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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Paul Taylor au Centre Kennedy dans « Banquet de vautours » La danse de Bush va-t-en-guerre WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

Il a la chorégraphie caustique et humoristique. Paul Taylor a ainsi dansé le monde et surtout l’Amérique depuis un demi-siècle. Baptisé «le roi de la danse moderne», il est toujours à la pointe d’une certaine actualité qui est l’essence de sa danse. Sa troupe vient de se produire au Centre Kennedy, à Washington. Au programme, des œuvres allant de la plus grande intensité dramatique (Banquet of vultures, ou Banquet de vautours) au jeu des corps aérien et enjoué (Auréole). Le Banquet de vautours est un hommage de Paul Taylor au ballet emblématique contre la guerre, La table verte, créé en 1932 par l’un de ses maîtres, le célèbre chorégraphe allemand Kurt Joos, et qui donnait à voir les discussions sans fin d’un groupe de diplomates palabrant autour d’une table verte, représentant un champ de bataille. Dans Banquet de vautours, Paul Taylor, aujourd’hui âgé de 76 ans, force davantage sur le symbole dans son évocation de la cauchemardesque conjoncture mondiale. Ses danseurs sont des soldats enchevêtrés, luttant, agonisant et se relevant pour continuer le combat. Plane au-dessus d’eux un personnage vêtu d’un complet noir et cravate rouge, visage menaçant avec sa gestuelle et sa démarche brusques et brutales. Ambiance lourde et désespérée. Paul Taylor a choisi pour mettre en exergue ce ballet cette citation du poète anglais John Davidson: «Et les torrents de sang se sont déversés en vain, toujours en vain, car la guerre n’engendre que la guerre.» Banquet de vautours est plus qu’un hommage à Kurt Joos, il est une dénonciation de la guerre en Irak. «Une démarche semblable à l’empreinte digitale» Et Paul Taylor n’a pas craint de dire, lors d’une interview, que le personnage de la mort lui a été inspiré par le président George W. Bush. Le célèbre chorégraphe a toujours bâti les mouvements de ses danses à partir des gestes du quotidien qui, détachés de leur contexte, sont pour lui riches en signification. Il a dit qu’en voyant pour la première fois Bush marcher, il ne s’est pas senti en confiance. Il explique que «la démarche est pareille à l’empreinte digitale. Elle dit tout de nous». Il y a aussi de la limpidité et de la légèreté dans l’air et chez beaucoup d’entre nous. Et Paul Taylor les saisit et en fait des morceaux de bravoure qui dégagent brillance et énergie, l’énergie étant le label dont il marque ses danseurs. Choquer fait aussi partie de son processus créatif. Il en est ainsi de son ballet Auréole, également au programme, qui, à sa création en 1962, avait provoqué une controverse: il exprimait une douceur d’être, tout en beauté, au son d’une musique cadencée de Haendel, au moment où la danse moderne tablait sur l’introspection et les paradis artificiels, et ne suivait aucun rythme. Quant à Troilus et Cressida, il déploie l’humour taylorien dans sa splendide technique de la maîtrise corporelle de la farce, démystifiant l’art de Terpsichore pour le célébrer avec le langage de son temps. Au Festival de Baalbeck en 1970 D’ailleurs, Paul Taylor se considère avant tout comme un reporter dont la tâche consiste à observer ce qui l’entoure et à en rendre compte. Un journalisme chorégraphique qui mène bien loin. À noter que le Festival international de Baalbeck avait inscrit Paul Taylor, l’un des plus grands de la danse contemporaine, à son programme de l’année 1970, et le public libanais avait applaudi fortement son génie innovateur, notamment dans Auréole qui venait de faire des remous ailleurs. Sa compagnie avait interprété cinq autres ballets: Junction, Duet, 3 Epitaphs, Church Yard et Private Domaine.
Il a la chorégraphie caustique et humoristique. Paul Taylor a ainsi dansé le monde et surtout l’Amérique depuis un demi-siècle. Baptisé «le roi de la danse moderne», il est toujours à la pointe d’une certaine actualité qui est l’essence de sa danse. Sa troupe vient de se produire au Centre Kennedy, à Washington. Au programme, des œuvres allant de la plus grande...