George Best, la mort d’une icône

George Best, icône des Sixties et plus grand joueur de football britannique de tous les temps, est mort hier des suites d’une infection pulmonaire. Rongé par l’alcool depuis des années, le Ballon d’or 1968 s’est éteint à l’hôpital Cromwell de Londres où il avait été admis en octobre. « Après un long et vaillant combat, M. George Best est mort cet après-midi dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital Cromwell. Les pensées de tout le personnel de l’hôpital vont à cet instant à la famille de M. Best », a déclaré un porte-parole de l’établissement hospitalier, en précisant que le décès avait été constaté à 12h55, heure locale (12h55 GMT). « J’ai perdu mon père et nous avons tous perdu un homme merveilleux », a déclaré son fils, Calum, en larmes, aux journalistes postés devant l’hôpital. L’ancienne gloire de Manchester United avait 59 ans. Il avait un talent fou et une personnalité attachante. Au temps de sa gloire, dans les années 1960, le « Cinquième Beatle » a accumulé les millions. « Quiconque avait vu ce que George pouvait faire sur un terrain rêvait de faire la même chose », a déclaré Bobby Charlton, qui le côtoya pendant 10 ans à Old Trafford. « Sa contribution au football est énorme. Il a apporté un plus à tous ceux qui ont pu le voir jouer. » Les hommages ont afflué et même le Premier ministre britannique Tony Blair, à Malte pour un sommet, a eu quelques mots pour le joueur : « C’était peut-être le joueur le plus doué de sa génération », a-t-il dit. Victime d’alcoolisme chronique, George Best avait subi en 2002 une greffe du foie. « Georgie » était membre de la grande équipe de Manchester United qui avait gagné la Coupe d’Europe des clubs champions en 1968. Cet attaquant né en Irlande du Nord symbolisait les Swinging Sixties. Sur le terrain, son talent l’a élevé au niveau des Pelé, Johan Cruyff et Diego Maradona. Exceptionnel taquineur de balle, il pouvait illuminer une partie d’une simple intuition. En dehors du terrain, il était un homme à femmes, amateur de voitures de sport et de soirées alcoolisées. Jamais Best n’a su mener de front ces deux vies et, à 27 ans, sa passion pour le football s’est noyée dans la bouteille. « Je suis né avec un don et parfois un don s’accompagne de pulsions destructrices, disait-il. J’ai dépensé beaucoup d’argent dans la boisson, les filles et les voitures de sport. Et le reste, je l’ai gaspillé. » Best quittait United une première fois en 1972, puis définitivement en 1974. De retraites en retours en Angleterre et aux États-Unis, Best n’a jamais retrouvé le niveau qui lui offrit le Ballon d’or en 1968. Alcoolique, il fut emprisonné en 1984 pour conduite en état d’ivresse. Né le 22 mai 1946, Best était repéré dans l’équipe de jeunes de Belfast. À l’âge de 15 ans, il rejoignait Manchester United. Un jour après son arrivée, il retournait au pays avant de repartir pour le nord de l’Angleterre. Peu d’observateurs pensaient alors que ce joueur d’un mètre 60 et 49 kilos s’imposerait à United. À l’heure de la retraite, il avait marqué 136 buts en 361 matches pour les Red Devils et son association avec Bobby Charlton et Denis Law avait mené le club sur le toit de l’Europe. Sa dernière femme, Alex, disait de lui : « Il semble mener une mission d’autodestruction et cela empire. » Dans une de ses dernières interviews, George Best expliquait qu’il ne fallait pas le plaindre. « J’ai eu une belle vie », disait-il à l’hebdomadaire italien L’Espresso peu avant son ultime hospitalisation. « Je ne crois pas avoir détruit ce que vous appelez du talent. J’ai joué douze ans à Manchester United et j’ai tout gagné. »