Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Théâtre - Au Monnot, jusqu’au 21 janvier, « Hammam Oumoumi » de Aïda Sabra Toutes les façons de trôner sur un même siège !

Au théâtre Monnot, une porte scinde l’espace scénique en deux. Le côté gauche, spacieux, est totalement vide. Celui qui reste, à droite, est juste occupé par une cuvette sanitaire surmontée d’une chasse d’eau. C’est dans ce décor – quasi nu, mais qui va être envahi, au fur et à mesure que la pièce avance, d’objets divers – que les personnages de Hammam Oumoumi, une pièce signée Aïda Sabra, font irruption. Tout d’abord, un dictateur de noir vêtu, puis une animatrice, casque de camouflage militaire sur la tête, micro à la main et questions incongrues adressées directement au public, enfin toute une flopée de personnages campant un groupe de jeunes comédiens en répétition. Déboulant des coulisses, du fond de la salle, d’entre les gradins, ils s’agitent dans tous les sens, courent les uns après les autres, se heurtent, s’interpellent, se disputent, avant de disparaître... Pour mieux réapparaître, dans la peau d’autres personnages : des caricatures de monsieur et madame Tout-le-monde qui vont se succéder aux toilettes. Galerie de personnages... aux toilettes Du dégoutté aux narines pincées, à la constipée qui tire à s’en éclater la figure, en passant par le grivois qui asperge les lieux, le couple d’homos qui s’y réfugie, les amoureux, le lymphatique, la jeune bourgeoise qui fait son test de grossesse, la doctoresse qui prescrit des traitements lourds en trônant, le fan de foot qui entre avec sa télé pour ne pas rater une miette du match ou même le touriste japonais qui s’y prend en photo... Ces toilettes publiques vont en voir passer des spécimens. Quasiment un échantillonnage complet de caractères cocasses et de situations burlesques et surréalistes. Le tout enrobé d’un zeste de scatologie et d’une pincée de « Borat-titude ». En parallèle, à côté, les comédiens tentent entre deux disputes, deux crises d’hystérie, deux scènes de ménage... de monter leur pièce. Un double jeu sur une scène qui se dédouble, pour dire et redire l’incommunicabilité, l’irrationnel et le chaos de la situation dans laquelle on se débat. Comme qui dirait – en traduisant la fameuse expression arabe courante : « Metel hammam ma’touaa mayto » – on nage là dans des latrines sans eau ! Dialogues illusoires, monologues confus, ambiance échevelée sur rythme dynamique – même s’il retombe par moments –, le tout saupoudré d’extraits librement inspirés des répertoires de Ionesco (Jeu de massacres) et d’Albi (Zoo Story), cette pièce, à mi-chemin entre le théâtre expérimental et celui de l’absurde, si elle pose – notamment par le micro de l’animatrice disjonctée – des questions graves et profondes (Qu’est-ce que cela vous fait de vivre dans un pays en guerre ? À qui ressemble la démocratie ? etc.), reste dans le registre de la farce tragi-comique. Une petite fantaisie d’une heure vingt minutes, un peu trop « clichés » parfois, mais drôle et bien interprétée par un groupe de jeunes comédiens, étudiants ou fraîchement diplômés. Aïda Sabra et ses comédiens Formée à l’Institut d’art dramatique de l’Université libanaise, Aïda Sabra mène depuis une vingtaine d’années une triple carrière de comédienne, de danseuse et d’enseignante. Elle est notamment connue pour ses cours d’expression corporelle dans le programme Star Academy de 2004/2005. Elle s’est également attelée, ces dernières années, à la mise en scène, avec notamment : Interdit de toucher (2000), Expression artificielle (2002) ou encore C’est comme l’été (2003). Dans Hammam Oumoumi, Aïda Sabra, qui a signé la conception et la réalisation d’une belle modernité, a fait appel à de jeunes comédiens qu’elle connaît bien, quasiment tous ses élèves, à part Gisèle Boueiz (actrice professionnelle). Pour les autres, il s’agit de : Adon Khoury, Cynthia Karam, Élie Youssef, Yara Bou Nassar, Élie Mitri, Charbel Aoun, Fouad Yammine et Jamal Khariss. Zéna ZALZAL Au théâtre Monnot, jusqu’au 21 janvier, tous les soirs, sauf lundi, mardi et mercredi, à 20h30.

Au théâtre Monnot, une porte scinde l’espace scénique en deux. Le côté gauche, spacieux, est totalement vide. Celui qui reste, à droite, est juste occupé par une cuvette sanitaire surmontée d’une chasse d’eau.
C’est dans ce décor – quasi nu, mais qui va être envahi, au fur et à mesure que la pièce avance, d’objets divers – que les personnages de Hammam...