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Un peu plus de... Physique ingrat sur grand et petit écran

Dans la vie, il y a les beaux et les laids. Au cinéma aussi. Mais il n’est pas politiquement correct de dire de quelqu’un qu’il est laid. On préférera donc la formule « physique ingrat ». L’ingratitude d’un physique, c’est un nez proéminent, une tête pas courante, un strabisme, des lèvres boursouflées… un physique différent quoi. Au cinéma donc, on joue avec le physique ingrat des acteurs, on les révèle, on les mystifie. Et de laideron, on passe au statut de star, d’idole, d’icône. Benoît Poelvoorde, dans Du jour au lendemain, joue le rôle d’un employé de banque au physique ingrat. Ça ne doit pas être facile d’être demandé pour un rôle du genre. Un peu à l’instar d’une Josiane Balasko pour qui craque Gérard Depardieu dans Trop belle pour toi. Tout est là justement. Préférer Balasko à Carole Bouquet… mais il n’empêche que le bât doit souvent blesser. Miser sur un physique ingrat, c’est la toute dernière idée d’une des séries télé qui cartonnent le plus en ce moment. Uggly Betty. Voici un soap d’un nouveau genre. Au départ, c’est une série colombienne, Yo soy Betty la fea (Je suis Betty la moche), à succès. Une dizaine d’adaptations plus tard, son héroïne est devenue un succès planétaire. Betty, Liza, Bea, Lotte, Jassi, Katya, Lety, on la retrouve partout de l’Inde à la Russie, en passant par la Grande-Bretagne. C’est que le concept est plutôt bon. Le producteur colombien Fernando Gaitan pense à ce projet en 1997. Son idée est simple : « L’idée d’une héroïne repoussante m’est venue en observant la société de mon pays. En Colombie, on dit qu’il n’y a pas de femmes laides, mais seulement des femmes sans argent, puisque, grâce à la chirurgie esthétique, on peut arranger n’importe quel physique ingrat. » Il aurait pu faire le même constat en examinant la société libanaise. Il va donc imaginer la vie d’une jeune femme disgracieuse dans un milieu de beauté. Une fille de l’ombre. Celle qui ne sera jamais dans la lumière, celle qui fait partie des employés ordinaires, comme les secrétaires, les coursiers, les comptables… Pour l’Amérique du Sud, ce genre a été extrêmement innovateur parce qu’il a cassé les codes des « telenovelas » (grand succès au Liban aussi), où d’habitude l’héroïne, de condition modeste, confrontée à des conflits familiaux, est généralement très belle et s’en sort grâce à l’amour. Là, c’est un tout autre monde. Betty est le sujet d’incessantes railleries et ce qui la sauve, c’est son mérite au travail. Bref, le téléspectateur peut s’identifier, d’où le succès de la fiction. « Reconnaissez-moi pour mon talent et mes qualités professionnelles », clame l’héroïne, et le public en redemande. Plus facile de se comparer à Betty qu’à Jack Bauer. Mais le petit écran, comme le grand, c’est de la fiction. Quand il s’agit de la vie, la vraie, les données sont différentes. Rappelez-vous Magalie Vaé, la gagnante de la Star Academy de l’année dernière en France. Grosse, pas meilleure qu’un autre, mais proche du peuple. Le public l’a poussée vers la victoire, faisant un pied de nez au concept. Mais une fois le spectacle terminé, le rêve n’était plus au rendez-vous. Ventes médiocres du disque, ce qui laissa penaud Pascal Nègre, PDG d’Universal. Uggly Betty arrive bientôt en DVD, produit par Salma Hayek, qui a transposé l’action dans un magazine de mode new-yorkais. Ce qui n’est pas sans rappeler le best-seller et film The Devil Wears Prada. La Bettymania ne fait que commencer, et on l’attend avec impatience au Liban pour montrer le DVD à nos chères ados en quête de beauté absolue. À voir en lieu et place de Beauty Clinic, version locale de Extremely Makeover.
Dans la vie, il y a les beaux et les laids. Au cinéma aussi. Mais il n’est pas politiquement correct de dire de quelqu’un qu’il est laid. On préférera donc la formule « physique ingrat ». L’ingratitude d’un physique, c’est un nez proéminent, une tête pas courante, un strabisme, des lèvres boursouflées… un physique différent quoi. Au cinéma donc, on joue avec le...