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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE Quelle efficacité pour le pacte d’honneur chrétien en gestation ?

Bkerké en a visiblement assez de la division clanique des chrétiens. Deux clans principaux qui s’échangent constamment, à qui mieux mieux, des accusations, se font des procès d’intention et, à l’occasion, s’envoient des insultes acidulées, cela n’est sans doute pas du meilleur goût du patriarcat maronite. Il va sans dire aussi que les protagonistes des deux clans, hommes politiques du Courant patriotique libre, des Marada et leurs alliés, tout comme ceux d’en face, les responsables des Forces libanaises, de l’ex-Kornet Chehwane, et leurs alliés, ne se plaisent pas (toujours) à se livrer à des joutes verbales. Qui dit clans dit aussi pactes, qu’ils soient tacites ou déclarés. Depuis plusieurs mois, des prélats maronites font la navette entre les ténors de la communauté pour parvenir à les mettre d’accord sur le fait qu’ils ont tous tort de parler et d’agir sans modération aucune. Le but est de parvenir à un pacte d’honneur, photo de groupe comprise, qui serait signé à Bkerké par la poignée de leaders politiques de la communauté maronite. Hier, les évêques Youssef Béchara, Samir Mazloum et Boulos Matar ont rendu visite à Michel Aoun, Sleimane Frangié et Samir Geagea. D’autres noms figurent également sur l’agenda de la tournée épiscopale. Qu’en est-il du document en soi ? Le pacte d’honneur reposera sur le socle des constantes de l’Église maronite, dont il sera le premier exercice pratique. Les constantes étant l’État civil, l’union nationale, l’accord de Taëf, la convivialité islamo-chrétienne, les droits du citoyen, les garanties aux communautés, le bannissement du recours à la violence et le droit à la différence dans le respect des règles démocratiques. Certes, les grandes lignes s’apparenteront à des vérités de La Palisse, mais le fait, en lui-même, à savoir des retrouvailles chrétiennes sous l’égide de Bkerké qui reprend son rôle d’instance fédératrice, n’est en rien anodin. « Cela nous soulagera des accusations injustes, commente un député du CPL, et nous permettra d’exercer notre droit à la différence dans un esprit plus démocratique. L’union ne peut pas être nocive, poursuit-il, nous n’opposons pas des objections pour le plaisir de l’opposition, mais nous refusons, simplement, le principe du jeu solitaire. » « À partir du 20 septembre 2000, date du communiqué des évêques appelant au départ des troupes syriennes, en passant par la réconciliation druzo-chrétienne dans la Montagne, jusqu’à l’intifada du printemps 2005, les chrétiens ont été le fer de lance de la bataille de l’indépendance, explique un ténor du 14 Mars. Aujourd’hui, ils sont réduits au rôle de quémandeurs de rôles, alors qu’ils devraient être partie prenante d’une bataille non encore achevée », ajoute-t-il. Il est tout aussi véridique qu’après l’assassinat de Pierre Gemayel, de nombreux chrétiens ont lâché prise, estimant que la bataille est régionale et les dépassait, qu’elle est sunno-chiite et qu’il ne leur restait que la sortie de secours, celle de l’aéroport. Un haut responsable du Hezbollah affirmait, hier, à L’Orient-Le Jour, que « nous allons vers un nouveau 6 mai 1992 », allusion à la chute dans la rue du premier gouvernement d’Omar Karamé. À l’heure où le président de la Chambre, Nabih Berry, rappelait, hier encore, que « si la crise persiste, la suite ne sera pas enviable », et au moment où Mohammad Qomati, membre du bureau politique du Hezbollah, parlait de « prochaines mesures d’escalade dans toutes les régions libanaises », quelle pourrait être l’efficacité du pacte d’honneur ? « Le pacte d’honneur ne donnera probablement pas de résultats, souligne la source du 14 Mars précitée, puisque les intérêts des uns et des autres risquent de phagocyter l’initiative de Bkerké. » Vouloir le beurre, l’argent du beurre, et être dans les bonnes grâces du patriarche, cela est également typique du comportement chrétien... À moins, et c’est le cas de le dire, d’un miracle ! Jad SEMAAN

Bkerké en a visiblement assez de la division clanique des chrétiens. Deux clans principaux qui s’échangent constamment, à qui mieux mieux, des accusations, se font des procès d’intention et, à l’occasion, s’envoient des insultes acidulées, cela n’est sans doute pas du meilleur goût du patriarcat maronite. Il va sans dire aussi que les protagonistes des deux clans,...