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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - Des écologistes soulignent les graves conséquences sur la pollution de l’air de ce moyen de contestation Pneus brûlés : la fumée n’est pas que politique, elle est aussi hautement toxique

Comme si les dégâts environnementaux de la guerre ne suffisaient pas, notamment la pollution de l’air qui a résulté du largage de très nombreux missiles israéliens sur différentes régions libanaises lors de la guerre de juillet, la fumée noire des pneus brûlés par les partisans de l’opposition durant la grève de mardi (et durant les affrontements de jeudi) est venue s’ajouter aux polluants en suspension dans l’air. Il n’est pas nécessaire d’être un expert environnemental pour se rendre compte combien cette fumée, noire et persistante, est asphyxiante. Déjà, le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), publié il y a quelques jours seulement, avait mis l’accent sur les « sérieux défis environnementaux » auxquels le Liban fait face depuis la guerre de l’été. Fallait-il les aggraver encore ? Ce sujet a été abordé sous un angle strictement environnemental hier par le président de l’ONG Nature sans frontières (NSF), Mahmoud Ahmadié, lors d’une rencontre avec la presse. « Chaque être humain a besoin d’inhaler sept litres et demi d’air par minute, ce qui équivaut à treize mètres cubes d’air par jour, a-t-il expliqué d’emblée. Que faire quand cet air est pollué ? Après les événements de mardi et de jeudi, les passants ne peuvent plus toucher quoi que ce soit dans les rues sans être salis par la suie, que dire alors de nos poumons ? » « Certains pensent que brûler des pneus est la solution pour couper des routes, a souligné M. Ahmadié. Loin de la politique, nous pourrions rappeler un incident qui s’est déroulé à Los Angeles en 1977, quand cette ville avait été recouverte d’une fumée similaire, a-t-il poursuivi. Cette fumée est formée de particules toxiques résultant de la combustion, et elle avait, cette année-là, causé six millions de cas d’asthme enregistrés. » L’écologiste a indiqué que le caoutchouc, lorsqu’il est brûlé, dégage des matières toxiques, notamment le monoxyde de carbone, qui cause des cas d’asphyxie. « La fumée provoque de nombreuses allergies, sans compter qu’elle véhicule des agents cancérigènes et autres matières toxiques, a-t-il ajouté. Le même phénomène a été constaté à Londres en 1955, provoquant des dizaines de milliers de cas de maladies différentes », a-t-il révélé. Et d’ajouter : « Nous mettons en garde contre l’utilisation de pneus brûlés, une méthode primitive qu’on n’utilise pas dans les pays démocratiques parce que les pays qui se respectent et respectent leurs citoyens recyclent les pneus usagés, alors que les Libanais les brûlent pour des objectifs politiques. Or, les résultats de cette action ne seront pas visibles à court terme mais à long terme, non seulement dans la capitale, mais aussi dans tout le Liban qui a été enveloppé par cette fumée. C’est une catastrophe écologique qui aggrave la pollution atmosphérique. » M. Ahmadié a souligné que la seule façon de réduire l’impact négatif de cette fumée serait... d’attendre que la pluie tombe et lave l’atmosphère, sous peine que les polluants dégagés restent très longtemps dans l’air. Mais même dans ce cas, ces polluants se retrouveront quand même dans le système écologique, dans le sol ou l’eau. « Que chaque citoyen qui brûle un pneu se souvienne qu’il est probablement en train de causer du tort à une famille libanaise, particulièrement les enfants qui sont les plus vulnérables, a-t-il souligné. Or, de telles nuisances affectent sans distinction opposants et loyalistes. » Particules dans l’air Pour sa part, le président de l’Union des associations d’environnement et de développement du Liban-Nord (Unadep), Mazen Abboud, a lui aussi soulevé le même problème dans un communiqué, soulignant que brûler des pneus « constitue désormais une menace pour la population et le pays d’un point de vue non seulement sécuritaire, politique et économique, mais aussi environnemental et sanitaire ». « Tout le monde est vulnérable à la détérioration de la qualité de l’air, qui a un impact considérable sur la santé, direct ou indirect, à court et à long terme », a-t-il poursuivi. La combustion des nombreux pneus dans les rues « a causé une grave crise écologique », a souligné M. Abboud. « Des gaz ainsi que de grandes particules ont été dégagés et peuvent rester durant des jours en suspension dans l’air », a-t-il poursuivi. Selon lui, les poumons sont le plus directement touchés, ce qui signifie que tous les organes vitaux du corps sont affectés. Sans compter qu’il s’agit d’un véritable fléau pour les asthmatiques et les personnes souffrant d’allergies ou de troubles pulmonaires, notamment les enfants et les personnes âgées. Comme conséquences à long terme, M. Abboud a évoqué le changement climatique, la pollution de l’eau de pluie et du sol, la détérioration de la vie végétale. Il a enfin conseillé à l’opposition « de choisir des méthodes de contestation plus conformes aux critères de protection de l’environnement et de la santé ».

Comme si les dégâts environnementaux de la guerre ne suffisaient pas, notamment la pollution de l’air qui a résulté du largage de très nombreux missiles israéliens sur différentes régions libanaises lors de la guerre de juillet, la fumée noire des pneus brûlés par les partisans de l’opposition durant la grève de mardi (et durant les affrontements de jeudi) est venue...