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Recyclage Une machine à café fabriquée à partir de douilles d’obus

Dans un atelier aux murs défraîchis au fond d’une ruelle poussiéreuse du nord de l’Éthiopie, Azmeraw Zeleke recycle des douilles d’obus pour les transformer en machines à café « made in Ethiopia ». « Ce reste d’obus a sans doute servi pendant la guerre entre l’Éthiopie et l’Érythrée » de 1998 à 2000, qui a fait au moins 80 000 morts, explique Azmeraw, tenant entre les mains une douille d’un mètre de long. « Les gens les trouvent dans les champs ou ailleurs, ils les cachent chez eux et me les vendent. Moi, je m’en sers pour faire mes machines à café » avec percolateur, poursuit cet homme de 55 ans qui réparait autrefois de l’électroménager. Mais Azmeraw n’aime pas s’étendre sur l’origine de l’objet et son histoire. Ce qui l’intéresse, c’est la machine qu’il fabrique à moindres frais avec cette munition en cuivre. « C’est la première machine à café entièrement fabriquée en Éthiopie qui fonctionne. Ce cylindre m’a permis de trouver la pièce qui manquait depuis des années pour éviter d’importer », s’exclame fièrement cet ingénieur autodidacte. Au lieu des 2 200 euros (2 800 dollars) pour une machine à expresso importée, son invention ne coûte que 1 090 euros (1 390 dollars). Une enfilade de trois petites pièces sert d’atelier à Asmeraw dans une ruelle cabossée de Mekele, à quelque 600 kilomètres au nord d’Addis Abeba et environ 120 kilomètres de la frontière érythréenne. La douille est presque intégralement utilisée par Azmeraw. « Je la coupe aux trois quarts pour en faire mon cylindre. Je ferme la partie ouverte en soudant une plaque ronde à son extrémité, puis je place le tout dans le fond de la machine. C’est là que l’eau va être chauffée », explique l’ancien manutentionnaire, ses mains en action pour mimer les différents gestes. Une résistance électrique est introduite dans le cylindre avant qu’il soit scellé. De petits trous y sont ensuite percés pour connecter des tuyaux qui achemineront la vapeur destinée à faire du café. L’atelier, éclairé par la seule lumière du jour qui arrive à percer par les trous du toit de tôle ondulée, regorge de douilles en train d’être refaçonnées par la scie à métaux et la soudeuse. Azmeraw a fait sa « trouvaille » en 1999, alors qu’il était encore manutentionnaire, convaincu qu’au lieu de réparer des machines à café importées, il devait trouver le moyen d’en fabriquer lui-même. « Un jour, j’ai vu ces douilles (...), les gens y faisaient des trous et les utilisaient pour y laver leur linge, alors je me suis dit: pourquoi pas ? » raconte ce père de famille de trois enfants. Après quatre ans de bricolage infructueux, Azmeraw a fini par développer sa propre machine et son commerce. Mais reste les a priori sur une machine où la pièce maîtresse rappelle à beaucoup de clients de tristes souvenirs. temps à être convaincu, explique Haile Abraha, propriétaire du café DH dans le centre de Mekele. Mais la machine fonctionne à merveille (...), et le bon café qu’elle produit permet d’oublier les mauvais souvenirs de la guerre contre l’Érythrée ». De son côté, Azmeraw pense déjà à de futures inventions et rêve du jour où il vendra peut-être ses machines à café en Érythrée.
Dans un atelier aux murs défraîchis au fond d’une ruelle poussiéreuse du nord de l’Éthiopie, Azmeraw Zeleke recycle des douilles d’obus pour les transformer en machines à café « made in Ethiopia ».
« Ce reste d’obus a sans doute servi pendant la guerre entre l’Éthiopie et l’Érythrée » de 1998 à 2000, qui a fait au moins 80 000 morts, explique Azmeraw, tenant entre les...