Actualités - OPINION
LE POINT Improbable paix Christian MERVILLE
Par MERVILLE Christian, le 23 janvier 2007 à 00h00
Il faut croire Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal quand ils parlent de « progrès considérables » réalisés à l’occasion de leur rencontre de dimanche,à Damas. Il faut croire aussi ceux qui ont parlé d’une réunion « peu fructueuse » entre les deux hommes. Tout est dans la vision qu’on a de la fameuse bouteille, à moitié vide ou à moitié pleine. Le plus important demeure qu’à compter d’aujourd’hui, le Haut Comité de suivi va superviser à Gaza un nouveau round de dialogue censé, espère-t-on, déboucher sur un compromis permettant l’avènement d’un gouvernement d’union. Étape suivante : l’ouverture de négociations sérieuses sur la levée du blocus imposé par l’État hébreu puis l’élaboration d’un programme politique susceptible d’être agréé par tous, les Israéliens en tête, bien entendu.
Au vu des expériences passées dans le domaine des rapports internes, il est permis de se montrer sceptique quant à l’issue du processus enclenché depuis quelque temps, tant est forte au sein des divers camps en présence la propension à reléguer au second plan la lutte contre Israël ou même la survie d’un peuple condamné à l’errance depuis près de six décennies, forcé désormais de subir les ballottements d’un navire jadis nommé Palestine avant que de devenir un gigantesque radeau de la Méduse. Depuis quarante-huit heures, le monde a droit à des formules qui ont fait leur temps, depuis les (fausses) assurances sur l’engagement « à ne plus verser le sang des frères unis dans un même combat contre l’ennemi commun», et même à ne plus recourir à la guerre des mots, jusqu’à la nécessité de s’engager dans des tractations «sérieuses et responsables », en passant par les inévitables protestations de bonne foi des uns et des autres.
Rien dans tout cela qui prête à l’optimisme. À ceci près que les trop longues années de la valse-hésitation d’Arafat mais surtout l’épreuve de force engagée entre son pâle successeur et les inattendus vainqueurs de la consultation populaire de mars dernier ont porté un coup peut-être fatal à une cause dont presque tout le monde pourtant s’accordait à reconnaître la justesse.
L’habileté du Mouvement de la résistance islamique avait consisté à mener la campagne électorale sur l’unique thème de la lutte contre la corruption. L’erreur de Washington aura été de rejeter net le jugement des urnes alors même qu’elle l’avait appelé de ses vœux. Ajoutée aux mille et un dérapages observés ces dernières semaines au Moyen-Orient, la maladresse politique d’une Administration républicaine prisonnière de son appui inconditionnel à son protégé israélien et de son refus d’admettre la nouvelle réalité née à Gaza et Ramallah n’a fait qu’envenimer les choses. Tout comme elle s’obstine à rejeter, s’agissant de l’Irak, jusqu’au principe d’une prise de contact avec la République islamique d’Iran et la Syrie, la diplomatie américaine n’a jamais voulu entendre parler d’une reconnaissance du Hamas. Pis encore : elle n’a cessé de pousser les chefs du Fateh à raidir chaque jour un peu plus leurs positions, jusqu’à provoquer le clash qui vient de faire des dizaines de victimes dans les deux camps.
La tactique US, nous répète-t-on depuis quelque temps, est transparente : contribuer à élargir le fossé entre modérés et radicaux arabes, se ranger résolument dans le camp des premiers et attendre l’avènement de jours meilleurs pour un gigantesque package deal qui préserverait les intérêts d’Israël dans le même temps qu’il donnerait une satisfaction (toute relative) aux régimes en place dans la région. L’ennui pour les cerveaux qui ont imaginé cette branlante construction c’est que, depuis, on assiste à une perte de l’influence US, ainsi qu’ont pu le constater la secrétaire d’État Condoleezza Rice et le chef du Pentagone Robert Gates à l’occasion de la tournée qu’ils viennent d’effectuer séparément dans certaines capitales. En Égypte, en Arabie saoudite, au Koweït et même en Jordanie, viennent-ils de rapporter à George W. Bush, l’érosion de notre capital confiance nous a paru évidente. Le 43e locataire de la Maison-Blanche paie ainsi le prix du désintérêt qu’il n’a cessé d’afficher – contrairement à Bill Clinton – à l’égard du principal problème régional, clef de voûte de toute construction destinée à voir le jour.
Plutôt que de garder le lead dans la course à la paix, les USA ont choisi sagement de réintégrer le peloton du quartette qui se remettra au travail le 2 février dans la capitale fédérale, « maintenant que la volonté politique est en bonne voie », dixit l’Européen Javier Solana. À condition que les Palestiniens consentent enfin à y mettre du leur. Et même alors, il faudra s’estimer heureux de voir qu’il existe encore des aventuriers prêts à prendre un pari aussi risqué...
Il faut croire Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal quand ils parlent de « progrès considérables » réalisés à l’occasion de leur rencontre de dimanche,à Damas. Il faut croire aussi ceux qui ont parlé d’une réunion « peu fructueuse » entre les deux hommes. Tout est dans la vision qu’on a de la fameuse bouteille, à moitié vide ou à moitié pleine. Le plus important demeure qu’à compter d’aujourd’hui, le Haut Comité de suivi va superviser à Gaza un nouveau round de dialogue censé, espère-t-on, déboucher sur un compromis permettant l’avènement d’un gouvernement d’union. Étape suivante : l’ouverture de négociations sérieuses sur la levée du blocus imposé par l’État hébreu puis l’élaboration d’un programme politique susceptible d’être agréé par tous, les Israéliens en tête, bien...