On ne le dira jamais assez : il ne faut pas laisser passer le « momentum ». Le Liban n’a jamais reçu un soutien aussi unanime de la part de la communauté internationale, et il risque fort bien de laisser passer cette chance inouïe sans savoir comment en profiter. Et en oubliant, fort malheureusement, que de tels concours de circonstances favorables ne se reproduisent pas souvent dans...
Actualités - OPINION
FEUILLE DE ROUTE Le Liban en mal de transition démocratique ?
le 25 novembre 2005 à 00h00
On ne le dira jamais assez : il ne faut pas laisser passer le « momentum ». Le Liban n’a jamais reçu un soutien aussi unanime de la part de la communauté internationale, et il risque fort bien de laisser passer cette chance inouïe sans savoir comment en profiter. Et en oubliant, fort malheureusement, que de tels concours de circonstances favorables ne se reproduisent pas souvent dans l’histoire des nations.
Dans certains milieux diplomatiques, le constat général que l’on se fait de l’après-14 mars n’est pas particulièrement positif.
Sur le plan politique, la perspective a effectivement de quoi affliger, et ce même si l’on veut bien accorder des circonstances atténuantes à un gouvernement en proie à une multitude de crises de toutes sortes, liées aussi bien au volet interne qu’externe.
On reconnaît à Fouad Siniora son discours d’homme d’État, ses positions courageuses et innovatrices pour un Premier ministre, sa volonté de réussir, mais on constate par ailleurs que tout cela ne s’exprime toujours pas concrètement, et que les perspectives, dans l’avenir immédiat, ne sont pas réjouissantes, puisque le gouvernement, empêtré dans ses clivages interminables, ne semble pas tenir la route.
Ainsi, on reconnaît d’un côté la schizophrénie à outrance qui existe au sein de l’Exécutif, sinon du gouvernement même, et les problèmes endogènes que cela peut engendrer, mais on constate aussi l’absence de tout projet de réformes concret et viable à moyen terme, et on guette sans relâche des résultats. Mais jusqu’à quand ? Le délai de grâce expire quand ?
La patience de la communauté internationale a probablement des limites, mais les responsables politiques, toutes catégories confondues, ne semblent pas s’en rendre compte suffisamment.
Du côté de la société civile, ce n’est pas mieux. L’après-14 mars a blasé beaucoup de jeunes, qui ont eu le sentiment d’avoir été manipulés et floués, après la récupération politique du phénomène populaire, dans le cadre des élections législatives.
À l’enthousiasme débordant de la place de la Liberté a succédé l’apathie la plus totale, la perte d’initiative au niveau des associations de jeunesse.
Celles qui sont nées de la dynamique de la révolution du Cèdre sont dans un état de quasi-paralysie. Mais tout aussi dangereuse est la deuxième sorte de réaction au 14 mars qui enfièvre actuellement les campus : l’alignement automatique, et sans aucune distanciation critique, sur le discours des chefs partisans, avec, en filigrane, une açabiyya (esprit de corps) communautaire poussée à son paroxysme, ce qui provoque parfois des batailles rangées.
Le déficit démocratique hérité de trente ans de guerre et d’occupations se manifeste de la plus laide des manières.
Renvoyant chacun devant ses responsabilités, sans être pour autant trop cynique, un diplomate européen évoque l’importance du dialogue national qui aurait dû avoir lieu dans la continuité du 14 mars, et qui a été remplacé par une culture de la compromission. L’exemple de l’Espagne post-franquiste – à l’heure justement de la commémoration des trente ans de la mort du Caudillo – pourrait servir de modèle à un Liban en mal de transition démocratique. Après l’intronisation du roi Juan Carlos, la nécessité d’une transition démocratique – qui sera étalée sur près de trois ans et non sans certains remous – et la volonté d’éviter une nouvelle guerre civile au pays avaient conduit l’ensemble des forces politiques du pays à la seule issue possible : le dialogue.
Une plate-forme commune de dialogue, une sorte de pacte national sur des principes de base avaient été mis en place, et, en juin 1977, après les élections législatives, tous les partis politiques représentés à l’Assemblée, l’UCD, le PSOE, l’Alianza Popular, le Parti nationaliste Catalan et le PCE, avaient participé à l’élaboration d’une nouvelle Constitution.
Le mal est clair. Le Liban est en mal de culture démocratique.
Il est embourbé dans une transition qui n’est pas celle qu’on attend de lui, aussi bien sur le plan interne qu’international. Le pays du Cèdre est dans un état second, écartelé entre des symboles du passé qui tentent de se refaire une virginité, et un avenir incertain, vers lequel il faut faire un saut périlleux, mais irrémédiablement nécessaire, pour un dialogue souverain à plusieurs voix et un pacte national fondateur de république.
Michel HAJJI GEORGIOU
On ne le dira jamais assez : il ne faut pas laisser passer le « momentum ». Le Liban n’a jamais reçu un soutien aussi unanime de la part de la communauté internationale, et il risque fort bien de laisser passer cette chance inouïe sans savoir comment en profiter. Et en oubliant, fort malheureusement, que de tels concours de circonstances favorables ne se reproduisent pas souvent dans...
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