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Actualités - REPORTAGE

Santé - La prévention contre la maladie peut être efficace, estiment les médecins La grippe, ce virus qui fait des ravages

La grippe ferait-elle des ravages cette année ? Ici ou là, on tousse, on crachote, on se mouche, on a les yeux qui larmoient, on souffre de courbatures. Partout, on entend parler de personnes clouées au lit par une forte fièvre, de taux élevés d’absentéisme dans les écoles ou dans les entreprises, mais aussi d’infections respiratoires, de pneumonies même, qui nécessitent l’hospitalisation de certains patients. Peut-on parler d’épidémie de grippe, de virus plus virulent cette année que les années précédentes ? Que faire lorsqu’on attrappe la grippe ? Y a-t-il des moyens efficaces de prévention ? Trois médecins – un généraliste, le Dr Nohad Genadry, un pédiatre, le Dr Carlo Akatchérian, et un spécialiste des maladies infectieuses, le Dr Jacques Mokhbat – tentent de répondre à ces questions. Ils mettent tous trois l’accent sur le fait que la grippe est une infection virale. Même s’ils ne sont pas totalement d’accord sur les symptômes qui l’accompagnent, sur le degré de virulence du virus, ou sur l’existence d’une épidémie. « La grippe se traduit par des maux de tête et de gorge, accompagnés de courbatures, d’une fièvre parfois très forte qui dure entre trois et cinq jours et d’une toux sèche (parfois asthmatiforme) qui peut durer jusqu’à six semaines, constate le Dr Mokhbat. Le rhume et l’inflammation de la gorge ne sont pas des symptômes de la grippe », insiste-t-il, mais sont plutôt, « avec la sinusite, des infections des voies respiratoires supérieures, liées à un autre virus ». D’ailleurs, cette distinction n’est pas toujours évidente. Une fièvre de 3 à 5 jours « Le rhume et la trachéite sont des symptômes régulièrement observés lors d’une grippe simple », observe pourtant le Dr Genadry. Quant au traitement de la grippe simple, il est symptomatique, car la grippe est une infection virale et les antibiotiques ne sont d’aucune utilité. « Malgré la fièvre élevée qui peut se déclarer chez les enfants, la grippe nécessite de la patience », conseille le Dr Akatchérian. Il est ainsi nécessaire de « baisser la fièvre, en administrant du Panadol ou des équivalents, de calmer la toux et de garder l’enfant au repos ». « La grippe simple guérit seule au bout d’une semaine », renchérit le Dr Genadry, qui insiste lui aussi sur le traitement symptomatique, d’autant que « de nombreuses personnes supportent mal la fièvre », et sur l’importance du repos, partie intégrante de la guérison. Le généraliste conseille aussi « l’absorption de tisanes ou de boissons chaudes, même si ce conseil n’est pas très scientifique », ajoute-t-il. Certes, des traitements préventifs, plus agressifs, sont fortement conseillés par les médecins lorsque les personnes grippées sont des sujets à risques, notamment des enfants en bas âge, des personnes âgées, des immuno-déficients, des personnes atteintes de problèmes respiratoires chroniques... « Pour les personnes âgées et les immuno-déficients, j’opte pour le Tamiflu », observe le Dr Mokhbat, précisant que 95 % de la mortalité grippale survient chez les patients âgés de plus de 65 ans. La grippe peut cependant se compliquer et se transformer en surinfection bactérienne, dont la forme la plus courante est la bronchite, voire la pneumonie. « Nous avons déjà hospitalisé une huitaine d’enfants en service de réanimation des suites de la grippe », précise ainsi le Dr Carlo Akatchérian. « Le taux d’hospitalisation suite à une surinfection bronchique est plus élevé chez les personnes âgées », ajoute le Dr Genadry. La grippe peut aussi, dans certains cas, « se transformer en otite, et dans d’autres cas extrêmes, atteindre les muscles, le cœur ou les fonctions neurologiques », précise le Dr Jacques Mokhbat, qui ajoute que les risques d’infections sont nettement plus élevés en hiver. Les médecins optent alors pour des traitements radicaux et administrent aux malades des antibiotiques notamment. Mais ils préviennent contre l’usage de ces médicaments sans avis médical. Car les personnes qui en prennent trop souvent et sans raison risquent de développer une résistance aux antibiotiques et de ne plus répondre aux traitements ultérieurement. Éviter la contagion À partir de ces constatations, peut-on parler d’épidémie ou de virulence particulière du virus de la grippe cette année ? Les Dr Akatchérian et Genadry estiment que le virus semble « plus virulent » cette année et que l’épidémie serait aussi « plus importante », « la grippe étant la maladie contagieuse par excellence ». « Nous observons un phénomène de contagion très important au sein d’une même maison, ce qui nous pousse à plus de vigilance », remarque le Dr Genadry. « Les cas de surinfection semblent plus graves cette année », précise, à son tour, le Dr Akatchérian. Le Dr Mokhbat est plus circonspect, en l’absence d’études et donc de chiffres. « Je ne suis pas impressionné par le virus grippal de cette année, observe-t-il. Il n’y a pas de nouvelle pandémie grippale. De plus, la grippe n’étant pas une maladie nécessitant une déclaration obligatoire, nous ne disposons d’aucune statistique permettant de parler de pandémie. » De toutes manières, qu’il s’agisse ou pas de pandémie, les trois médecins s’accordent sur l’importance de la prévention à plusieurs niveaux : d’abord, éviter la contagion, donc les collectivités, notamment les crèches, les maisons de repos, les écoles. Le Dr Akatchérian insiste sur la nécessité pour les crèches de refuser les enfants malades. À son tour, le Dr Genadry invite les gens à éviter la promiscuité, autrement dit à éviter de s’approcher de trop près d’une personne qui parle, qui tousse, et à éviter les accolades ou embrassades inutiles. Quant à l’hygiène personnelle, elle constitue une prévention essentielle. « Il est important de bien se laver les mains après avoir salué quelqu’un qui tousse, conseille le Dr Mokhbat. Car il faut savoir que le virus de la grippe se transmet très facilement par les mains. » Le vaccin contre la grippe constitue lui aussi une prévention non négligeable. Selon les estimations médicales, il prévient contre la grippe dans 70 % des cas. Il réduit donc la population susceptible d’être contagieuse. Sinon, il amoindrit les effets de la maladie, constatent les médecins. Mais les quantités de vaccins introduites au Liban cette année sont loin d’être suffisantes, d’autant qu’elles sont arrivées avec un peu de retard. Alors, si vous êtes grippé, prenez votre mal en patience, gardez le lit, n’en déplaise à votre patron, et surtout ne prenez pas d’antibiotique sans l’avis de votre médecin ! Anne-Marie EL-HAGE

La grippe ferait-elle des ravages cette année ? Ici ou là, on tousse, on crachote, on se mouche, on a les yeux qui larmoient, on souffre de courbatures. Partout, on entend parler de personnes clouées au lit par une forte fièvre, de taux élevés d’absentéisme dans les écoles ou dans les entreprises, mais aussi d’infections respiratoires, de pneumonies même, qui...