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Actualités - OPINION

EN DENTS DE SCIE aLa reconnaissance du ventre

Quarante-sixième semaine de 2005. C’est l’histoire d’un parti qui régnait en maître depuis mai 2000 sur la moitié méridionale du pays ; en maître et en armes. Et quoi qu’on en dise, il jouissait, grosso modo, bon gré mal gré certes, d’une espèce de halo, quelque chose d’indéfini, d’ultrabâtard, entre le consensus national, l’omerta, l’adhésion enthousiaste, la résignation, la loi orale qui le mettait au-dessus des autres, aussi controversé qu’ait été son passé, aussi ambiguës que peuvent être, parfois, ses visions et ses conceptions du Liban. D’autant que le Hezbollah avait eu l’intelligence, guidé par un Hassan Nasrallah pas encore, à l’époque, totalement démystifié, de profiter de ce halo en question pour accélérer sa métamorphose. Mi-poupée Barbie qui ne savait pas dire non, mi-Xéna la guerrière, habillé et déshabillé à volonté par Téhéran et Damas, le parti de Dieu a pourtant réussi à se libaniser en bonne et due forme. Et puis il y a eu, grossière, vulgaire mais en même temps perverse à un point qu’elle aurait pu être totalement rédemptrice, libératrice, s’il avait su en profiter, l’erreur du 8 mars 2005. Ce jour-là, le Hezb a perdu le halo. Le Hezb s’est banalisé. Le Hezb est devenu comme les autres. Depuis, il continue de multiplier les fautes graves, à commencer par cet ahurissant rapt de la communauté chiite couplé à l’accouchement d’une aberration folle : le chiisme politique, qui n’a absolument rien à envier à son équivalent maronite des années passées. Comment a-t-il pu préférer l’édification d’un Chiistan hermétique, autarcique, autiste, alors qu’il aurait pu profiter du formidable 26/04/05 pour parfaire sa libanisation, la faire rimer, comme tout le monde, avec liberté, avec autonomie, avec tissu national harmonieux. On accumule les erreurs, toutes les erreurs, lorsque l’on n’est pas libre de ses mouvements, de ses positions, de ses décisions. Aujourd’hui, pour payer ses dettes (quelles dettes ?), pour continuer à assurer la bonne santé de son stock d’armes, pour exorciser ce monstrueux feeling communautariste – être devenus orphelins depuis le départ d’Anjar de Rustom Ghazalé –, le Hezbollah ne sait plus quoi inventer pour essayer d’assassiner politiquement Fouad Siniora et faire plaisir à Damas. Le mazout, la 1559, les armes palestiniennes, le tracé des frontières libano-syriennes… le Hezb a la latitude de transformer tout et n’importe quoi, s’il le souhaite, en TNT, en prétexte, en tremplin à chaos, en matière à K.O. Malheureusement – ou heureusement – pour lui, le parti de Hassan Nasrallah n’avait pas prévu les glissements progressifs du plaisir de la libanisation. Du plaisir de dire non à ceux qui ont toujours pensé pouvoir tirer les ficelles à sa place. Il n’a pas prévu la détermination de la communauté internationale qui veut le voir désarmé, Sinn Féinisé. Il n’a pas prévu à quel point le soutien transcommunautaire des Libanais lui serait indispensable, à quel point ce n’est pas évident d’être désormais à côté d’une histoire-bulldozer. Ni la force tranquille de Fouad Siniora. Ni, aussi, le bonheur, certes pas toujours très simple, de participer à la prise de décision étatique ; les délices de la légitimité, de la conjugalité, du grand jour : Mohammed Fneich et Trad Hamadé n’en reviennent toujours pas de jouer, entre autres, aux Yvette reçoit, sous les lambris, même fatigués, de leurs ministères respectifs. Tempête sous un crâne : comment concilier l’irrémédiablement inconciliable ? Comment gérer ce qui ressemble de très près à une pathologique schizophrénie ? En rendant les armes, le Hezbollah acquerrait une liberté insoupçonnée. Hassan Nasrallah le sait. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que sa reconnaissance, c’est à l’intérieur qu’il devrait la manifester. Aux Libanais qui l’ont soutenu et qui continuent de le faire, contre vents et marées. Pas à Damas. Il est sans aucun doute intelligent, le sayyed, mais visiblement pas au point de ne plus croire au Père Noël. De cesser de continuer à miser frénétiquement, inconsidérément, après chaque course perdue, sur un canasson au pied du mur et en fin de parcours. Ziyad MAKHOUL

Quarante-sixième semaine de 2005.
C’est l’histoire d’un parti qui régnait en maître depuis mai 2000 sur la moitié méridionale du pays ; en maître et en armes. Et quoi qu’on en dise, il jouissait, grosso modo, bon gré mal gré certes, d’une espèce de halo, quelque chose d’indéfini, d’ultrabâtard, entre le consensus national, l’omerta, l’adhésion enthousiaste, la...