors d’une présentation à la presse. L’exposition se termine le 15 avril. Le visage de la capitale anglaise était alors en pleine mutation avec de nouvelles constructions, souvent audacieuses ou rococo, comme le pont de Westminster, les tours de l’abbaye de Westminster et la rotonde de Ranelagh. Un bonheur de détails dont Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto, était particulièrement friand. Véritable «peintre homme d’affaires», Canaletto était venu à Londres car son marché s’y trouvait et le conflit entre l’Italie et l’Autriche gênait considérablement ses affaires, a expliqué M. Dejardin. S’il travaillait essentiellement sur commande, Canaletto passait également des petites annonces dans les journaux, informant les lecteurs de la toile qu’il venait de réaliser, avec jour et heures de visites. C’est notamment le cas de sa toile consacrée à l’Esplanade des Horse Guards dont la caserne devait être détruite fin 1749. Le peintre avait supposé qu’un nostalgique aimerait conserver une représentation de l’ancien bâtiment et d’une partie de Downing Street, où se trouve le bureau du Premier ministre depuis 1730. Cette toile est aussi un bon exemple de la malice de Canaletto, qui n’a pas hésité à inclure des situations plutôt incongrues dans ce tableau à connotation officielle: deux hommes battent un tapis, une femme nettoie un rebord de fenêtre et, surtout, deux hommes urinent sur un mur. Deux toiles commandées par le duc de Northumberland, l’un des bienfaiteurs de Canaletto en Angleterre, mises côte à côte, donnent une vision panoramique des quais de la ville depuis l’abbaye de Westminster jusqu’à la cathédrale Saint-Paul. Le pont de Westminster est particulièrement présent, y compris pendant sa construction, avec des angles originaux comme La City vue au travers d’une des arches du pont de Westminster et son seau de chantier en forme de clin d’œil qui se détache dans le ciel. Particulièrement prolifique sur son nouveau sujet, Canaletto a quand même trouvé le temps de réaliser des représentations de Venise et des «capricci» ou fictions décoratives.